2.4. Situation du système bancaire et financier du
Sénégal
Le secteur bancaire sénégalais, qui
occupe la deuxième place au sein de l'Union économique et
monétaire ouest africaine (UEMOA), après celui de la Côte
d'ivoire, avec 20 banques en 2009 et plus de 25 % des actifs du système
financier de l'Union, n'arrive toujours pas à répondre aux
nombreuses sollicitations, surtout des petites et moyennes entreprises (PME).
Ces dernières ont en effet un accès très limité au
crédit. En 2008, les grandes entreprises ont
bénéficié de 88,1 % des prêts, alors que la part des
entreprises de taille moyenne n'a été que de 6,7 % sur un taux de
financement de l'économie qui peine à dépasser 24 %.
Cependant, une récente étude de la Banque mondiale fait
état de rejet de 80 % des dossiers de demande de crédit des PME,
dû notamment à l'absence d'états financiers
formalisés et certifiés par un commissaire aux comptes. Et, le
taux élevé de défauts de remboursement noté risque
de corser la chose pour les futurs demandeurs qui ont vraiment besoin de ces
ressources financières pour démarrer ou s'agrandir, innover ou
améliorer leur production. Le rapport explique ainsi la
difficulté à laquelle sont confrontées les petites et
micro-entreprises pour accéder au crédit par les niveaux de
garanties exigés et par les taux d'intérêts
élevés.
Entre 2004 et 2008, le taux d'intérêt
moyen sur les prêts a été de 12,15 %. Ce taux est plus
élevé au Sénégal qu'en Côte d'ivoire,
Tunisie, Afrique du Sud et la plupart des pays de la CEDEAO. En 2009, les
écarts de taux d'intérêt, c'est-à-dire la
différence entre les taux d'intérêt sur les prêts et
les taux d'intérêt sur les dépôts, étaient de
11,0 %. Soit près de quatre fois plus élevés qu'en Tunisie
et Afrique du Sud. Un tel écart élevé de taux
d'intérêt est un indicateur de fonctionnement inefficient du
secteur bancaire qui se reflète également dans les niveaux
élevés de défauts de remboursement. Ce qui, en retour,
pourrait s'expliquer par le manque d'accès à des informations
fiables sur les emprunteurs. Non sans faire remarquer que les
dépôts dans les institutions de micro-finance ont augmenté
de 27,5 % en 2007 et de 14,8 % en 2008. Ces institutions ont détenu,
selon la même source, 64 % de tous les comptes de dépôt en
2008. Malgré cela, elles ne fournissent que 8,9 % des crédits
octroyés alors que les banques en fournissent 91,1 %.
Pourtant, selon le Rapport national de la
compétitivité du Sénégal (RNCS),
réalisé avec l'appui de l'USAID, le système financier du
Sénégal s'est beaucoup amélioré durant la
dernière décennie avec une masse monétaire qui est
passée de 22,5 % du PIB en 2000 à 33,4 % en 2008. De plus,
à la fin décembre 2009, l'offre de monnaie a augmenté de
10,9 % par rapport à l'année précédente. Cela est
principalement dû à une augmentation de 13,6 % des
dépôts bancaires et à une augmentation de 4,3 % dans la
circulation de la monnaie. Le crédit intérieur a augmenté
de 55 % entre 2005 et 2009, passant de près de 1 032 milliards de francs
Cfa à 1 604 milliards.
Cependant, poursuit le texte, en pourcentage du PIB, le
crédit intérieur octroyé au secteur privé demeure
relativement faible. Quand au crédit net au gouvernement, il
représente un faible pourcentage du crédit intérieur net
bien qu'étant en hausse sur la période 2006-2009. Il est
passé de 28 milliards de francs Cfa en 2006 à près de 112
milliards en 2009 et est estimé à 217 milliards en 2010. Sur le
dispatching du crédit au secteur privé, le RNCS 2011
relève qu'une grande partie est allouée aux services. Entre 2005
et 2009, en moyenne chaque année, près de 32 % des prêts
étaient octroyés aux services, au transport et à la
communication, 27 % aux industries et 19 % au commerce de gros et de
détail.
En outre, la part des prêts aux services, aux
transports et à la communication a augmenté
régulièrement pour atteindre un pic septennal de 41 % en 2009.
Même si les banques restent les premières sources de financement
au Sénégal, le rapport indique que la Bourse régionale de
valeurs mobilières (BRVM), commune aux pays membres de l'UEMOA, offre de
nouvelles opportunités d'attraction de capitaux étrangers qui
permettent aux investisseurs privés de diversifier leurs sources de
financement. Mais, le Sénégal ne profite pas assez des
financements du marché des valeurs et du capital risque. En effet,
signale le RNCS, dans le Rapport sur la compétitivité mondiale
(RCM) 2010-2011, le Sénégal est classé 80ème dans
le financement par le marché des actions et une seule entreprise, la
SONATEL, est cotée à la BRVM. Cependant, le rang du
Sénégal s'est amélioré de 33 places dans la
disponibilité de capital risque dans ce même RCM. En outre, en
2008, le gouvernement du Sénégal a pu lever 285 millions de
dollars US sur le marché financier.
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