5.2.2. De l'usage directe de
l'analogie avec d'autres images
Face à la réception de ces photographies
jusqu'alors inconnues, les apprenants mobilisent leur mémoire visuelle
et tentent de dresser des parallèles avec d'autres images
présentes dans leur répertoire mental. Les extraits suivants
permettent de distinguer deux types d'analogie reliant la photographie
Juste avant le sourire aux films d'horreur et à d'autres
oeuvres picturales.
· L'analogie avec les films d'horreur
Index 21 : Exemple n°18
225
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Amina
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mort-vivant
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229
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Amina
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c'est des morts-vivants
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231
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Amina
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non c'est les vamp- + les gens + dans les dans les
clips de Michael Jackson maintenant ils sortent du cimetière
(rires)
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284
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Amina
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c'est un masque
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287
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Amina
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un masque de bois
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295
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Amina
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oui tu sais les vieilles arbres là dans
les +
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297
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Amina
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ancienne arbre + il était
morte il était très très très vieille
arbre + il était morte maintenant il a
pris une + comment s'appelle une partie: du bois elle a fait
un trou et fait masque + un masque + je sais pas ?
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301
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Amina
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c'est un vampire
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309
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Amina
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oui + c'est un mort + vampire
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312
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Amina
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c'est comme un vampire
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321
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Amina
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oui dans + quand on regarde les films dans le truc
comme ils vont faire mort-vivant le cimetière il voulait faire comme
ça peut-être ?
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339
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Amina
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ça + attends + souvent quelqu'un qui est
mort longtemps + il a pris son tête
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342
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Amina
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ou quelqu'un ou les animaux avant tu sais là
ils vont montrer le tête et vont mettre
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345
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Amina
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il a pris la tête
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L'apprenante s'appuie sur l'aspect monstrueux du personnage
pour construire son analogie. Elle y décèle la présence
d'un visage glauque qui n'a plus rien d'humain
(« mort-vivant », « c'est des
morts-vivants », TP 225-229). Elle compare alors le protagoniste de
l'image aux zombies du clip Thriller de Michael JACKSON (TP
231). Plus tard, elle reprend les idées du masque (TP 284) et de la
texture boisée (TP 287), précédemment émises par
d'autres participants, et les approfondit (TP 295-297). La construction de son
analogie se révèle perturbée par la difficulté
à caractériser le sujet et ses motivations (« un
masque, je sais pas », TP 297 ; « il voulait faire
comme ça peut-être », TP 321), problématique
centrale pour l'ensemble du groupe. Tout au long de l'étude de l'image,
l'individu prend, ainsi, diverses identités : un mort-vivant
sortant d'un cimetière (TP 225-229-231-321), une personne portant un
masque taillé dans du bois mort (TP 297), un vampire (TP 301-309-312) et
un cadavre (TP 309-339). Cela tranche avec ses interventions
précédentes, plus spontanées, mais le problème
suscité l'invite à fournir un effort d'expression plus fort et
plus long. Elle clôt finalement sa pensée dans un renvoi à
une scène macabre où fossoiement de tombes et décapitation
post mortem se côtoient (TP 339-342-345). Celle-ci renvoie
explicitement à une imagerie filmique (« quand on regarde les
films dans le truc comme ils vont faire mort-vivant le
cimetière », TP 321) morbide
et horrifique dans laquelle elle veut ancrer, depuis le début, son
énonciation. De par son aspect non conventionnel et orignal, cette
solution fait preuve d'un réel désir d'expression
langagière et d'un sens personnel créatif inédit et
certain.
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