· La dimension humoristique initiée par les
apprenants
Tout au long de la séance,
les apprenants ponctuent leurs énoncés de plusieurs remarques
humoristiques. Trois plaisanteries peuvent être observées dans
l'extrait suivant.
Index 13 : Exemple n°10
195
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Vince
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euh je crois moi je pense qu'il a vu cette photo
là (désigne et montre sa photographie)
(rires)
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196
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As & P
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(rires)
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197
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P
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[...] on fait un diptyque (met les images face
à face puis côte à côte)
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199
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Carin
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« c'est moi ça »
?
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200
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P
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avant après
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201
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Vince
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euh moi parfois quand j'ai un couchemar
[...]
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202
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Amina
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XX ton cauchemar tu m'appelles comme ça
(petit rire)
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En reliant les deux photographies, Vince initie, en
l'espèce, l'introduction d'une plaisanterie, qui joue sur le verbal et
le non-verbal (TP 195), et provoque un éclat de rire
généralisé (TP 196). Nous n'éludons nullement son
intervention et préférons rebondir sur sa pertinence (TP 197).
Carin poursuit dans ces deux mêmes directions et imagine la
réaction du Désespéré qui se
découvre sous les traits du personnage de Juste avant le sourire
(TP 199) ; nous réagissons de la même manière
qu'auparavant (TP 200). Enfin, Amina raille explicitement Vince lorsque ce
dernier fait référence à ses cauchemars pendant son
analyse de l'image n°3 (TP 202). Par l'usage de l'humour, les participants
se libèrent et livrent leurs représentations du monde et de
l'instant ; ils s'expriment en tant que sujets sociaux et destinent
leur(s) remarque(s) directement à leur(s) interlocuteur(s). Ils
témoignent de leur confiance dans la relation de groupe et de leur
intérêt quant à la relation plurielle d'interaction et de
communication avec l'autre.
· La recherche du lexique initiée par les
apprenants
Les apprenants, par le questionnement sur le lexique,
témoignent de leur intérêt vis-à-vis de la langue
cible et s'engagent délibérément dans la dynamique d'un
apprentissage métalinguistique.
Index 14 :
Exemple n°11
006
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Nadine (à Junko)
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[...] c'est une maison athée hein
? euh han- +
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010
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Junko
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c'est quoi athée ?
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011
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Nadine
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c'est quelqu'un qui croit pas en Dieu
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012
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Junko
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ah (petit rire) c'est la maison athée
alors on commence comme ça
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021
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Vince
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le cave en bas ? + Pablo + qu'est-ce le contraire de
le cave le cave en bas ? c'est quoi le ?
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022
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P
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[...] le grenier
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076
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Vince
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[...] quand j'ai vu + une maison avec les lumières
allumées dans le grenier j'ai pensé aux
fantômes
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Junko réagit à un terme nouveau dont elle ignore
le sens (TP 10). Une fois défini par sa partenaire (TP 11), elle
s'empresse de le réutiliser (TP 12). Vince nous interroge directement
sur le « contraire de le cave en bas » (TP 21) et
réutilisera le mot « grenier » au moment de sa prise
de parole (TP 76). Il y a, chez les deux apprenants, une remobilisation
spontanée et contextualisée de ce vocabulaire inédit,
nécessaire à une mise en forme juste de leur pensée quant
au sens de l'image.
Nous notons, finalement, que l'émergence de telles
situations de communication et d'interaction est révélatrice d'un
contexte : une classe de langue composée d'adultes autonomes et
alertes, produits d'expériences sociales et culturelles variées.
Notre cadre théorique nous permet également de préciser
que ces différents phénomènes participent à
l'appropriation de données et de moyens de communication dans la langue
cible, en l'occurrence le français.
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