B.
Le choix des textes en lecture suivie et dirigée
Pour éviter tout malentendu dans l'analyse qui va
suivre, il est utile de faire la distinction entre la lecture suivie et
dirigée et l'étude d'oeuvre intégrale. La lecture suivie
et dirigée vise la découverte de l'oeuvre en la faisant lire page
après page par les apprenants et en commentant par la suite ce qui vient
d'être lu.
Dans la pratique, comme on ne peut lire toute l'oeuvre en
classe page après page, les professeurs délimitent les passages
qu'ils font lire par les apprenants chez eux. En classe, on ne se contente que
de quelques extraits choisis par le professeur.
L'étude d'une oeuvre intégrale, comme son nom
l'indique, appelle une lecture intégrale de l'oeuvre par les apprenants,
une évaluation de leur réception première, et une analyse
de l'oeuvre considérée comme un « tout de
signification ».
L'objectif de la lecture suivie et dirigée est d'amener
en quatre ans un élève du collège qui ne sait pas lire
seul une oeuvre complète à une pratique autonome de lecture. Il
convient pour cela d'établir une progression souple par
exemple :
- en classe de 6ème, étudier des
oeuvres complètes courtes comme des recueils de contes ;
- en classe de 5ème, aborder des oeuvres
romanesques longues mais de contenu simple et attrayant comme le roman
d'aventures ;
- en classe de 4ème, étudier les
textes de structure plus complexe et à des sujets adaptés aux
centres d'intérêt des apprenants dans la vie ;
- en classe de 3ème, amener les apprenants
à discriminer les différents genres littéraires notamment
le genre romanesque du genre dramatique et affiner leur maîtrise de la
lecture fonctionnelle par un travail approfondi sur les types de lecture
diversifiés.
Par ailleurs, la littérature de jeunesse constitue un
excellent palliatif au manque d'oeuvres. Depuis deux siècles, la
littérature adressée aux adolescents ou que les jeunes ont
reconnue pour leur, est riche de chefs-d'oeuvre. Elle s'est constituée
comme un univers où les thèmes, les personnages, les situations
et les images ne cessent de se répondre.
Ce monde imaginaire, qui vient compléter le monde
réel et permettre de mieux le comprendre, ne s'ouvre ni ne se clôt
avec un texte, ni même avec l'oeuvre d'un auteur. Il faut le rappeller la
littérature adressée aux jeunes ne s'est jamais située en
dehors de la littérature que lisent les adultes.
En revanche, la littérature dite de jeunesse est
simplement celle qui se porte seulement vers les lecteurs qui n'ont pas les
mêmes interrogations sur le sens du monde que celles de leurs parents et
qui n'ont pas non plus la même expérience de la langue.
Il convient par ailleurs de préciser que le trajet de
lecture de l'adolescent de la classe de 3ème doit être
varié et permettre la rencontre des différents genres
littéraires et éditoriaux ordinairement adressés à
l'adolescence (bandes dessinées, contes, poésies, romans et
récits illustrés, théâtre).
Lire deux oeuvres par an en classe de 3ème
nous paraît insuffisant. Cette pratique conduit à renvoyer vers la
famille la responsabilité de former l'adolescent à la lecture des
autres oeuvres. Nous avons indiqué que le milieu socioculturel de
résidence est souvent non lecteur. Dans ce cas précis, nous nous
demandons comment confier au milieu de résidence de l'apprenant une
responsabilité pour laquelle il ne dispose pas de compétences
requises pour l'assumer.
L'idéal serait plutôt de faire lire au moins une
oeuvre par mois ou le cas échéant un livre tous les deux mois aux
adolescents de la classe de 3ème afin qu'ils
acquièrent l'habitude de la lecture car nous avons noté que l'on
ne devient un lecteur qu'en lisant.
Les textes de la collection « Le
caméléon vert » par exemple par leur coût
raisonnable, leur disponibilité dans les librairies et les centres de
lecture en Afrique noire, leur volume et leurs contenus facilement accessibles
aux adolescents peuvent faire l'objet des bibliothèques de classe ou
à défaut des coins lecture dans les classes de
3ème.
Les professeurs dans ce cas pourraient se donner le devoir de
les faire découvrir et les faire aimer par les adolescents de la classe
de 3ème des collèges d'enseignement
général de la ville de Brazzaville. Par ce moyen, ils pourraient
contribuer à stimuler le besoin de lire des adolescents, leur
désir de création, d'échange et de comparaison des
textes.
En somme, le choix des textes doit être bien
pensé car il conditionne un enseignement-apprentissage efficace de la
lecture. A notre avis l'enseignement-apprentissage efficace de la lecture est
induit en partie par la nature de la fiche de préparation écrite.
Nous rappelons que chaque professeur a l'obligation d'en élaborer une
avant toute prestation en classe devant les apprenants, quel que soit la
discipline ou le niveau d'enseignement.
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