Image photographique, expression, communication et interactions orales en classe de français enseigné comme langue seconde d'hôte. Un atelier photographique réalisé au sein de l'association pour la solidarité avec les travailleurs immigrés d'Aix- en- Provence( Télécharger le fichier original )par Pablo Carreras Université Aix- Marseille ( IUFM ) - Master métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation 2012 |
1.2. S'exprimer, communiquer et interagir oralement en classe de langue1.2.1. Les enjeux de la communication et de l'expression verbalesUn message est dit verbal lorsque ce dernier est réalisé dans une symbolique écrite ou orale (Jakobson, 1963/1981). L'auteur élabore alors un schéma de la communication verbale mettant en exergue ses facteurs constitutifs et les fonctions afférentes. Index 01 : Schéma de la communication verbale par Roman JAKOBSON (Ibid.) Il y a, de ce fait, communication lorsqu'il y a transmission d'un message d'un sujet (destinateur) à un autre (destinataire). La compréhension du message sous-tend, par ailleurs, le partage partiel ou total, entre les différentes parties, d'un code commun. S'exprimer et communiquer tend à faire parvenir chaque individu à l'humain (Breton, 2003, p. 25), être social et socialisé pris, dès sa naissance, dans une dynamique de partage du monde avec l'autre. C'est, en effet, « dans les autres que l'expression prend son relief et devient vraiment signification » (Merleau-Ponty, 1960b, p. 53). En relation avec la pensée de BRETON et de MERLEAU-PONTY, la fonction expressive, définie par JAKOBSON, relative à l'émetteur du message, permet à chacun d'informer l'autre sur sa propre identité (Benveniste, 1974, p. 95), sur ses opinions et son être. Par l'expression d'une subjectivité explicite ou implicite (Kerbrat-Orecchioni, 1980/2009, pp. 167-170)3(*), le locuteur affecte son énonciation de marqueurs (tels les verbes subjectifs) qu'il lui importe d'échanger avec l'autre, et s'inscrit dans la réalité conative du discours (Ibid., pp. 113-132). Communiquer verbalement est, donc, un acte qui tend à dépasser les limites du soi et du pour soi pour s'intéresser à l'autre, qui transforme une dualité originelle en une possible union. HEIDEGGER (1959/1976) écrit, ainsi, que « parler n'est pas en même temps écouter ; parler est avant tout écouter » (p. 241). Les identités révélées se confrontent et se co-construisent alors dans une situation dialogique dont MERLEAU-PONTY (1945) narre les enjeux interpersonnels : « Dans le dialogue présent, je suis libéré de moi-même, les pensées d'autrui sont bien des pensées siennes, ce n'est pas moi qui les forme, bien que je les saisisse aussitôt nées ou que je les devance, et, même, l'objection que me fait l'interlocuteur m'arrache des pensées que je ne savais pas posséder, de sorte que, si je lui prête des pensées, il me fait penser en retour. » (p. 407) Relativement à sa fonction de communication (Vygotski, 1933/1985, p. 74), le langage verbal fraie un chemin (Heidegger, Ibid., p. 183) vers l'autre, avec qui il est, dès lors, possible d'entrer en relation et de partager ses représentations. L'être entier s'engage alors dans l'acte de parole qui, déployé, « épanouit l'ensemble de la personne » (Breton, 2003, p. 54). Néanmoins, l'engagement dans une situation de communication et d'expression verbales dans une langue étrangère impose aux individus un travail langagier et identitaire supplémentaire. Ces derniers doivent, en effet, dépasser les contraintes syntaxiques et lexicales de la langue cible (Vigner, 2009, p. 104) ; ils doivent également dépasser ce que CHAOUITE (2008) nomme « l'altérité secondaire », soit « l'altérité d'une seconde langue qui potentialise [...] l'identité des sujets dans une autre langue, la diffracte dans une dualisation de la mémoire (des mots et des traces) tout en la soumettant à une quête de son unité » (p. 67). * 3 Par la subjectivité explicite, « j'informe autrui de ce que je pense de l'objet en question », « l'évaluation est ouvertement rattachée à une source évaluative individuelle ». Par la subjectivité implicite, « j'informe autrui d'une des propriétés (qui me semble être caractéristique) de l'objet », « l'évaluation est détachée du locuteur, ce qui produit un effet d'objectivité. » |
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