I.2.4.3. Mécanismes d'action des
probiotiques :
Les mécanismes d'action des probiotiques
impliqués dans les effets bénéfiques exercés par
ces bactéries sur l'hôte sont complexes, souvent multiples et
dépendent de la souche bactérienne considérée. Les
effets des probiotiques sont classiquement attribués à une
modulation directe (du chyme, la flore, ou la muqueuse intestinale) ou
indirecte de la flore endogène ou du système immunitaire local.
Ceci suggère qu'un contact direct de ces probiotiques avec les
différents constituants de la barrière intestinale, tels que la
microflore endogène, le mucus intestinal, les cellules
épithéliales, les immunocytes, est nécessaire
(Ait-Belgnaoui, 2006).
a. Effets directs :
Les effets directs des probiotiques dans la lumière
intestinale ou la paroi sont les plus faciles à étudier et
prédire. L'utilisation des bactéries lactiques
génétiquement modifiées contenant des épitopes
vaccinaux afin de les libérer dans l'intestin, fait l'objet de plusieurs
travaux par les chercheurs. En effet, Les auteurs ont montré que
l'administration orale de Lactococcus lactis
génétiquement modifié pour secréter de l'
interleukine 10 (IL-10), améliorait des colites expérimentales
induites chez l'animal par le dextran-sulfate ou l'invalidation du gène
de l'IL-10 ; une étude humaine est en cours aux Pays-Bas. Ainsi,
plusieurs probiotiques et particulièrement Sc. boulardii ont
des effets directs sur la muqueuse intestinale (Marteau et Seksik,
2005).
b. Effets sur la flore endogène et
indirects par son intermédiaire :
Les effets des probiotiques sur la composition de la flore
endogène sont paradoxalement assez mal connus si l'on excepte la survie
du probiotique lui-même. Il a été montré que
l'ingestion de certaines souches de lactobacilles ou de bifidobactéries
pouvaient modifier de manière reproductible certaines activités
enzymatiques bactériennes fécales, telles que la
ß-glucuronidase, l'azoréductase ou la nitroréductase. Les
tentatives de modulation de la production d'acides gras à courte
chaîne ou du pH intracolique par des probiotiques, sont en revanche
jusqu'ici restées infructueuses (Marteau et Seksik,
2005).
c. Effets sur la barrière muqueuse et
immunologique et effets indirects par cet
intermédiaire :
De nombreuses études réalisées chez
l'animal, ont montré que l'administration orale de divers probiotiques
pouvait moduler la barrière immunitaire muqueuse et/ou
systémique. Les travaux pionniers ont montré que l'ingestion de
très fortes quantités de bactéries du yaourt augmentait la
capacité des lymphocytes du sang circulant à
sécréter diverses cytokines, notamment
l'interféron-ã. Les conséquences cliniques de cet effet
biologique sont douteuses (Marteau et Seksik, 2005).
Plusieurs essais randomisés contrôlés ont
montré que la souche de Lb. rhamnosus GG administrée
à des enfants atteints de gastro-entérite à rotavirus,
augmentait les cellules circulantes capables de sécréter des
immunoglobulines. Au moment de la convalescence, 90% des nourrissons du groupe
recevant le probiotique contre seulement 46% recevant le placebo avaient
développé une réponse anticorps spécifique
immunoglobulines A (IgA) contre les rotavirus. Les mêmes auteurs ont
rapporté que l'immunogénicité d'un vaccin oral
anti-rotavirus pouvait être très discrètement
augmentée par l'administration simultanée de Lb.
rhamnosus GG (Marteau et Rambaud, 1998).
De manière générale, l'hôte
distingue les signaux émis par les micro-organismes grâce à
des récepteurs dits toll-like récepteurs
(TLRs) présents sur les cellules immunitaires et les
cellules épithéliales intestinales. L'ADN bactérien et des
oligo-nucléotides contenant des Cpg non méthylés stimulent
les lymphocytes alors que l'ADN eucaryote et les oligo-nucléotides
méthylés ne le font pas. La stimulation des cellules dendritiques
par l'ADN Cpg est associée à la production de cytokines de type
TH1 (Ait-Belgnaoui, 2006).
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