B. Acteurs indirects
En termes d'acteurs indirects, il s'agit des intervenants qui
se posent en satellites autour de la bulle que forme les trois principaux
producteurs, acteurs directs. Quels peuvent être leurs domaines
d'intervention dans le cadre de la production de la banane dessert ? Telle
est la question à laquelle nous apporterons réponse au long de ce
point.
1. Etat Camerounais
L'Etat camerounais à travers ses ministères
techniques, a un droit de regard sur les activités de la filière
en ce sens qu'elle lui permet de résorber la question importante du
chômage qui sévit au sein de la population camerounaise. Son
intervention consiste donc essentiellement en la mise en place des conditions
favorables à même d'assurer la pérennité de la
filière. Bref, une sorte de partenariat gagnant - gagnant entre les
investisseurs dans cette activité agricole et l'Etat du Cameroun pour le
bien- être des populations bénéficiaires. Ces
ministères à proprement parlé jouent un rôle de
facilitateur en termes d'appuis administratif, financier, politique,
économique et stratégique nécessaires au bon
fonctionnement de la grosse machine de production de la banane dessert
camerounaise.
MINEPAT
Le Ministère de l'Economie, de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire (MINEPAT) cumule sa fonction de Ministre
avec celle d'Ordonnateur National du FED (O.N). Il est appuyé dans cette
deuxième fonction par un service détaché, la Cellule
d'Appui à l'Ordonnateur National (C.A.O.N).
L'ordonnateur national est un haut
responsable de l'Administration désigné par le gouvernement de
chaque Etat ACP et dont celui du Cameroun est son Ministre de l'Economie, de
la Planification et de l'Aménagement du Territoire. Ce dernier
reçoit délégation de pouvoir du Chef de l'Etat pour signer
avec l'UE le document de stratégie pays dans le cadre de la
coopération pour une période de cinq années. Il
représente également les autorités de son pays et est le
maître d'ouvrage pour toutes les activités financées par le
fonds de coopération et géré par la Commission
Européenne dont le programme ATF au Cameroun. Enfin, l'Ordonnateur
national assume au plan administratif, technique et financier les tâches
liées à la gestion des programmes du budget de l'Union
Européenne et des projets FED.
La Cellule d'Appui à l'Ordonnateur national
(C.A.O.N). Elle a un statut de projet et joue
le rôle d'interface et de facilitateur entre la Délégation
de l'Union Européenne, l'Ordonnateur National et les ministères
techniques. Elle aide l'Ordonnateur national dans l'ensemble de ses missions,
(promeut les bonnes pratiques tout au long du déroulement du cycle d'un
projet) en vue d'améliorer la qualité et l'efficacité de
l'aide européenne au Cameroun.
MINADER
Le Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural, Ministère de tutelle de la filière, a
pour rôle de garantir les meilleures conditions de production de ce fruit
en validant la qualité et la nature des pesticides, en contrôlant
leur entrée sur le territoire camerounais et enfin en opérant des
inspections phytosanitaires à l'exportation des fruits. Ce
Ministère participe également à la gestion de la
CDC en tant que Ministère de Tutelle à travers sa
présence au Conseil d'administration de ladite entreprise.
MINCOMMERCE
Le Ministère du Commerce a pour rôle la
défense des intérêts de la banane camerounaise
auprès des hautes Instances Internationales telles que la Commission
Européenne et l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). En outre, il
joue un rôle de conseil au niveau de la conduite des transactions
commerciales internationales (respect des Conventions avec les marchés
national et international) et intervient de manière active à
la gestion des Accords de Partenariat Economique (APE).
MINFINANCE
Nous ne saurons manquer de parler de l'action du
Ministère des Finances qui porte sur l'attribution de facilités
fiscales, d'appuis au financement et enfin sur l'élaboration des
Conventions de Financement.
