La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry( Télécharger le fichier original )par Ericbert TAMBOU Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011 |
3. Le sacré a-t-il un sens en dehors de la religion ?Dans son humanisme spiritualiste, Luc Ferry considère le sacré comme « ce pourquoi on pourrait se sacrifier ». Pour lui, le sacré s'est déplacé de l'ancienne transcendance verticale vers la nouvelle, la transcendance horizontale. Le sacré découle des expériences vécues de l'homme et est désormais pensé à partir de lui. Or contrairement à ce que pense Luc Ferry, « est sacré, nous dit Michel Meslin, ce qui est chargé de présence divine, mais est aussi sacré ce qui est interdit au contact des hommes. »76(*) Le sacré est ce qui contient et manifeste la présence divine. A travers le sacré, il y a une épiphanie du divin. C'est dire que le sacré est une expression de la religion car il est presque synonyme de celle-ci. Il « est toujours le lieu médiateur entre l'humain profane et le divin, parce qu'il est comme le retentissement, ou comme le reflet, du divin dans le monde de l'homme. »77(*) Le sacré (et avec lui le profane) en dehors de la religion ne peut se penser. En effet, le sacré, mais aussi le profane, sont deux catégories qui ne peuvent se définir et se comprendre que dans le cadre opératoire de la religion : il n'y a de sacré que par rapport à la religion. C'est verser dans l'idéologie que de considérer le sacré hors du cadre religieux. Parler du sacré hors de la religion c'est faire une vaine spéculation78(*). C'est la raison pour laquelle Rudolf Otto écrivait que, « le sacré est tout d'abord une catégorie d'interprétation et d'évaluation qui n'existe, comme telle, que dans le domaine religieux. »79(*) Parler du sacré à visage humain comme le veut l'humanisme de l'homme-dieu c'est en fin de compte reconnaître en l'homme l'épiphanie du divin. C'est la présence en l'homme du divin qui lui donne un caractère sacré. C'est donc parce que je reconnais ce caractère sacré de l'homme que je peux me sacrifier pour lui. Le sacré ne trouve tout sens que dans le cadre de la religion, laquelle se vit dans une relation avec la Transcendance. * 76 Michel MESLIN, L'expérience humaine du divin. Fondements d'une anthropologie religieuse, Paris, Cerf, 1988, p. 66. * 77 Ibid., p. 97. * 78 Dominique NDEH, Cours de philosophie de la religion, inédit, 2008-2009. * 79 Rudolf OTTO, Le sacré. L'élément non rationnel dans l'idée du divin et sa relation avec le rationnel, Paris, Payot, 1969, p. 19. |
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