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Etude systémique du bassin versant de la rivière N'Djili à  Kinshasa

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par Joseph- Dieudonné Dr LUBOYA KASONGO MUTEBA
Ecole régionale post- universitaire d'aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux - Présenté en vue de l'obtention du diplôme d'études supérieures spécialisées en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux 2002
  

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3.7.- MESURES A PRENDRE FACE AUX RISQUES DES CATASTROPHES DANS LE BASSIN VERSANT DE LA RIVIERE N'DJILI

Face aux risques des catastrophes dans les sites sensibles du bassin hydrographique de la rivière N'Djili, une opinion très répandue, même parmi les experts, propose l'évacuation de la population et sa réinstallation dans des lieux plus sûrs. Ceci semble être une solution radicale et un remède miracle. Cependant, une analyse attentive montre qu'elle est, dans les conditions actuelles, techniquement impossible à réaliser au point de vue économique, politique et social. Une telle mesure n'est pas envisageable parce qu'elle peut entraîner de nombreux problèmes difficiles à résoudre.

On doit savoir que les personnes installées sur des sites à risques appartiennent généralement à la catégorie des personnes vulnérables et disposent d'un revenu très faible. Ils sont très souvent implantés à proximité de leurs lieux de travail ou recherche un toit à soi ou un loyer très bas compatible avec leurs faibles ressources. Outre le fait que tous les sites proposés par le gouvernement (Mpasa I, II et III) sont très éloignés du centre ville, on peut noter les inconvénients suivants qui constituent des contraintes majeures :

1. Difficultés quasi insurmontables de transport pour atteindre les lieux de travail ou simplement le centre commercial ;

2. Les sites proposés sont constitués des parcelles de terres non viabilisées dépourvues des maisons et qui exigent, de ce fait, d'importants moyens et de grands efforts de la part des bénéficiaires pour construire. Cela n'est tout simplement pas possible ;

3. L'éloignement des centres de production maraîchère et d'élevage situés dans les vallées du bassin versant de la rivière N'Djili a pour effet de priver les ménages d'une source importante de revenus et de supprimer l'emploi pour de nombreuses personnes qui s'adonnaient à cette activité à titre principal. La production maraîchère joue, en outre, un rôle de premier ordre dans l'alimentation de nombreuses familles ;

4. Les sites fournis aux sinistrés sont généralement dépourvus d'infrastructures communautaires et d'équipements collectifs : absence des formations médicales, d'écoles et d'autres structures importantes pour la communauté et notamment des lieux pour les loisirs ce qui oblige la population à parcourir parfois de très longues distances pour avoir accès à ces services ;

5. Des facteurs d'ordre social divers ont également une grande importance. En effet, l'appartenance à des associations, à des clubs ou à des mutualités quelle que soit leur nature, les liens familiaux et les facteurs émotionnels de divers types renforcent l'attachement des gens à leurs lieux de résidence habituelle. Déplacer les populations est toujours perçu comme un déchirement ou un déracinement et comme une perte d'une partie de soi - même. Il convient donc dans toute décision de ce type de tenir compte de la dimension psychologique et sociale du problème.

Un regard rétrospectif sur un passé récent montre que ce type des solutions a toujours abouti à l'échec. Le cas des habitants de la vallée de la rivière Makelele à Kinshasa est devenu un cas d'école qui peut être épinglé en exemple. Dans ce site, on observe régulièrement des inondations répétitives entraînant de nombreuses pertes en vies humaines et d'importants dégâts matériels. A plusieurs reprises des personnes déplacées et parfois indemnisées reviennent sur le même lieu après avoir vendu les terrains ou les maisons qui leur avaient été attribuées à titre d'indemnisation. Dans d'autres cas, les espaces restés libres sont réoccupés par des nouveaux venus. Les sinistrés d'hier bien qu'indemnisés redeviennent des sinistrés d'aujourd'hui au point où certaines personnes périssent finalement dans des catastrophes contre lesquelles on a voulu les préserver. On peut donc en conclure que les catastrophes ne sont pas gérées comme il se doit (Tableau 71).