En ce qui concerne les ministères techniques, ce qui
est intéressant de relever c'est le simple lien de collaboration qui
existe entre lesdits ministères. Ces dernières intervenant
chacune auprès des producteurs selon la limite définie au
préalable.
ASSISTANCE TECHNIQUE A LA FILIÈRE
BANANIÈRE
Dans le cadre de la filière bananière,
l'Assistant Technique à la Filière Bananière d'Exportation
(ATFBE) assure plusieurs missions distinctes mais qui poursuivent le même
objectif : aider les producteurs dans leurs efforts de
compétitivité.
D'abord, il y a une analyse
stratégique pour aider à identifier les problèmes
futurs et trouver les solutions d'anticipation par le biais des
comités de suivi organisés. Ensuite, une mission d'appui
à la promotion de la filière
bananière camerounaise (le choix des variétés ou
encore le choix du conditionnement).
A ces deux premières missions s'associent des missions
telles que l'appui à la programmation et à la
planification de l'utilisation des aides communautaires (identifier
les actions les plus pertinentes à conduire) ou encore l'appui
à la bonne gestion des fonds communautaires qui consiste
à faire respecter certains principes de gestion telles la passation des
marchés, l'engagement, le décaissement et la justification des
fonds (hors gestion de fonds privés). Enfin, l'Assistant Technique doit
faciliter les concertations entre les acteurs au
bénéfice de l'ensemble de la filière, la communication et
le partage de l'information (créer un bon climat de confiance et
permettre à chacun d'avoir les mêmes informations).
En somme, l'Assistant Technique Banane a un devoir
d'information et d'assistance technique permanentes auprès de l'Etat
à travers ses ministères techniques, de la
Délégation de l'Union Européenne et des producteurs avec
lesquels il travaille régulièrement. De même qu'en
collaboration avec le CARBAP, il réfléchit sur les projets
d'études à mener au sein de la filière dans le cadre de la
recherche des moyens de lutte contre les maladies qui s'attaquent aux
bananiers. Lesquelles peuvent sérieusement compromettre tant la
qualité du fruit que les tonnages à exporter quand nous savons
que selon les conclusions de la Stratégie actualisée de la
filière, la compétitivité pour être
réalisée, le Cameroun a besoin d'exporter 500 000 t/an au
minimum. En réduisant donc ces différentes infestations, le pays
se donne des chances d'atteindre ce tonnage minimum.
2. Acteurs non étatiques
Ces acteurs officient au sein de la filière mais
possèdent en eux- mêmes un statut particulier. Il s'agit de la
Délégation de l'Union Européenne (D.U.E), de l'Assobacam
et du Centre Africain pour la Recherche sur Banane et Plantain (CARBAP).
Délégation de l'Union
Européenne
Depuis 1958, la coopération entre l'Europe et le
Cameroun, se fait en parfaite symbiose avec les priorités de
développement du pays. La Délégation de l'Union
Européenne au Cameroun est dirigée par un Chef de
Délégation qui est le trait d'union local entre la
Commission Européenne et les autorités nationales. Ce dernier
coopère et travaille en étroite collaboration avec l'Ordonnateur
National. Il définit la stratégie des politiques sectorielles. Il
prépare, instruit et évalue les programmes, les projets du FED et
du Budget. En outre, le Chef de Délégation accompli toutes les
missions en rapport avec la gestion du cycle de financement du FED. Il est
assisté dans ses tâches dans le cadre exclusif de la
filière banane considérée ici, par des organes
spécifiques. D'une part, la Section Développement Rural et
Société Civile. Cette section soutient tous les projets
relatifs à la gestion des ressources en eau, à l'élevage,
aux micro- réalisations, à la coopération
décentralisée, aux PME, à la recherche dans les domaines
de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche. D'autre part, la
Section Finances et Contrats. Cette dernière gère quant
à elle, le suivi des contrats de subvention signés avec les
différents bénéficiaires des fonds de la D.U.E et
particulièrement dans le cadre de notre thématique, le suivi des
contrats de subvention signés avec les producteurs de banane via les
conventions de financement qui lient le Gouvernement camerounais à
l'Union Européenne.
