VI. Les contraintes liées aux dispositions
réglementaires et législatives
La révision de la Constitution en 2001 a
renforcé le statut de la femme sénégalaise en lui
conférant les mêmes droits que les hommes notamment le droit
à la propriété et la liberté d'entreprendre ;
cependant la non application effective de ces dispositions constitue des freins
à leur promotion particulièrement dans leurs activités
génératrices de revenus. Il s'agit notamment des droits
de propriété et de possession de patrimoines
immobiliers et des possibilités de constituer des
garanties et des sécurités réelles.
En effet, les femmes du milieu rural ont toujours un
accès limité à la terre, aux intrants et aux moyens de
production pour leurs activités agricoles, leur présence dans les
instances de décision au niveau communautaire où se fait la
distribution des parcelles de terre, étant encore très faible. Il
s'y ajoute que, rarement détentrices de patrimoines immobiliers, les
femmes d'affaires se heurtent aux garanties et sécurités
réelles pour le financement des investissements de leurs entreprises.
VII. Les contraintes liées aux aspects
socioculturels
Les qualités entrepreneuriales de la femme sont
indéniables du fait des qualités intrinsèques dont elles
disposent : l'intuition, la créativité, l'imagination, le
souci du détail, le goût du fini associés à la
sensibilité, à l'esthétique et à
l'éthique.
Cependant, ce potentiel n'est pas utilisé à bon
escient. Partout, au lieu de faire preuve de créativité et
d'imagination, elle a une tendance au mimétisme aveugle qui fait que des
secteurs porteurs sont envahis par plusieurs actrices alors que d'autres ne
sont pas investis.
A titre d'exemple, dans le secteur des services, la partie
commerce occupe une très grande place ; alors que celle relative
aux technologies de l'information et de la communication est
délaissée. Dans le secteur de la production industrielle, rares
sont les femmes qui occupent des places significatives du fait de la peur de
s'engager dans les créneaux inconnus.
Il s'y ajoute que du fait du rôle de gardienne des
traditions, il n'est pas rare de voir des femmes chefs d'entreprise faire
étalage d'ostentation et de gaspillage particulièrement dans les
cérémonies familiales, sociales et religieuses.
Une ressource tout aussi stratégique est le temps, dont
la disponibilité et la maîtrise sont indispensables pour la bonne
conduite de l'entreprise. Or, la distribution des rôles au sein des
ménages se fait très tôt en défaveur de la femme et
de la petite fille qui effectue l'essentiel des tâches domestiques. Cette
situation est encore plus accentuée chez les femmes évoluant en
milieu rural qui vivent dans des conditions de précarité et de
surcharge de travail.
Ces stéréotypes sont transférés
dans la sphère publique et économique, où la femme chef
d'entreprise a du mal à exercer son leadership aussi bien sur les hommes
que les femmes.
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