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Fondamentaux du taux de change réel et mésalignements du franc CFA dans l'UEMOA

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par Kwami Ossadzifo WONYRA
Université de Lomé Togo - Master en économie internationale 2012
  

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1.2. Concept de mésalignement

On distingue deux types de mésalignement du taux de change réel :

(i) Le mésalignement d'origine macroéconomique se réalise lorsque le taux de change réel observé s'écarte de sa valeur d'équilibre ceci dû aux incohérences entre les politiques macroéconomiques et le système officiel du taux de change nominal.

(ii) Le mésalignement structurel, se réalise lorsque les variations des valeurs soutenables de long terme des fondamentaux du taux de change réel d'équilibre ne sont pas transformées en variation du taux de change réel observé dans le court terme. Une détérioration externe des termes de l'échange d'un pays par exemple aura un effet sur le taux de change réel car un prix relatif élevé des échangeables conditionnerait le maintien de l'économie à l'équilibre. A moins qu'il n'y ait un ajustement du taux de change réel observé pour refléter cette variation du taux de change réel d'équilibre, le taux de change réel sera donc dit "structurellement désaligné" ceci à cause du choc sur les termes de l'échange.

Une question assez importante par rapport au mésalignement structurel est de savoir si les variations des fondamentaux du taux de change réel d'équilibre sont perçues comme étant temporaires ou permanents ; les changements temporaires de ces fondamentaux, telle par exemple une détérioration temporaire des termes de l'échange pourrait parfois significativement éloigner le taux de change réel de son niveau d'équilibre (Edwards 1986). Ces déséquilibres de court terme peuvent le plus souvent se résorber à l'aide des politiques assez spécifiques tels l'accumulation des réserves internationales ou encore l'utilisation de certaines facilités compensatoires du Fond Monétaire International par exemple. Evidemment, le problème principal à ce niveau réside dans la reconnaissance même de l'essence temporaire de ces chocs.

Les distorsions de long terme du taux de change ou encore mésalignement peuvent, contrairement à la volatilité, être à l'origine de perturbations de l'économie beaucoup plus importantes. En effet, étant donné que le taux de change est un prix relatif, de longues déviations de celui-ci par rapport à une tendance d'équilibre altèrent les signaux des marchés, modifient les prix relatifs internes et induisent des coûts d'ajustement importants, qui pourraient être évités pour des valeurs du taux de change proches de l'équilibre. Dans le cas d'un pays donné, les coûts de distorsions durables de son change sont assez faciles à repérer: chômage accru en cas de surévaluation et, au contraire, inflation en cas de sous-évaluation. Ceci étant, de tels effets premiers ont tendance à se compenser entre pays, en ce sens que plus de chômage pour un pays se traduit par moins de chômage pour un autre. Il existe pourtant certains coûts résultant des distorsions des changes qui perturbent les économies d'une manière plus fondamentale, c'est-à-dire qui provoquent des biais durables dans les comportements et la production, et induisent d'importants coûts d'ajustement. Williamson (1985) distingue donc six coûts de ce genre, dont la plupart sont susceptibles d'intervenir alternativement. Il s'agit des couts liés aux fortes perturbations de la structure optimale de la consommation, aux ajustements pour rétablir l'équilibre, à l'inflation, au chômage, au déficit de la balance commerciale et ceux liés à la réallocation des ressources.

Les distorsions du change peuvent entraîner de fortes variations de la consommation interne. En effet, la consommation anormalement élevée pendant une période de surévaluation aboutit à des déficits de la balance commerciale ; la dévaluation nécessaire en rétablissement de l'équilibre, produit une contraction brusque de la consommation qui est généralement mal acceptée, conformément à la théorie du "cycle de vie". Il y aurait ainsi alternance de phases d'expansion et d'austérité, ce qui induit des perturbations dans la structure optimale de la consommation. Elles entraînent des coûts d'ajustement considérables. Une surévaluation ou sous-évaluation provoque le changement des prix relatifs entre les produits du secteur exposé et ceux du secteur abrité, ce qui à son tour produit une réallocation de ressources entre ces deux secteurs. Cette réallocation génère un processus d'ajustement long et coûteux en termes de capital productif, mais encore plus en termes de reconversion de la main-d'oeuvre, d'où le chômage, qui résulte de la lenteur des ajustements rendus nécessaires par les distorsions. Quand une surévaluation excessive provoque la restructuration de secteurs industriels entiers, comme ce fut le cas des Etats - Unis au début des années quatre-vingt, le chômage est une voie inévitable pour une grande partie de la main d'oeuvre concernée, même dans ce pays où la mobilité est élevée.

Les distorsions de chômage entraînent aussi des difficultés d'ajustement de la capacité productive. En effet, dans un environnement incertain, les firmes n'ont pas d'éléments qui leur permettent de juger du caractère temporaire ou non de la distorsion et par conséquent de prendre les décisions adéquates concernant l'investissement et la capacité productive optimale. Une monnaie surévaluée va pousser les firmes à abandonner les activités qui ne sont plus rentables ce qui, à partir d'un certain seuil, provoquera au niveau national la disparition de larges secteurs d'activité, (une désindustrialisation) secteurs qui ne bénéficiaient pas d'avantages comparatifs forts. Tel fût le cas des Etats-Unis et du Royaume-Uni au début des années quatre-vingt. Du côté des prix, on observe qu'une alternance de sur- et sous-évaluation provoque un rythme d'inflation supérieur, toutes choses égales par ailleurs, à celui obtenu à taux de change réel constant. Il est observé empiriquement (Goldstein, 1980) que, pour des raisons de comportement des salaires réels, une dépréciation fait monter les coûts salariaux beaucoup plus qu'une appréciation les aurait fait baisser, ce qui implique dans ce cas une accélération du rythme d'inflation.

Enfin, les mésalignements peuvent entraîner des pressions protectionnistes. La surévaluation tend en effet à générer de fortes pressions protectionnistes qui, ce qui est plus grave, ont tendance à se maintenir même après le retour à une situation plus équilibrée.

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