L'enseignement de la lecture en Afrique noire. Cas de quelques collèges de Brazzaville( Télécharger le fichier original )par Martin GUIMFAC Université Marien Ngouabi - Diplôme d'études approfondies 1999 |
CHAPITRE V
Nous allons nuancer les résultats que nous venons d'exposer au chapitre IV en étudiant l'effet de chaque variable indépendante (caractéristiques individuelles et contextuelles) que nous avons retenue sur les mêmes résultats. A titre d'exemples les facteurs âge, arrondissement de résidence, profession du père, établissement, classe et type de classe ont bénéficié de notre part du traitement suivant. Nous rappelons que l'application du test F de Fischer Snédecor que nous avons choisi pour le traitement des données77(*), permet de montrer que la différence des moyennes est non significative (NS), significative (S*) ou très significative (S**). Il s'agit de comparer la valeur de F calculée (Fc) à celle de F de référence (Fr). - Si Fc < Fr = 1,96, la différence entre les moyennes n'est pas significative. - Si Fc = Fr = 1,96, la différence entre les moyennes est significative. - Si Fc = Fr =2,58, la différence entre les moyennes est très significative. 1. L'effet de l'âgeL'effet de l'âge sur les variables « oeil et esprit exercés », « capacité à anticiper, à reconstituer » et « entraînement total » montre respectivement que : Premièrement, au test de pré-apprentissage, les apprenants âgés de 17 à 20 ans ont une moyenne de 4,17, supérieure à celle de leurs camarades âgés de 12 à 16 ans (4,14). La différence de ces deux moyennes n'est pas significative. Au test de post- apprentissage, les apprenants âgés de 12 à 16 ans ont une moyenne de 4,31 significativement plus forte que celle de leurs camarades âgés de 17 à 20 ans (4,21). Il est tout à fait possible que l'effet de routine et l'esprit hypothéticoéducatif présent chez les apprenants plus âgés aient joué au départ pour qu'ils réalisent les meilleures moyennes par rapport à leurs camarades moins âgés. Toutefois, au cours de l'année scolaire, la fraîcheur d'esprit, les bonnes prédispositions mentales des apprenants plus jeunes ont dû favoriser l'augmentation du nombre de signes graphiques qu'ils perçoivent à chaque fixation. Il en est de même de l'aptitude à distinguer de plus en plus sûrement les signes graphiques et de la capacité à retenir les groupes de mots qu'ils parcourent en vue de la construction du sens lors de la lecture. La sollicitation permanente des apprenants plus âgés pour des activités extrascolaires parmi lesquelles les tâches ménagères pour les filles âgées, un environnement enclin à la facilité et les pesanteurs psychologiques pourraient constituer les facteurs de régression du travail scolaire des apprenants plus âgés, comme le montre le tableau n° 24. Tableau n° 24 : Distribution des moyennes de la variable « oeil et esprit exercés » selon l'âge
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la variable « oeil et esprit exercés » indique une différence non significative du test de pré-apprentissage (F= 0,20) et une différence significative (F = 2,03) de celui de post-apprentissage. Ces différences trouveront leur explication au chapitre intitulé interprétation des résultats. a)- Test de pré- apprentissage
b)- Test de post-apprentissage
Deuxièmement, une configuration semblable à celle de la variable « oeil et esprit exercés ». En effet, au test de pré-apprentissage, les apprenants âgés de 12 à 16 ans ont réalisé une moyenne de 2,21, inférieure à celle de leurs camarades âgés de 17 à 20 ans (2,34). Mais la différence de ces deux moyennes n'est pas significative. Il est probable qu'au test de pré-apprentissage, seule la maturité mentale des apprenants âgés de 17 à 20 ans ait favorisé leur réussite aussi bien pour le texte à trous que pour le texte puzzle. Au cours de l'année scolaire, la prédisposition des apprenants plus jeunes à se consacrer au travail scolaire peut avoir favorisé leur aptitude à compléter dans le texte les mots qui ont été enlevés et remplacés par des numéros. Il en est de même de leur prise de conscience du fonctionnement d'un texte comme le montrent les résultats du test de post-apprentissage à propos desquels ils ont réalisé une moyenne de 2,97 contre 2,92, celle de leurs aînés. En effet, la prise de conscience de la logique de fonctionnement interne d'un texte conduit à une plus grande compréhension de celui-ci. Tableau n° 25 : Distribution des moyennes de la variable « capacité à anticiper, à reconstituer » selon l'âge
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la variable « capacité à anticiper, à reconstituer » selon l'âge révèle une différence non significative aussi bien du test de pré-apprentissage (F = 1,64) que de celui de post-apprentissage F (0,32). a)- Test de pré-apprentissage
b)- Test de post-apprentissage
Troisièmement, une configuration analogue à celle de la variable « capacité à anticiper, à reconstituer ». En effet, au test de pré-apprentissage, les apprenants âgés de 12 à 16 ans obtiennent une moyenne de 4,62, inférieure à celle de leurs camarades âgés de 17 à 20 ans (4,76). La supériorité de la moyenne des apprenants de la seconde modalité sur celle de la première tient pour l'essentiel du renforcement du raisonnement hypothéticoéducatif qui s'acquiert ordinairement au-delà de 15 ans. Au test de post-apprentissage, les apprenants âgés de 12 à 16 ans réalisent une moyenne de 4,60, supérieure à celle de leurs camarades âgés de 17 à 20 ans (4,57). Nous constatons que les deux moyennes ne sont pas significativement différentes. Tableau n° 26 : Distribution des moyennes de la variable « entraînement total » selon l'âge
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la variable « entraînement total » selon l'âge met en évidence une différence très significative (F = 2,86) du test de pré-apprentissage et une différence non significative de celui de post-apprentissage (F= 0,1). Le passage de la différence très significative (S**) des moyennes du test de pré-apprentissage à celle non significative (NS) des mêmes moyennes du test de post-apprentissage fait remarquer que les moyennes qui étaient très dispersées au départ, ont dû être harmonisées. Cette harmonisation est due à l'amélioration progressive des pratiques pédagogiques car par osmose tout ce qui se fait dans une classe expérimentale est souvent reproduit dans la classe témoin, même si les deux classes appartiennent à des vagues opposées. Dans toutes les circonstances, les apprenants et les enseignants de la classe témoin ont toujours tendance à reproduire dans leur classe ce qui se produit dans la classe expérimentale, surtout lorsque cela semble accroître les performances des apprenants dans une discipline importante comme la lecture. Et lorsqu'il s'agit d'une discipline aussi fondamentale que la lecture, le contraire d'un tel comportement aurait été très surprenant car en Afrique noire les apprenants et les enseignants sont souvent en quête des expériences porteuses de succès. a)- Test de pré-apprentissage
b)- Test de post-apprentissage
Le changement de tendance selon l'âge du test de pré-apprentissage à celui de post-apprentissage fait observer que ce facteur est important dans l'apprentissage de la lecture, ne serait-ce que pour des raisons de motivation. La fonction culturelle de la lecture est à la base du désir de lire de tous. Ce désir est d'autant plus grand pour les adolescents âgés de 12 à 16 ans que le contenu du texte est en harmonie avec leur imaginaire, leur centre d'intérêt et leur attente. Désirant s'identifier aux héros et aux personnages d'aventures et de contes, les adolescents âgés de 12 à 16 ans sont fortement motivés pour la lecture de ces types de textes. D'ailleurs, le désir d'aventures souvent périlleuses a toujours caractérisé les adolescents de cet âge-là. * 77. Cf. supra Chapitre IV intitulé Traitement des données, p.93. |
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