L'entrepreneuriat féminin au Sénégal: obstacles et essais de solution( Télécharger le fichier original )par Abdoulaye WANE Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009 |
I.3. Les groupements de promotion féminine (GPF)Ces groupements sont nés à l'initiative de l'Etat dans le contexte de la décennie de la femme décrétée en 1975 parles nations Unies. En effet selon l'étude prospective femmes 2015 : « l'organisation des groupements de promotion féminine, devenus la structure de base du mécanisme national chargé de leur promotion, est une innovation majeure dans les politiques. L'idée était qu'il serait plus facile pour les femmes de développer et de gérer des activités communes, de trouver des financements en groupe qu'individuellement. Les groupements ont été constitués à partir des multiples associations villageoises existantes. Ils ont uni le plus souvent les individus par sexe et classe d'âge. Ces associations, qui avaient à l'origine un statut initiatique et de solidarité, ont par la suite, évolué en développant diverses fonctions : sociales, culturelles, religieuses, entraide financière, matérielle, morale ».12(*) Il semblerait même que ces groupements aient également rempli une fonction politique au service de l'ex pouvoir en place car ils auraient servi à bien des égards de réservoir électoral ; l'octroi du financement étant le plus souvent condition de l'allégeance au parti dominant. Il semble également qu'il soit dans les desseins du nouveau pouvoir en place d'adopter le même schéma en cherchant à contrôler ces groupements. En 1987, ces groupements seront fédérés au sein de la fédération nationale des groupements de promotion féminine. « La fédération nationale des groupements de promotion féminine (FNGPF) est une structure associative ayant pour vocation de promouvoir la femme sénégalaise dans tous les secteurs de la vie sociale, économique et politique du pays. Elle accorde une importance primordiale à l'amélioration du statut des femmes rurales qui constituent la majorité de ses membres ».13(*) Cette fédération compte aujourd'hui sur le territoire national 6816 Groupements de femmes répartis au niveau national, régional, départemental, arrondissements et collectivités locales , regroupant plus d'un million de femmes. Les domaines d'intervention tels que définis dans la brochure de présentation concernent : -Information -Education -communication -Allégement des travaux de la femme -Formation -Micro-crédit -Activités génératrices de revenus -Artisanat Ces groupements de promotion féminine fonctionnent plus ou moins bien car leur mise en place a surtout été le fruit de la volonté étatique et non l'initiative propre des femmes ; par ailleurs cela rendait plus commode le financement des bailleurs de fonds. On peut d'ailleurs voir comme illustration de leur articulation au pouvoir d'état,l'instauration en 1990 du grand prix du chef de l' état d'une valeur de 5 millions de francs CFA et destiné récompenser le groupement féminin qui s'est le plus distingué dans les actions de développement économique et social. (Sénégal 2015) On ne peut pas dire que ces GPF constituent des modèles de rupture et posent un regard introspectif sur les raisons de la marginalisation des femmes ; du moins il n'existe pas de leur part un discours qui en atteste. Nous le disions tantôt la situation des femmes se mesure au paradoxe d'une forte présence et visibilité sociale quine se traduit pas par un positionnement public stratégique. Leur rôle social rapporté à une économie de type domestique basée sur l'acquisition de simples revenus de survie n'a pas toujours été perçu comme une des sources fondamentales de leur marginalisation. Autrement dit une véritable analyse objective de la place des femmes dans le développement de nos pays ne peut déboucher que sur la proposition d'un projet de société citoyenne qui appréhende de façon critique les rapports de genre. Il semble à l'analyse que les discours qui s'attèlent à la promotion politique des femmes prennent en compte cette dimension du problème. Il est clair que la révolution silencieuse que les femmes opèrent évolue vers une situation ou leur prise de parole servira à formuler des questions clé relatives à leur existence sur l'échiquier national. Il est clair que quand les hommes ne peuvent plus légitimer une suprématie basée sur l'assurance de la subsistance et le monopole du savoir moderne, les rapports de force changent et les femmes qui de plus en plus se retrouvent chef de famille de fait, peuvent revendiquer une meilleure prise en compte de leur place dans la société. C'est peut être en fin de compte l'effet que les différentes politiques de promotion de la femme comme agent du développement auront réussi à produire, en mettant entre les mains des femmes les outils d'une survie économique et d'une prise de conscience de leur rôle dans le développement et la société. Ainsi, ce rapport de force, transcendant l'espace domestique se prolongerait sur la scène publique comme un des éléments constitutifs de la légitimité des revendications politiques et citoyennes des femmes. Une prise de conscience et un mouvement social des femmes est bien né même si demeure la question de savoir comment en faire une force cohérente et organisée de manière à influer sur les décisions publiques ? N'est ce pas la réponse que tentent d'apporter les nouvelles organisations de femmes apparues dans le cours des années 90 ? Les années 1990, vont enregistrer la naissance de plusieurs organisations de défense des droits de l'homme qui se donne pour objectif à l'instar de la rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme RADDHO« promouvoir, défendre et protéger les droits de l'homme au Sénégal et en Afrique. ». Cette ONG, créé en Avril 1990, et qui se définit comme non partisane et laïque soutient avoir «puissamment contribué à l'émergence et au développement d'une culture des droits de l'homme, de la démocratie et de la paix au Sénégal.14(*) D'autres organisations de défense des droits de l'homme interviennent au Sénégal et inscrivent dans leur agenda, la question de la défense des droits de la femme. Mieux, des organisations de femmes ont été créés par les femmes et ont pour programme essentiel la défense des droits des femmes, leur promotion politique et citoyenne. Les organisations de femmes qui se chargent de formuler cette revendication ont certainement été très influentes et déterminantes ces dernières années, dans la manière dont les pouvoirs publics inscrivent dans leur agenda les questions relatives à la promotion des femmes. L'émergence d'un discours sur la citoyenneté porté aussi bien par les acteurs du jeu politique que la société civile, a favorisé également la création d'organisations de femmes dont la mission essentielle concerne la réalisation de l'équité et de l'égalité démocratiques. * 12 Op. Cité * 13 Brochures de présentation des GPF * 14Brochure de présentation de la RADDHO. |
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