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CONSEQUENCES DES INONDATIONS
Les inondations entraînent des graves
conséquences sur tous les plans : l'environnement, sur le plan
social, pertes en vies humaines, dégâts matériels, et au
point de vue de la santé.
a) Conséquences sur l'environnement
Certaines zones inondables de la rivière N'Djili font
partie du lit même de la rivière notamment toutes les parties
basses situées à Kingabwa (quartiers Ndanu, Madrandele...). Ces
zones sont toujours humides même en saison sèche parce que la
nappe phréatique est à moins d'un mètre de la surface du
sol. En conséquence, toute pluie d'une certaine importance provoque une
stagnation importante des eaux et la création des marais rendant le
milieu insalubre et même dangereux par suite de la
pénétration des eaux dans les habitations. Ces marais ou
marécages occasionnés par la stagnation des eaux durent de 2
jours à plusieurs semaines selon l'intensité et la
fréquence des pluies.
b) Conséquences sociales
Les inondations perturbent la vie socio - économique et
désorganisent la vie sociale, professionnelle et familiale. Le tissu
social est complètement détruit : instabilité
manifeste par suite du déménagement et du changement brutal des
modes de vie qui imposent aux victimes des inondations la vie dans des sites
mal aménagés et non préparés à recevoir des
familles entières. Cette situation provoque des perturbations
psychologiques intenses et bouleverse totalement la vie des victimes de
façon parfois irrémédiables. Elles entraînent
également la famine par la perte des réserves alimentaires, la
destruction des cultures maraîchères qui fleurissent dans tout le
bassin versant de la rivière N'Djili le long des cours d'eau.
L'approvisionnement en eau potable devient également un
des problèmes majeurs qui s'étend au - delà du site
atteint par les inondations. En effet, la station de captage et de traitement
d'eau potable de la N'Djili est le plus grand producteur d'eau potable de
Kinshasa. Dans la plupart des cas, les inondations provoquent l'envasement de
cette station et déterminent parfois l'arrêt des activités
avec toutes les conséquences que cela comporte. L'importance de cette
station de captage et de traitement de l'eau potable n'est plus à
démontrer. En effet, elle dessert une très grande population
répartie sur 12 communes (Kimbanseke, Matete, Lemba, N'Djili, Masina,
Limete, Barumbu, Kisenso, Ngiri-Ngiri (une partie jusqu'au niveau de l'avenue
Assossa), Kasa - Vubu, Selembao et Kalamu. Cette usine de production de l'eau
potable revêt un caractère stratégique. L'arrêt de
production de l'eau potable par cette usine entraîne donc des
problèmes complexes et provoque une pénurie aiguë qui se
fait sentir dans toute la ville de Kinshasa.
c) Conséquences sanitaires
L'augmentation de la morbidité et de la
mortalité constitue l'une des conséquences les plus importantes
des inondations. On observe en effet, la résurgence ou l'exacerbation
des maladies d'origine hydrique : choléra, fièvre
typhoïde, paludisme, maladies diarrhéiques, parasitoses
gastro-intestinales et par suite du froid et des conditions malsaines
générées par la stagnation des eaux, on constate
l'apparition et la recrudescence des maladies respiratoires (IRA) chez les
personnes vulnérables en particulier les enfants, les vieillards et les
femmes enceintes et allaitantes.
Photo 17 et 18:
Innondations dans les parties basses du bassin versant de la rivière
N'Djili au niveau du pool Kingabwa: la population utilise des pirogues pour se
déplacer d'une rue à l'autre et d'une maison à
l'autre.
Au point de vue sanitaire, la situation est d'autant plus
dramatique que les latrines ordinaires que l'on trouve dans la plupart des
parcelles de Kinshasa, sont généralement construites sous forme
d'un simple puits avec un abri précaire en sac de jute ou en
tôles. Lors des inondations, les latrines sont inondées, les
matières fécales refluent et surnagent à l'air libre dans
les parcelles et les rues occasionnant la pollution fécale et aggravant
les risques d'éclosion des épidémies (Photos 17 et 18).
Ces milieux malsains ainsi créés constituent des lieux par
excellence de multiplication des parasites et de pullulation des hôtes
intermédiaires des diverses maladies notamment les moustiques, les
mollusques de genres Bulinus et Planorbis qui transmettent la schistosomiase.
C'est ainsi que les périodes d'inondation correspondent à des
pics de diverses maladies d'origine hydrique.
d) Pertes en vies humaines
Les inondations provoquent des pertes directes et indirectes
en vies humaines. Les décès sont occasionnés par les
noyades ou par la chute des murs ou l'écroulement des maisons surtout
lorsque les inondations sont brutales et se produisent pendant la nuit de
façon inattendue. Cependant, la plupart des décès sont
provoqués par des effets collatéraux : la famine, les
maladies d'origine hydrique et d'autres causes dues aux inondations et crues.
