I.2. GENESE DE LA POLITIQUE « GENRE » AU
SENEGAL
La question de la promotion socio-économique des femmes
a toujours été une préoccupation majeure des pouvoirs
publics. Les efforts déployés par l'Etat dans ce domaine ont
été accompagnés par les partenaires au
développement et les organisations de la société
civile.
L'analyse de la situation de la femme
sénégalaise abordée ci-dessous permettra
d'identifier les principales contraintes pesant sur elle et
l'empêchant ainsi de jouer le rôle qui lui est dévolu dans
le cadre du développement.
Les expériences dans le domaine de la promotion de la
femme au Sénégal peuvent être donc résumées
en quatre grandes périodes qui tiennent compte de la conjoncture
internationale et du contexte national : avant 1975, la décennie de la
femme (1975-1985), la période post-décennie (1985-1994), depuis
Beijing (1995 à nos jours)
La période avant 1975
Elle est caractérisée au plan économique
par une option affirmée de développer l'agriculture et de mettre
en place une industrie de substitution à l'importation. Les femmes
devaient contribuer à l'augmentation de la production par l'entretien de
la main d'oeuvre.
Les projets touchant les femmes dans ce contexte tournaient
pour l'essentiel autour de l'Animation Rurale avec le Volet Animation
féminine dont l'objectif était de sensibiliser les femmes sur la
question d'hygiène de propreté, de santé et de former des
cadres féminins capables de mobiliser les populations autour des
thèmes liés à leurs préoccupations. Ainsi, pour la
formation de ces cadres, le Centre d'Animation de Thilogne (Région de
Saint Louis) est créé suivi du Centre National de Formation des
Monitrices d'Economie Familiale et Rurale en 1963 et l'Ecole Normale
d'Enseignement Technique Féminin en 1964.
Les agents d'encadrement de l'époque avaient
mené des séries de démonstrations culinaires, d'entretien
de la maison et de puériculture. Les actions de sensibilisation et de
formation menées à cette époque, quoi que louables,
étaient loin de participer à une libération de la femme,
mais la confinait plutôt dans la sphère domestique.
(L'économie familiale et sociale est à ce titre assez
révélateur)
La période 1975 - 1985 ou décennie de la
femme
Elle est appelée au plan mondial la "décennie de
la femme" entamée à l'occasion de l'année internationale
de la femme en 1975 avec comme point focal la conférence de Mexico,
première grande Conférence sur les femmes au niveau international
autour des thèmes :
Egalité- Paix- Développement
Au niveau Institutionnel, un Secrétariat d'Etat
à la condition féminine a été créé en
1978 avant d'être fusionné avec la Promotion Humaine pour donner
naissance au Ministère du
Développement social en 1981.
Après la 2ème Conférence sur les Femmes
tenue en 1980 à Copenhague, le courant qui milite pour une prise en
compte des activités de la femme dans le développement
s'affirme.
C'est la naissance de « l'approche Intégration de
la Femme dans le Développement » plus connue sous le nom de «
IFD ».
Le premier Plan National d'Action pour la femme est
élaboré en 1982. Plusieurs projets"femmes" ont vu le jour durant
cette période. Les stratégies de Planification Familiale
remontent à cette époque.
L'approche "IFD" a permis ainsi l'émergence d'un
leadership féminin national et a contribué à
l'amélioration notable des conditions de vie des femmes par les
opérations de micro- crédits, les subventions et prêts.
L'approche IFD a eu cependant des limites objectives :
- La majorité des programmes et projets "IFD" avaient
tendance à orienter les activités vers les tâches
traditionnellement liées aux rôles des femmes.
- On a pensé de bonne foi qu'en renforçant le
pouvoir économique des femmes on créerait, ipso facto, les
conditions du changement de leur statut alors que la réalité est
toute autre.
La Période 1985 - 1995 ou post-décennie
de la Femme
C'est la période post- décennie de la femme qui
prend naissance à partir de la 3ème
Conférence sur les Femmes organisée à
Nairobi au Kenya en 1985. Elle coïncide avec la période
d'application des politiques d'ajustement structurel qui auront des
conséquences négatives sur les groupes vulnérables, en
particulier les femmes et les enfants.
Elle est caractérisée aussi par une extension
des projets I.F.D dont certains méritent d'être soulignés
:
- Projet Santé Familiale et Population et
Projet Bien Etre Familial :
Ces deux projets visaient à réduire la
mortalité maternelle et infantile et à assurer le bien être
familial à travers deux (2) volets : un volet IEC destiné
à sensibiliser et à éduquer les populations pour
l'adoption de comportements favorables au bien être familial et un volet
clinique pour l'offre de services en matière de contraception et de
lutte contre la stérilité.
Comme résultats, on note que le nombre de centres de
planification familiale est passé de 12 en 1984 à 150 en 1989. Le
niveau de connaissances des méthodes contraceptives par les cibles est
passé de 60% en 1978 à 89% en 1991.
- Projet Promotion Economique des Groupements
Féminins :
Le Projet SEN/92004 «Groupement
Pré Coopératifs Féminins en milieu rural» a
concerné d'abord la période 82-85 puis 1985-1987 et enfin
1988-1990.
Il a été financé par le Fonds
d'Equipement des Nations Unies (FENU) et le PNUD. Il avait comme objectifs :
- l'exploitation d'équipements pour la transformation
des aliments ;
- l'allégement des travaux de la femme par la mise
à disposition d'équipements modernes;
- l'appui au réseau de groupements féminins ;
- la formation et l'alphabétisation.
Et le Projet PDRH, avec un accent mis sur la SCOFI ?
La Période de Beijing (depuis 1995)
Elle débute avec la quatrième Conférence
Mondiale sur les Femmes tenue à Beijing en 1995qui a eu un impact
important sur le développement des actions en direction des femmes.
Au Sénégal, la principale initiative a
été l'élaboration du 2ème Plan d'Action National de
la Femme (PANAF-1997 - 2001) qui entre dans le cadre de la mise en oeuvre du IX
ième Plan de Développement Economique et Social (1996-2001) dont
l'Orientation Stratégique n°9concernant la valorisation des
ressources humaines avait pris en compte la dimension genre.
Le PANAF a été élaboré de
manière participative et visait les objectifs suivants :
- Assurer la promotion économique des femmes et lutter
contre la pauvreté;
- Accroître le taux de scolarisation des filles et
relever le niveau d'éducation des femmes;
- Améliorer l'état de santé des femmes et
des petites filles y compris leur santé reproductive;
- Valoriser le statut de la femme dans la
société et renforcer sa participation à la vie
publique;
- Renforcer les mécanismes de promotion et de
financement des femmes.
En relation avec ces orientations stratégiques, cinq
volets ont été identifiés :
- Promotion Economique des femmes et lutte contre la
Pauvreté;
- Education, formation des femmes et Scolarisation des
filles;
- Santé des filles et des Petites Filles y compris la
santé de reproduction, la santé sexuelle et la planification
familiale;
- Droits fondamentaux et droits acquis des femmes et de la
petite fille et accès des femmes à la prise de
décision;
- Mécanismes institutionnels de promotion et de
financement des femmes.
Le PANAF a fait l'objet d'une évaluation à
mi-parcours et d'une évaluation finale en 2003.
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