1.9.2.2.- LA ZONE DES COLLINES OU
VILLE HAUTE
C'est la partie de la ville qui, située en
périphérie sur le complexe collinaire, surplombe la plaine de
Kinshasa au sud, au sud - ouest et à l'ouest. On y trouve de nombreuses
collines dont certaines atteignent 600 m d'altitude : Pic Meuse (710 m),
Mont Ngafula (630 m), Mont Amba (417 m), Djelo Binza (520 m)...Ces zones
présentent des pentes de 8 à 12% mais dépassent parfois
20% par endroit (Flouriot, 1975). Selon Pain (1984), les pentes de 9 à
13 % constituent la limite d'infiltration des eaux et le début du
ruissellement. La pente constitue une contrainte majeure à
l'urbanisation comme l'indique le tableau 9.
Tableau 13 : Caractéristiques de la pente en
relation avec la stabilité et la position du relief et
l'urbanisation
Importance de la pente
|
Rapport entre la pente et l'urbanisation
|
Valeur de la pente
|
Stabilité et position dans le relief
|
Valeur de la pente
|
Caractéristiques
|
< 3%
|
Convexité sommitale stable, ruissellement faible,
infiltration aisée ;
Replats d'accumulation et fonds de vallée en voie de
remblaiement ; les alluvions s'y déposent ;
Bonne stabilité si le drainage fonctionne bien
|
0 - 4 %
|
Sites aisément urbanisables
|
3%
|
Pentes rectilignes stables sous couvert forestier ;
Ruissellement en nappe sous steppe
|
4 - 8 %
|
Sites fragiles dans les zones d'auto - construction
|
9 %
|
Apparition du ruissellement diffus, début de la
concentration des eaux,
Formation des rigoles quand le couvert naturel a disparu au
profit de la steppe ou de la savane, ravinement en cas des travaux favorisant
la concentration des eaux de surface, limite des possibilités
d'infiltration des eaux en fossés suivants les courbes des niveau.
|
8-12 %
|
Sites nécessitant d'importants travaux de
soutènement et d'évacuation des eaux pluviales
|
12,5 %
|
Valeur limite fréquente pour ces pentes ; pentes
moins fréquentes ou portion des versants peu étendues reliant
une section amont en pente plus faible à une section avale plus pentue
ou l'inverse au pied d'un versant
|
12 - 20 %
|
Site difficilement urbanisable
|
25 à 30 %
|
Limite inférieure fréquente des pentes
rectilignes les plus fortes; pentes des cirques et des versants
très raides actifs, ravinement intense sur sol dénudé.
|
> 20 %
|
Sites non aedificandi
|
Source : Tableau réalisé avec les
informations recueillies chez FLOURIOT et al. (1975)
Les zones, réputées « non
aedificandi », ont été envahies par la population qui
les a occupées anarchiquement au mépris des normes urbanistiques
et très souvent avec la complicité des chefs coutumiers et des
agents des Affaires foncières. La ville haute, surpeuplée, est
caractérisée par une population généralement pauvre
et l'absence d'infrastructures de base essentielles : il n'y a ni voiries
ni réseaux d'égouts ni canaux d'évacuation des eaux
usées et pluviales. Par suite des conditions socio-économiques
difficiles, cet habitat informel et précaire ne cesse de
s'accroître.
La ville haute est le domaine des érosions et de
glissements de terrains. On dénombre aujourd'hui près de 280
érosions majeures et les cas d'ensablement sont devenus monnaie courante
et n'étonnent plus guère personne.
En réalité, malgré la grande
étendue de la ville de Kinshasa (9965,2 km2, seule une infime
partie est réellement urbanisée (255 Km2).
Deux phénomènes expliquent l'occupation massive
des terres marginales et des zones sensibles du bassin versant de la
rivière N'Djili :
1. L'évolution politique du pays au moment de
l'indépendance
En effet, les hommes politiques principalement ceux des
provinces voisines de Kinshasa , soucieux d'avoir la majorité
nécessaire pour le contrôle de la capitale ont facilité
l'afflux massif des ressortissants de leurs provinces d'origine
respectives ;
2. Accroissement démographique explosif dû
à la croissance naturelle de la population et à l'importance des
mouvements migratoires.
Les nouveaux venus, sans ressources, se sont rabattus en
général sur les terres marginales et à risque où il
leur était facile d'acquérir un toit à soi sans beaucoup
de frais. Ensuite, le mouvement d'occupation de ces zones s'est
accéléré en attirant tous les marginaux et les sans emploi
qui ont alors occupé des zones dangereuses (collines de Kisenso, lits
majeurs de la rivière N'Djili et des autres rivières de son
réseau hydrographique comme la rivière Matete). Le tableau 10
indique l'évolution démographique et l'extension spatiale de la
ville de Kinshasa dans son ensemble et le tableau 10 donne la situation
actuelle de l'occupation de l'espace.
Tableau 14 : Evolution démographique et
extension spatiale de la ville de Kinshasa
Année
|
Population
|
Taux de croissance par période de 5 ans
|
Superficie (en hectares)
|
1884
|
5 000
|
3
|
125
|
1910
|
10 000
|
5
|
600
|
1919
|
14 000
|
-
|
650
|
1945
|
101 501
|
20
|
2 000
|
1948
|
125 275
|
-
|
-
|
1950
|
201 905
|
15
|
2331
|
1951
|
|
|
41 - 75 (Km2)
|
1954
|
282 766
|
-
|
1977 (Km2)
|
1957
|
359 332
|
-
|
5512
|
1960
|
500 000
|
11
|
4 100
|
1975
|
1 200 000
|
9
|
17 922
|
1991
|
3 500 000
|
-
|
27 000
|
1992
|
4 000 000
|
-
|
19 000
|
1996
|
5 107 000
|
-
|
9 965 000
|
1999
|
5 862 000
|
-
|
10 000 000
|
2000
|
Env. 6 000 000
|
6,3
|
-
|
Sources : CSA (1959) ; Pain ( 1975 et
1979) ; Crabbe (1980) ; Ngondo et al (1992) ; Rapport national
sur les établissements humains au Zaïre (TPAT- UH, 1996 PNUD/UNOPS
(1998).
Tableau 15 : Occupation du sol
Catégories
|
Utilisation de l'espace
|
Surface en Km2
|
Surface en %
|
Zone agglomérée
|
Habitat formel
|
70
|
0,702
|
Habitat informel
|
150
|
1,505
|
Industrie et commerce
|
18
|
0,180
|
Equipement
|
26
|
0,260
|
Transport
|
35,12
|
0,352
|
Surface agricole
|
191,49
|
1,921
|
Autres
|
100
|
1,003
|
Total
|
590,61
|
5,923
|
|
|
|
Zones urbano - rurales
|
Cultures
|
850
|
8,529
|
Elevages
|
360
|
3,612
|
Réserves terres cultivables
|
7112,84
|
71,376
|
Autres (terres impropres et surfaces d'eau)
|
1051,75
|
10,554
|
Total
|
9374,59
|
94,071
|
Total
|
Aire métropolitaine
|
9965,2
|
100
|
Source : Rapport national sur les
établissements humains au Zaïre ( T.P.A .T- U.H.,
1996)
|