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La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry

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par Ericbert TAMBOU
Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011
  

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III. Perspective : Pour un humanisme de la finitude

Notre monde depuis le XVIIIe siècle, subit un énorme changement qui porte moins sur les valeurs elles-mêmes que sur leur statut. Nous sommes passés d'une morale transcendante ou religieuse à une morale immanente ou humaniste. L'image du mal est devenue la torture qui est considérée par notre époque comme le plus grand mal que l'on puisse faire à autrui. Et l'image du bien est celle de l'humanitaire parce qu'il n'y a rien de plus vertueux, à nos yeux, que de sauver une vie humaine ou de soigner un blessé ou un miséreux.

Cela signifie t-il que l'homme soit désormais dieu, comme le voudrait Luc Ferry ? L'humanisme qui convient à notre temps est un humanisme de la finitude, qui reconnaît ses limites et par humilité et lucidité renonce à les dépasser. Ces limites sont de trois ordres : limites naturelles, limites socio-politiques et limites métaphysiques ou spirituelles.

1. Limites naturelles de l'humanisme : l'écologie et la bioéthique

S'il est une nouvelle valeur apparue récemment, c'est bien l'écologie ; c'est une nouvelle valeur parce que c'est d'abord un nouveau problème. C'est parce que nos parents n'avaient pas les moyens de saccager la nature qu'ils n'avaient pas à se soucier de sa préservation. C'est parce que nous avons cette puissance et ces moyens, que l'écologie est devenue une valeur pour nous. L'écologie nous enseigne que « l'homme n'est pas Dieu »80(*), qu'il n'a pas tous les droits, qu'il fait partie de la nature dont il dépend et qu'il doit respecter. Bref, « l'humanisme n'est pas une religion »81(*), c'est une morale. Il n'est légitime qu'à condition d'accepter ses propres limites, qu'à condition que l'homme accepte qu'il n'est pas Dieu et renonce à avoir tous les droits.

C'est aussi ce qu'indique la bioéthique. Dieu est défini en philosophie comme étant la causa sui (cause de soi). C'est justement ce que l'être humain n'est pas et ne saurait le devenir. Modifier le patrimoine génétique de l'humanité, autrement dit se mettre au dessus de la nature, ce serait prendre la place de Dieu et c'est ce que la prudence, l'humilité et la lucidité nous interdisent de faire. A chaque fois que les hommes dans l'histoire de l'humanité ont voulu prendre la place de Dieu, cela a conduit à des désastres et des catastrophes.

2. Limites sociales et politiques de l'humanisme

Ce serait se tromper gravement que de croire que l'humanisme, même dans la société suffise à tout et spécialement qu'il tienne lieu de politique. La morale et la politique sont deux choses différentes, nécessaires toutes deux, mais qu'on ne saurait confondre ni réduire l'une à l'autre.

La morale humaniste fixe les fins ; la politique s'occupe surtout des moyens. La morale tend à être universelle, toute politique est particulière. La morale se veut désintéressée, aucune politique ne l'est. Comment la morale suffirait-elle à tout ? Les Droits de l'homme sont une grande chose, mais ne sauraient tenir lieu de politique.

Prenons comme exemple la générosité et la solidarité. Sur le plan moral, la générosité est bien supérieure parce qu'elle est désintéressée (ce que la solidarité par définition n'est jamais). Mais politiquement et socialement, la solidarité est beaucoup plus efficace car personne ne paye les impôts ou les taxes par générosité. La politique n'est pas affaire de générosité ; elle doit tendre vers la solidarité. Il ne s'agit pas de ne plus être égoïste (exigence morale, non politique), mais d'être égoïstes ensemble et intelligemment, plutôt que bêtement et les uns contre les autres. Il ne s'agit pas d'être des saints : il s'agit d'être solidaires. La société humaine fonctionne par intérêt car nous disons très souvent, « par manque d'intérêt, demain n'aura pas lieu. »82(*)

* 80 Philippe CAPELLE & André COMPTE-SPONVILLE, Dieu existe t-il encore ?, Paris, Cerf, 2006, p. 54.

* 81 Idem.

* 82 Czeslaw MILOSZ, Visions de la baie de San Francisco, Paris, Fayard, 1980, p. 122.

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