Tableau 75 : Pratique de la gestion des catastrophes dans le bassin versant de la rivière N'Djili

Catastrophes

Intervention

Préparation

Secours (a) ou Urgence (b)

Réhabilitation

Reconstruction

Mitigation

- Soudaines : INONDATIONS

- A développement lent : EROSIONS

Classique

Activités permettant de minimiser les pertes en vies humaines et les dommages, d'organiser l'éloignement temporaire des personnes et des biens des zones menacées et de faciliter en temps voulu des sauvetages, des secours et une réhabilitation efficaces

Rechercher les survivants ;

Réponse aux besoins élémentaires (abris, eau, nourriture, soins médicaux...)

Vise la restauration des conditions de vie antérieurs de la société victime

Rétablissement complet de la communauté : construction d'habitation permanentes, restauration complète de tous les services...

Englobe toutes les actions et mesures d'anticipation ainsi que celles visant la réduction des risques à long terme

Actions réalisées sur le terrain

Néant

Peu efficaces et souvent mal organisés

Néant

Néant

Néant

Intervenants

Populations menacées avec des moyens précaires, archaïques et inadaptés face à l'ampleur et à la gravité des problèmes à résoudre, ONG locales, ONG internationales (OXFAM, CICR, CRS...), USAID, CARITAS ; Organismes du système des Nations - Unies (PNUD, OCHA, HCR, PAM, UNICEF, OMS...), coopérations bilatérales (ambassades de France, d'Italie, de Belgique, d'Algérie, des Etats - Unis d'Amérique....), Gouvernement congolais.

Observations

Les actions menées par ces organisations ne se limitent qu'au secours et à la gestion des urgences. Elles sont caractérisées par le manque de coordination et par une perspective à court terme au point où on est réduit à la gestion des urgences humanitaires momentanées en attendant les prochaines catastrophes.

La meilleure solution est l'aménagement rationnel et durable de tous les sites à risques déjà occupés: zones inondables et zones à forte pente sensibles à l'érosion. L'expérience vécue pendant l'époque coloniale montre que cela est possible. En effet, certaines communes de Kinshasa ont été érigées dans des zones marécageuses.

Selon Robert (1952), Lemba, Matete, Bandalungwa et Kalamu furent des zones marécageuses régulièrement frappées par des inondations avant l'élaboration et la mise en oeuvre du plan décennal 1949 - 1959. Il en est de même de la commune de Limete dont le nom en Teke - Humbu est «limere » qui signifie herbes des terres marécageuses. On peut noter, cependant, que ces communes sont aujourd'hui parmi les plus urbanisées et les plus sûres. Plus près de nous l'association momentanée LOGEC - Fondation Maman Mobutu a construit une cité moderne sur un site collinaire à très forte pente dénommée «Cité Maman Mobutu » sans problème. Il y a donc moyen de corriger les erreurs dues à l'occupation spontanée et anarchique des sites sans nécessairement recourir à des déplacements massifs des populations. Cependant, on peut reconnaître que l'urbanisation des sites sensibles menacés entraînera inévitablement l'expropriation de certaines familles pour cause d'utilité publique.

C'est pourquoi, en accord avec Askew (1991), des mesures suivantes doivent être prises et mises en oeuvre face aux risques des catastrophes dans le bassin versant de la rivière N'Djili :

1) Evaluation des risques : établir des cartes de risques indiquant des zones à haut risque et des zones à faible risque ;

2) Réglementation de l'occupation des sols : mettre en place un système judicieux de zonage des sols indiquant nettement des sols à usage résidentiel, à usage non résidentiel, des zones humides notamment des plaines inondables et des zones sensibles à l'érosion ;

3) Maîtrise des crues et protection contre les inondations : prévoir des ouvrages de génie civil (barrage, bassin de rétention, canaux de dérivation, digues...) tout en sachant que ces ouvrages ont une efficacité limitée car ils ne peuvent éliminer les inondations et les crues mais sont utiles dans la mesure où ils permettent de réduire l'impact de ce type des catastrophes ;

4) Promouvoir les techniques de construction anti - inondation pour réduire l'impact des inondations ;

5) Mettre en place un système de prévision des crues et élaborer des plans d'évacuation des personnes en cas de menace des catastrophes ;

6) Viabiliser et urbaniser tous les sites a risques déjà habites tout en contrôlant l'occupation des sites a risques non encore investis par la population.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry