CONCLUSION DU CHAPITRE
II
71. Jusqu'à une certaine
époque, la prestation libérale était fortement empreinte
de considérations personnelles. C'est ce qui justifiait l'obligation qui
était faite au praticien d'exécuter personnellement et
individuellement la prestation, donc de ne pas confier cette exécution
à un tiers. Mais pour plusieurs raisons, cette conception a
été remise en cause, entraînant les praticiens
libéraux à se regrouper.
Entre autres raisons très souvent
évoquées, on cite non seulement le désir qu'ont les
praticiens de se repartir les charges inhérentes à l'acquisition
du matériel, mais également le désir de
spécialisation qu'éprouvent les praticiens libéraux. E
effet, incapable de satisfaire seul les besoins sans cesse croissants de sa
clientèle, le praticien libéral sera amené à sortir
de l'autarcie dans laquelle il se trouvait pour aller à la rencontre
d'autres professionnels afin de pouvoir exercer collégialement la
prestation libérale. Mais l'exercice en groupe des activités
libérales ne va pas toujours sans inconvénients ; outre le
fait qu'il contribue à distendre les liens existant entre le praticien
et son client, il suscite également des interrogations nouvelles, et
parmi celles-ci, on peut citer celle relative à l'établissement
des responsabilités au sein du groupe. En effet, si la
responsabilité du seul praticien fautif avait longtemps
été retenue, il semble de pus en plus admis en jurisprudence
comme en doctrine une responsabilité de toute l'équipe de
praticiens.
A l'analyse, l'exercice en groupe des professions
libérales contribue à distendre les liens existant entre le
praticien et son client, et conséquemment à faire émerger
la notion de fonds libéral.
CONCLUSION DU TITRE I
72. En définitive, il apparaît
de nos jours que les professions libérales se commercialisent sans
cesse ; les habitudes des commerçants deviennent celles des
professionnels libéraux. Ainsi, à l'instar des
commerçants, les praticiens libéraux recourent constamment aux
appareils, matériels et se regroupent pour exécuter la prestation
libérale.
Il faudrait tout de même signaler que, si la
matérialisation permet de conjurer l'aléa et le risque d'erreur
inhérents à la fourniture de toute prestation libérale, le
regroupement quant à lui permet non seulement aux praticiens de se
spécialiser, mais également de se répartir les frais
d'acquisition des équipements. Toutefois, ces avantages ne sauvaient
occulter les atteintes que ce mouvement de commercialisation fait subir aux
principes classiques des professions libérales. On peut entre autres
citer la dépersonnalisation de la relation libérale, l'exercice
intéressé des activités libérales. Si les
praticiens se livrent à une recherche, effrénée du lucre
de nos jours, c'est parce qu'ils estiment que les revenus qu'ils
perçoivent ne rémunèrent pas suffisamment leurs efforts.
C'est la raison pour laquelle ils souhaiteraient que leur soit reconnue
à l'instar des commerçants, la titularité d'un fonds de
caractère libéral. Ainsi, nous pouvons dire que la pratique
contribue de manière forte à faire émerger la notion de
fonds libéral, mais une étape reste encore à
franchir : celle de la réception de cette notion en droit
camerounais.
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