2.2. Cadre théorique
2.2.1. Théories sur la micro-finance et le
micro-crédit
Plusieurs auteurs ont eu à émettre un certain
nombre de points de vue sur la micro finance. Nous allons développer ici
certaines de ces approches développées par quelques auteurs.
2.2.1.1. Approche minimaliste
Pour les minimalistes tels que Kilby et Bangasser (1978),
Kilby et D'Zmura (1985), Sebstad et Chen (1996), Johnson et Rogaly (1997),
Grant (1994) et Webster et Fidler (1996), cités par Marniesse (1999), le
crédit doit être octroyé à toute personne pauvre
capable de rembourser le prêt. La fongibilité du crédit ne
permet de savoir exactement ce qu'en fait l'emprunteur. En effet, les
emprunteurs pauvres contractent en général des emprunts de faible
montant afin d'assurer leur subsistance, et n'investissent que rarement, pour
adopter de nouvelles technologies, acquérir le capital fixe ou recruter
de la main d'oeuvre. Ces prêts ne leur permettent habituellement pas
d'accroître leurs revenus de façon significative et, dans certains
cas, peuvent même réduire les possibilités qu'ils ont de
dégager des revenus, puisqu'ils ont pour effet de les endetter encore
plus. Peut-on s'attendre à des résultats significatifs des
différents programmes de micro-finance, si un grand nombre de pauvres
qui bénéficie du crédit n'utilisent les fonds qu'à
des fins de consommation ? En absence d'investissements, source de
création de richesses, les programmes risquent de ne pas conduire
à la diminution significative du nombre de pauvres.
2.2.1.2. Approche du revenu
généré
Pour les auteurs tels que Hulme et al., (1996),
Bousso et al., (1997) Roy et al., (1999), cités par
Azagnandji, (2002), la micro-finance correspond à une «logique de
survie», juste capable d'entraîner des effets conjoncturels sur la
vie des emprunteurs. La micro-finance joue donc le rôle de protection des
activités par cette approche. Pour ces auteurs, défenseurs de
l'approche du revenu généré, le crédit doit
être principalement octroyé aux emprunteurs pauvres, afin de leur
permettre de financer des activités privées spécifiques
qui génèrent du revenu. Ainsi, les prêts accordés
permettront aux bénéficiaires d'investir dans des technologies,
pour promouvoir leurs activités qui ont plus de chance d'accroître
les flux de revenus et de faire ainsi face à
19
Léonie KOUMASSA : Thèse d'Ingénieur
Agronome, Décembre 2007
Contribution de la micro-finance à l'adoption de nouveaux
paquets technologiques de production de riz dans le département des
Collines
certains de leurs besoins. Cette approche du revenu
généré permet aux populations rurales pauvres de
bénéficier des crédits d'investissements auprès des
IMF, notamment les crédits sous forme d'équipements qui
nécessitent généralement un délai de remboursement
allant de 1 à 2 ans, et parfois plus. La micro-finance ne peut avoir des
« effets structurants » que par les emprunts d'investissement
nécessitant des crédits à moyen et long terme
(Agnikpè, 1998 cité par Azagnandji, 2002).
Le crédit d'investissement a été sujet
à certaines critiques: le montant important de l'investissement initial.
Ceci va à l'encontre d'un principe fondamental du crédit, celui
de la progressivité (il vaut mieux commencer par de petites sommes
à court terme, que par de grosses sommes à moyen terme).
L'exception à ce principe fondamental de progressivité
nécessite d'être d'autant plus vigilant, sur la sélection
des emprunteurs et leur suivi, que sur la rentabilité des objets
financés.
Malgré cette critique portée à l'endroit
de l'approche du revenu généré en matière de
crédit, nous pensons qu'elle serait la mieux adaptée pour
répondre à notre question de recherche étant donné
qu'elle prône le crédit accordé aux populations pauvres qui
leur permettra d'investir dans des technologies, pour promouvoir leurs
activités qui ont plus de chances de réussir.
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