Chapitre II :
Effets biologiques des probiotiques chez l'homme
II.1. Vertus thérapeutiques des probiotiques en
santé humaine :
L'évaluation des probiotiques n'échappe pas
à la règle désormais générale dite de
« l'evidence-based medicine » ou de «
médecine fondée sur les preuves » qui exige que toute
affirmation scientifique soit caractérisée par un niveau de
preuves. Beaucoup des allégations concernant les probiotiques il y a une
vingtaine d'années n'étaient pas fondées sur un haut
niveau de preuve aussi ont-elles été rejetées. Elles ont
même conduit à discréditer l'ensemble du sujet scientifique
aux yeux de beaucoup. Néanmoins depuis cette époque et le
développement de l'approche pharmacologique, les essais de bonne
qualité méthodologique se sont multipliés. Ce sont ces
derniers qui sont analysés dans les paragraphes ci-dessous
(Marteau et Seksik, 2005).
II.1.1. Gastroentérologie :
II.1.1.1. Amélioration de la digestion du
lactose :
Le premier effet démontré avec un haut niveau de
preuve a été l'amélioration de l'intolérance au
lactose et de sa malabsorption par des bactéries lactiques et tout
particulièrement celle du yaourt (Marteau et Seksik,
2005).
Chez les personnes souffrant d'intolérance au lactose,
un déclin de la production de la lactase est observé
au-delà de la petite enfance. La deuxième cause
d'intolérance (intolérance secondaire) est
représentée par les maladies, dont la conséquence est une
réduction de la surface de digestion absorption intestinale ou une
accélération du transit jéjunal, comme les
résections intestinales, les gastro-entérites, la maladie
coeliaque ou les gastrectomies (Izquierdo, 2009).
Les premiers essais ont montré que les sujets
intolérants au lactose toléraient le plus souvent le yaourt qui
pourtant contient bien du lactose. En pratique clinique, le remplacement du
lait par du yaourt conduit à une meilleure absorption et une meilleure
tolérance chez les sujets présentant une intolérance
primaire au lactose (due au déclin physiologique de la lactase avec
l'âge), mais aussi en présence d'intolérance secondaire
à des entéropathies comme au cours de diarrhées
persistantes ou après résection intestinale étendue
(Marteau et Rambaud, 1998).
Plusieurs travaux explicatifs ont montré que la lactase
de bactéries lactiques participait à la digestion du lactose dans
l'intestin. Un travail quantitatif a montré que les sujets
déficients en lactase digéraient (et absorbaient) 90% du lactose
contenu dans 400 g de yaourt et qu'environ un cinquième de la
quantité de lactase présente dans le yaourt parvenait encore
active jusqu'à la toute fin de l'intestin grêle après un
repas (Marteau et Seksik, 2005).
De plus, de nombreuses études ont montré que la
lactase véhiculée par certaines bactéries lactiques,
notamment celle du yaourt dont la membrane est facilement lysée par les
acides biliaires, participait dans l'intestin à la digestion du lactose,
ce qui permet d'expliquer l'excellente digestion du lactose du yaourt (90 %)
chez les sujets déficients en lactase (Marteau et
al., 1990).
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