1.1.3. Taux de Change Réel (TCR) comme une
mesure de compétitivité
Dans la pratique, l'approche structurelle du taux change
réel, en terme de prix relatif des biens échangeables par rapport
aux biens non échangeables, ne coïncide pas avec la notion de taux
de change réel généralement retenue par les praticiens.
Ceux-ci s'inscrivent davantage dans la tradition de la modélisation
empirique néo-keynésienne. Ils s'intéressent donc au taux
de change réel, non pas en raison de sa capacité à
décrire les incitations à allouer les ressources entre le secteur
des biens échangeables et celui des biens non échangeables, mais
parce qu'il constitue un indicateur de la compétitivité globale
d'un pays et conditionne de ce fait son "équilibre extérieur".
Ainsi, on s'intéresse le plus souvent au taux de change réel,
parce qu'il constitue un indicateur de la compétitivité d'un
pays, qui conditionne l'orientation de la demande vers la production domestique
ou étrangère, et non parce qu'il rend compte de l'allocation des
capacités de production domestiques entre biens échangeables et
biens non échangeables. La variable d'intérêt est donc
simplement le rapport usuel d'un indice global de prix étranger à
un indice domestique comparable, exprimés tous deux dans une monnaie
commune :
(1)
Où E représente le taux de change nominal, P* le
prix des biens échangeables et P celui des biens non
échangeables.
Les deux notions de change réel (macroéconomique
et équilibre général) sont ainsi fondamentalement
différentes. Elles peuvent être reliées l'une à
l'autre, mais pas de manière univoque. Plus précisément,
si á représente la part des biens non échangeables dans le
panier de biens domestiques, le prix domestique s'écrit :
Soit
(2)
De façon analogue, si â représente la part
des biens non échangeables dans le panier des biens étrangers, on
peut écrire :
(3)
En faisant l'hypothèse de la loi du prix unique
vérifiée pour tous les biens échangeables, la relation
devient :
(4)
A partir de ces deux relations, on peut écrire le taux
de change réel en termes de rapport des indices de prix étrangers
et domestiques :
(5)
Il apparait donc que, même dans le cas où
l'hypothèse de la loi du prix unique est vérifiée pour les
biens échangeables, les deux taux de change n'entretiennent une relation
simple qu'à la condition que le prix relatif des biens
échangeables vis à vis des biens non échangeables
étrangers reste constant. Dans ce cas, le rapport des indices de prix
domestiques et étrangers est proportionnel (en logarithme) au taux de
change réel évalué comme le prix relatif des biens
échangeables. En toute rigueur, le taux de change réel
étranger (TCR*) n'a pas de raison de rester constant.
L'hypothèse de petit pays permet néanmoins de
considérer que le taux de change réel étranger est
exogène, si bien qu'en variant les deux taux de change réel
évoluent parallèlement. En pratique, les comportements de marge
des exportateurs et la différenciation des produits dans un contexte de
concurrence imparfaite sont à l'origine d'écarts à la loi
du prix unique pour les biens échangeables.
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