Fondamentaux du taux de change réel et mésalignements du franc CFA dans l'UEMOA( Télécharger le fichier original )par Kwami Ossadzifo WONYRA Université de Lomé Togo - Master en économie internationale 2012 |
Chapitre 2: Théorie du taux de change et de son mésalignementCe chapitre est consacré d'abord à la définition et à la mesure du concept du taux de change réel, un indicateur clef dans les relations commerciales entre nations, et ensuite sur le concept de mésalignement qui capte les distorsions du taux de change réel d'une monnaie par rapport aux autres devises. I. Revue théorique1.1. Taux de change réel : concepts et mesure1.1.1. Définition du conceptLe taux de change réel (TCR) est un concept théorique pour lequel il existe deux grandes définitions : ü la première émane de la théorie de la parité de pouvoir d'achat (PPA) et la seconde, de la théorie du commerce international (Edwards, 1988, 1989) ; Hinkle et Montiel, 1999). La première définit le TCR externe d'un pays donné comme son taux de change nominal (nombre d'unités de monnaies étrangères pour une unité de monnaie nationale) corrigé du différentiel entre son niveau de prix et celui des autres pays (rapport des indices des prix, exprimés dans une monnaie commune, à l'étranger et dans le pays). Le TCR externe mesure ainsi le prix relatif d'un même panier de biens, localement et à l'étranger ; il s'apparente à un indicateur de compétitivité externe. Une augmentation relative de l'indice des prix dans le pays concerné correspond à une appréciation du TCR externe. ü La seconde définition est issue de la théorie de l'économie dépendante de Salter-Swan et s'applique aux petits pays "preneurs de prix (price takers)", cas de nombreux pays en développement. Elle définit le TCR, dit interne, comme le rapport au sein d'un même pays des prix domestiques des biens échangeables et des biens non échangeables internationalement. Ce prix relatif est un indicateur de compétitivité interne, à savoir des incitations internes qu'a une économie à produire des biens échangeables plutôt que des biens non échangeables (sous la loi du prix unique, la compétitivité interne implique également et automatiquement la compétitivité externe). Une augmentation du prix relatif des biens échangeables correspond à une dépréciation du TCR interne. Quelle que soit la définition utilisée, le TCR est un indicateur réel et non pas monétaire. 1.1.2. Le taux de change d'équilibre : une approche macroéconomiqueIl existe en général deux principales théories du taux de change réel d'équilibre : la première approche repose sur un modèle d'équilibre général inter temporel à deux secteurs ; elle définit le taux de change réel d'équilibre comme le prix relatif des biens échangeables par rapport aux biens non échangeables. D'un point de vue théorique, elle est la plus achevée mais est cependant complexe à mettre en oeuvre empiriquement9(*). La seconde approche, que nous utiliserons dans le cadre de notre travail est plus macroéconomique et définit le taux de change comme un indicateur de compétitivité ; son niveau d'équilibre permet d'atteindre l'équilibre externe tout en étant compatible avec l'équilibre interne. Le calcul empirique dans ce cas est plus aisé et s'appuie sur les mécanismes les plus robustes inscrits dans les modèles macro économétriques. La notion de taux de change réel d'équilibre est définie par Edwards (1989) et est relative à certains agrégats (flux internationaux de capitaux, termes de l'échange, politique commerciale, niveau et composition de la dépense publique, progrès de productivité, etc..). Le taux de change réel d'équilibre est ainsi déterminé uniquement par ses fondamentaux. En revanche, le taux de change réel courant répond également à court et moyen termes aux variations de politiques macroéconomiques. Lorsque le taux de change réel courant dévie sensiblement de son sentier d'équilibre, on parle de mésalignement (sous ou surévaluation) du taux de change réel. Un tel mésalignement peut être engendré par des politiques macro-économiques (politique monétaire/budgétaire et de change) inadéquates, menant le plus souvent à une surévaluation du taux de change réel et, ce faisant, à une perte de compétitivité-prix. * 9 Cette difficulté est relative au non disponibilité des données sur les prix des biens non échangeables dans les pays en développement. |
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