Mais on peut reconnaître que la plupart des inondations sont
prévisibles. Malheureusement, les gens croient, jusqu'en dernière
minute, que les phénomènes sont lointains et qu'ils ne les
concerneront pas et ce, jusqu'au moment où le pire se produit.
e) Dégâts matériels
Les inondations sont responsables de la dégradation et
même de la destruction des infrastructures et surtout des maisons. Dans
nos pays où la très grande majorité des maisons sont
construites par auto - construction sans l'assistance des personnes
compétentes (architectes, ingénieurs civils en construction...)
en ce domaine, les maisons sont fragiles et très vulnérables vis
- à vis de cet aléa. Elles s'écroulent très
facilement surtout dans les zones de squatting où elles sont
généralement construites en matériaux précaires
(Photos 28 à 31). A cette occasion, les biens meubles sont
emportés par les flots. C'est ainsi qu'à Kinshasa, à
chaque inondation, on déplore de nombreux sans abri, la rupture des
voies de communication qui rendent difficiles l'accès aux endroits
sinistrés...
Le tableau 43 indique quelques inondations majeures survenues
en République Démocratique du Congo et leurs
conséquences:
d) Perturbation du trafic
Les inondations entraînent la coupure et parfois la
destruction totale des voies de communication provoquant l'interruption
complète du trafic. En effet, à chaque inondation, la population
est contrainte d'utiliser des pirogues pour les déplacements et le
transport des biens et des personnes non seulement pour sortir ou entrer dans
les zones sinistrées mais également pour se déplacer entre
les rues et aller des maisons en maisons(Photos 21 et 22) Le tableau 35 indique
l'impact de quelques inondations majeures survenues en République
Démocratique du Congo.
Photo 18 et 19: Les inondations constituent un grand
problème social dans la mesure où elles perturbent la vie
familliale: la photo 20 montre une femme et la photo 21 une maison en
matériaux précaires abandonnée
momentanément.
Tableau 40 : Quelques
inondations majeures survenues en République Démocratique du
Congo
Distribution géographique
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Période d'occurrence
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Impact
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Uvira / Kivu
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1987
|
12 morts ; plusieurs familles sans abri ; des
cultures décimées
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Makelele/Kinshasa
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1990
|
35 morts ; 500 familles sans abri
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Manono/Katanga
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1990
|
Plusieurs hectares des cultures décimées
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Kindu/Maniema
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1991
|
Maisons détruites ; 80 familles sans abri
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Lukula/Bas - Congo
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1993
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506 familles sans abri ; 406 maisons sous eau ; 41
maisons écroulées
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Uvira/Kivu
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1994
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100 décès ; de milliers d'hectares des
cultures décimées ; maisons détruites
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Kisangani
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1997
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De nombreux morts ; 800 familles sans abri ;
dégâts matériels importants ; cultures
détruites à 70%
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Janvier 1998
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10 000 sinistrés avec de nombreux sans abris
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Kinshasa
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Nuit du 20 au 21 mai 1990
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Une trentaine des morts ; une centaine des maisons
détruites ; dégâts matériels importants avec
pertes des biens meubles ; 2000 personnes sans abri ; destruction des
cultures maraîchères
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13 janvier 1998
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5 morts ; dégâts matériels
importants
|
Nuit du 26 au 27 mars 1998
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Une vingtaine des morts ; des centaines des personnes
sans abri ; destruction de nombreuses maisons, routes et ponts à
Kinsuka ( Commune de Ngaliema) ; ensablement de nombreux quartiers
(Commune de Matete : Q. Kinsako, Ngufu...) ; accompagnées
d'érosions importantes dans les communes de Kisenso, Mont - Ngafula,
Selembao à Ngafani...
Nombre des sinistrés :
Matete : 1524 familles
Bandalungwa : 1000 familles
Mont - Ngafula : 38 familles
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Inondation de novembre 1999 à février 2000
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65 000 sinistrés répartis dans 32
sites ;
Nombreuses communes touchées par la
catastrophe :Ngaliema, Barumbu, Matete,
N'Djili, Limete, Kisenso,
Masina, Kinkole (Nsele), Maluku, Ngaba, Makala, Bumbu,
Lemba.
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20 février 2001
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Matete 2 morts
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27 au 28 mars 2001
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120 sinistrés sans abri
30 maisons détruites ou hors d'usage
20 rues transformées en canal d'écoulement des
eaux
de nombreuses fosses septiques et latrines artisanales
détruites répandant leur contenu sur plus de 300 m
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18 mai 2001
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53 morts dont 11 à Kisenso dans les quartiers Bikanga
(9 morts) et Kitomesa (2 morts)
Destruction des maisons faisant de nombreux sans abri
Sites sinistrés : Camp Luka (Kitambo), Matete,
IPN, Kisenso, Kitokimosi
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Sources principales : Journal l'Avenir
éditions n° 1142, 1212 et 1214
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