· L'approche sensible
Index 18 : Exemple n°15 (Carin en
réaction à l'image Tristes gosses)
122
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Carin
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[...] si il est sur une bombe parce que il a un
problème et si on fait rien après après
(petit rire) + il va avoir plus de
problèmes
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126
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Carin
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non non psychologiquement je voulais dire
?
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Index 19 : Exemple n°16 (Carin en
réaction à l'image Le
Désespéré)
157
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Carin
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oui je pense qu'il il a passé quelque chose de
horreur qu'il a vu ou qu'il a fait peut-être c'est un
révolutionnaire qui qui a + tué
quelqu'un + il se sent pas + il se sent très::
+ +
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159
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Carin
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je pense peut-être qu'il a tué quelqu'un
sans sans sans le voul-
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161
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Carin
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vouloir il + + il a de sentiment
de:: peur de regret + hum + + je pense qu'il va + +
qu'il va être (doucement) fou:
(petit rire) + +
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164
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Carin
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oui il va devenir fou + parce qu'il se sent pas bien
du tout psychologiquement ?
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Dans les deux cas proposés, Carin, s'intéressant
davantage au fond qu'à la description formelle de l'objet, tend à
se focaliser sur les états émotionnels (la violence, la peur,
l'horreur, la folie, le regret) des sujets représentés. Elle
place son expression sur le champ d'une détresse psychologique (la
double occurrence de l'adverbe « psychologiquement »,
TP126-164) qui les accable et les dépasse comme le soulignent ses
énoncés : « si on ne fait rien [...] il va y avoir
plus de problèmes » (TP 122) ; « sans le
vouloir », « il va être fou »,
« il va devenir fou » (TP 161-164). L'apprenante
témoigne, ainsi, de sa vision intérieure et sensible de telles
représentations picturales.
· La référence à soi
Index 20 : Exemple n°17 (Vince en
réaction à l'image Le
Désespéré)
201
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Vince
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euh moi parfois quand j'ai un
couchemar quand je me lève je je me présente
comme ça dans la glace ah c'est pas vrai c'est pas vrai + + et
les yeux parlent ça + + quand j'arrive et je tiens les
chevaux
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Vince se projette dans l'oeuvre et commente l'attitude du
Désespéré en lien avec son vécu similaire
de la sortie d'un cauchemar (« quand j'ai un couchemar »,
TP 201). L'homme n'est plus caractérisé, il est un homme simple
pris dans la torpeur du réveil à l'instar de tout un chacun,
à l'instar de Vince, locuteur et sujet pensant, qui se
réfère à ses émotions personnelles pour
créer un sens à l'image. Il articule alors son énonciation
autour du « je » (cinq occurrences, hors
reformulations).
Qu'ils fassent preuve, selon leur personnalité,
d'intentions narratives, d'approches poétiques et sensibles ou
d'introspections, les apprenants s'expriment, communiquent et créent
oralement en français. Ces exemples témoignent de leur
application à élaborer, chacun à leur manière et
dans une récurrence des thématiques qui leur est propre, une
expression orale non conventionnelle, construite pour répondre aux
interrogations posées par le support image. Ainsi incités par la
quête de sens, ils improvisent, inventent et se risquent à la
création d'histoires originales ou intimes en français, ils
jouent avec leurs idées, mettent des mots sur leurs émotions et
se placent dans un rapport structurel avec la langue cible. Notre cadre
théorique précise qu'une telle dynamique d'expression personnelle
créative permet l'appropriation de données langagières.
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