2.1.2.4. Les acquis et limites de la micro-finance
En ce qui concerne les acquis, plusieurs études,
menées à des années d'écart et sur
différents continents, ont montré des résultats
impressionnants :
? sur le plan économique, avec des impacts sur le
niveau de revenu et la capacité à épargner.
? sur le plan social, avec des effets sur la scolarisation des
enfants, l'accès aux soins ou l'amélioration de l'habitat,
grâce à l'impact économique et dans certains cas
grâce à des services complémentaires proposés par
les IMF (Boyé et al., 2006).
Par ailleurs, en 2000, les IMF en Afrique francophone touchent
environ 3 millions de clients ou membres, avec un taux de
pénétration de 8% de la population active en Afrique de l'Ouest
et 3% en Afrique Centrale. Sur les 225 Milliards de Fcfa de total de
ressources, plus de 65% proviennent des dépôts (Chao-Beroff,
2001).
Au Bénin, le développement de la micro-finance
se caractérise par l'existence de 1192 initiatives dont 170
enrégistrées à la cellule de micro-finance du
Ministère des finances et de l'économie). De façon
générale, cette activité bien qu'informelle contribue
à 71% à la formation du PIB. Ses acteurs collectent des
ressources qui ont avoisiné 60 milliards de CFA en 2002 (Diakité,
et al., 2003). Selon le même auteur, l'activité est
orientée vers les emplois productifs et stables dans les secteurs du
commerce, de la transformation agricole, de l'agriculture, de la restauration,
des prestations de services, de l'élevage, de la pisciculture, de la
pêche et de l'artisanat. En tant qu'instrument de réduction de la
pauvreté, la micro-finance se déploie au profit des populations
établies en zone rurale, estimées à 70% de l'ensemble des
populations actives.
Malgré ces multiples acquis, le secteur de la micro
finance reste encore très fragile. Servet (2004) cité par
Wampfler (2004) dans ses réflexions sur les leçons tirées
des 20 ans de développement de la micro-finance, souligne, en contre
point des potentialités, les risques que représente la
micro-finance quand elle est envisagée dans ses seules dimensions de
technique de financement: « Faute d'un développement
intégrant le micro-crédit dans des logiques de
17
Léonie KOUMASSA : Thèse d'Ingénieur
Agronome, Décembre 2007
Contribution de la micro-finance à l'adoption de nouveaux
paquets technologiques de production de riz dans le département des
Collines
solidarité, les risques sont considérables que
de moyen de libération ; il devienne un vecteur d'oppression par un
surendettement des populations séduites par une proposition de
crédit ». Les études d'impact et des analyses de situation
de crise des institutions de micro-finance, mettent en évidence ce
risque de surendettement, mais aussi le risque d'accélération des
processus de différenciation économique et sociale par
concentration des services sur une frange «rentable » de population.
Un autre facteur de risque est l'illusion d'un développement rapide et
généralisé d'une micro-finance, outil de lutte contre la
pauvreté, à l'échelle planétaire pour peu que
soient respectées « les bonnes pratiques ». Face à ces
risques, Servet op cit; insiste sur la nécessité d'inscrire la
micro-finance dans une perspective d'économie sociale et solidaire, et
sur l'urgence de « construire les concepts adéquats à la
compréhension des rapports sociaux en émergence, et d'un point de
vue pratique de mesurer les impacts de ces dispositifs et de ces nouvelles
formes d'action publique et collective, et des questions de gouvernance
qu'elles posent ». Fondamentalement, c'est donc la question « la
micro-finance est-elle un outil de développement durable ? » qui
est posée.
D'un autre côté, peu d'IMF ont atteint une
autonomie financière. Une étude conduite par Messan, (2003) sur
la pérennité des ASF au Bénin, montre que seulement 16%
des ASF ont une capacité de pérennisation élevée ;
16% des ASF ont une capacité de pérennisation satisfaisante ;
soit au total seulement 30% des ASF présentent des aptitudes à
survivre sans grande difficulté à la fin du projet. De plus, leur
autonomie technique est insuffisante (Messan, 2003) et elles ont grand besoin
de professionnalisation en matière de gestion, de systèmes
d'informations et de systèmes de contrôle. Leur viabilité
sociale n'est pas acquise et les crises de gouvernance sont fréquentes
et parfois graves. Concernant la réponse aux besoins de financement des
zones rurales et des agricultures familiales, malgré une progression
spectaculaire, le taux de pénétration de la micro-finance en
milieu rural est encore insuffisant. En 1999, on estimait que dans l'UEMOA, en
moyenne, 20% seulement des ménages ruraux et 7,5% de la population
active avaient accès aux services financiers (BCEAO, 2002). Ces chiffres
moyens cachent des disparités par pays.
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Agronome, Décembre 2007
Contribution de la micro-finance à l'adoption de nouveaux
paquets technologiques de production de riz dans le département des
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