La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry( Télécharger le fichier original )par Ericbert TAMBOU Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011 |
2. L'expérience spirituelle et mystique : autre voie de l'humanisationComme le souligne Luc Ferry, les disciples de Jésus étaient des gens simples, qui ont fait avec lui une expérience humaine, spirituelle et mystique extraordinairement profonde. Il est regrettable que Luc Ferry n'ait pas approfondi cette dimension dans son nouvel humanisme. Il n'y a pas que la réflexion philosophique ou l'expérience du beau, de la justice et de l'amour qui ouvre la voie à l'humanisation, il y a aussi l'expérience spirituelle et mystique. L'humanisation se fait aussi par une vie spirituelle. Avoir une vie spirituelle, cela humanise car celle-ci permet de se retrouver soi-même comme homme et ensuite comme homme parmi les hommes. Se retrouver soi-même comme homme : la spiritualité bouddhiste nous en fournit un bel exemple. Elle est une rencontre de l'homme avec lui-même, une sorte de catharsis, un processus de purification au bout duquel l'homme se dépouille de tous ses masques de laideur qui le déshumanisent pour coïncider avec son être authentique d'homme. Selon la spiritualité bouddhiste, l'homme vraiment homme c'est celui qui a atteint l'état d'éveil. « L'éveil permet à l'homme d'entrer dans le nirvana (illumination), puis d'atteindre à sa mort le parinirvâna (l'illumination mais avec dissolution complète des agrégats par la disparition des corps). »73(*) En disant se retrouver homme parmi les hommes, on met l'accent sur la relation de l'homme éveillé (vraiment homme) avec ses semblables. A ce niveau la spiritualité chrétienne nous en donne un témoignage. Elle invite à attester dans notre humanité le mystère de Dieu dans l'agapè des relations humaines. La philosophie chrétienne appelle à participer à l'invention d'une société humaine ; humaniser nous dit-elle, c'est aimer l'autre, c'est chercher la vie en l'autre, c'est écouter le cri de détresse des autres et ne pas rester indifférent, c'est approcher pour toucher du doigt leur souffrance, mettre fin au mal, à la douleur oppressante, redonner un peu d'humanité à ceux que les autres ou le mal avaient déshumanisé. L'objectif de toute vie spirituelle est la rencontre de l'autre en Dieu et de Dieu en l'autre74(*). L'humanisation du monde passe nécessairement par le chemin de la contemplation. C'est la raison pour laquelle Marie-David Giraud disait : « Pour être vraiment vivants, nous sommes appelés à dire oui au travail intérieur »75(*) c'est-à-dire à prier, à méditer de manière à ouvrir l'oreille de son coeur au monde déshumanisé pour lui redonner son éclat d'humain : c'est en cela que «le christianisme est un humanisme''. * 73 http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme. * 74 Panorama, n°358, Septembre 2002, p. 36. * 75 Ibid., p. 30-31. |
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