Association Bananière du Cameroun
L'Association Bananière du Cameroun (ASSOBACAM)
assure la représentation et la défense des
intérêts des producteurs de banane dessert vis-à-vis des
tiers et des pouvoirs publics nationaux ou étrangers.
Créée le 17 février 1988, après la
dissolution de l'ex Organisation Camerounaise de la Banane (OCB) et
régie par la loi n° 90/053 du 19 décembre 1990, l'ASSOBACAM
regroupe les producteurs industriels de banane du Cameroun. L'ASSOBACAM est
composée de CDC/Del Monte Cameroun, des Plantations du Haut Penja (PHP)
et de la Société des Plantations de Mbanga (SPM). BANACAM est le
nom de la représentation en Europe installée à Rungis
(France).
Les missions de l'Association sont multiples entre autres
l'étude, la mise en oeuvre et le suivi de toutes les opérations
propres à favoriser l'exportation et la compétitivité des
bananes du Cameroun. La recherche de financement et d'aides au
développement auprès de tout organisme national, étranger
ou international ou encore la compilation des informations statistiques
d'exportation.
Enfin, l'ASSOBACAM travaille conjointement avec la D.U.E avec
qui elle signe des contrats de subvention avec pour objet un appui au
fonctionnement, appelés "Devis Programmes".
CARBAP
Le Centre Africain de Recherches sur Bananiers et Plantains
(CARBAP) a été créé le 1er
février 2001 par un accord intergouvernemental (Cameroun, Centrafrique,
Gabon, Guinée Équatoriale, République Démocratique
du Congo) sous l'égide de la Conférence des Ministres de la
Recherche- Développement des pays de l'Afrique Occidentale et Centrale
(COMRED/AOC). La Direction du CARBAP est basée à Njombé
(75 km de Douala) avec une annexe administrative à Douala.
L'objectif poursuivi par le Centre est l'amélioration durable des
systèmes de production, de conservation et de transformation et
faciliter l'accès à l'information sur la commercialisation des
bananes et bananes plantains en Afrique Centrale et Occidentale. Il mène
aussi des actions de recherches, de formation et de communication-information.
Il bénéficie d'un appui financier de l'U.E et d'une assistance
technique, notamment avec le CIRAD.
Pour terminer, nous dirons que le CARBAP intervient depuis
quelques années sur la banane dessert pour laquelle il mène des
études de recherches en signant des contrats de services soit
directement avec la D.U.E (études inclues dans les Conventions de
Financement ATF 2000, 2001 et 2005), soit avec l'ASSOBACAM (inclues dans les
contrats de subvention de l'Assobacam, cas de l'ATF 2002) ou encore directement
avec l'un des producteurs en fonction de leurs besoins.
Pour une harmonisation d'idées et d'actions, un
Comité de suivi a été mis en place. Ce Comité de
suivi composé des membres sus- cités, à l'exclusion du
CARBAP, est une cellule de réflexion dont le rôle est d'assurer le
suivi des contrats de subvention, de traiter des questions telles que la
répartition des subventions entre les 3 producteurs, la
résolution des problèmes ponctuels auxquels la filière
(les 3 producteurs) fait face et enfin débattre de l'avenir de celle-ci.
En réunion autour d'une même table les ministères
techniques, la D.U.E, l'Assobacam, les représentants des
sociétés de plantations et l'Assistant Technique visent ainsi une
réactivité impérative dans le traitement des
imprévus qui surviennent. La schématisation de ce circuit
relationnel entre différents acteurs directs et indirects est faite
à la page suivante du présent mémoire.
Figure 1 : Schéma
relationnel au sein de la filière bananière camerounaise
L'ETAT
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