I.2.4.2. Pharmacocinétique des
probiotiques :
a. Survie :
Dans la mesure où on ignore souvent la nature exacte
des principes actifs, c'est le plus souvent la capacité du
micro-organisme à survivre aux différents étages du tube
digestif qui est étudiée (tableau 3)
(Marteau et Rambaud, 1998).
Les concentrations de probiotiques parvenant vivants dans
l'intestin dépendent de leur résistance intrinsèque, de
facteurs liés à l'hôte et du vecteur alimentaire ou
galénique dans ou avec lequel ils sont ingérés
(Marteau et Seksik, 2005). Plusieurs études ont
montré que certains probiotiques sont détruits dès leur
passage dans l'estomac par l'acide gastrique et par la bile, alors que d'autres
traversent l'intestin grêle et parfois le côlon à hautes
concentrations (Roy, 2006).
La survie des probiotiques ingérée à
différents niveaux du tractus gastro-intestinal diffère entre les
souches. Elle peut être mesuré in vivo en utilisant des
techniques de collection fécale et d'intubation intestinale, ou
identification de la souche sur des biopsies mucosales. En effet, tout les
modèles in vitro peut aider à prédire le destin
des souches ingérées (Marteau, 2001).
Tableau 3. Pourcentage de récupération de
probiotiques vivants dans les selles après leur ingestion (Marteau et
Rambaud, 1998).
Probiotiques
|
% de survie*
|
Référence
|
Bifidobactérium sp.
Lb. plantarum souche NCIB 8826
Lb. acidophilus
Lb. rhamnosus souche GG
- gastroprotégé
- lait fermenté
- capsules
Lb. salivarius souche UCC118
Lactococcus lactis TC 165.5
Sc. boulardii
Lb. reuteri capsules
|
30
25
2-5
1-5
1
1
2
0,2
0,1-2
0,36
0,01
|
Gastroenterology 1992 ; 102 : 875-8
Résultat personnel
J Dairy Sci 1978 ; 61 :1-10
Dig Dis Sci 1992 ; 37 : 121-8
Microb Ecol Health Dis 1993 ; 6 : 119-22
Microb Ecol Health Dis 1993 ; 6 : 119-22
Int J Food Microb 1995 ; 25 :199-203
Résultat personnel
Appl Environ Microbiol 1995 ; 61 :2771-6
Biopharm Drug Disp 1989 ; 10 : 353-64
Microb Ecol Health Dis 1995 ; 8 : 41-50
|
* résultat calculé
à partir d'un poids de selles théorique de 150 g/jour.
La récupération fécale des
bactéries semble être directement proportionnelle à la dose
administrée. La persistance dans les fèces semble dépendre
du nombre de doses de bactéries administrées plutôt que du
nombre de bactéries dans une dose. Des survies significatives bien que
plus faibles atteignant des concentrations de 106 Unité
Formant Colonies par gramme (UFC/g) ont été observées avec
des Lb. acidophilus, Lb. reuteri et Lb. rhamnosus
particulièrement la souche GG (Marteau et Seksik,
2005).
b. Capacité d'adhésion :
Aujourd'hui, la capacité des souches à
adhérer à la muqueuse intestinale est l'un des principaux
critères de sélection, ainsi, selon plusieurs études
pharmacocinétiques cliniques, il semble que la culture probiotique doit
être continuellement ingérée pour qu'un effet probiotique
exogène continu soit obtenu (Izquierdo, 2009).
Certains probiotiques ont une capacité
d'adhérence à l'épithélium digestif, ce qui peut
être étudié in vitro avec des lignées
cellulaires telles que CaCO2 (une lignée cellulaire humaine
d'origine intestinale), et/ou au mucus intestinal. Cette
propriété pourrait constituer un avantage écologique
favorisant les chances d'interrelations étroites avec
l'épithélium entérocytaire et le système
immunitaire local (Marteau et Rambaud, 1998). Par
conséquent, les méthodes d'études in vivo sont
difficiles à étudier, puisque cela nécessite des biopsies
de l'intestin ou des méthodes de marquage des souches probiotiques
permettant d'évaluer leur installation dans la muqueuse intestinale
(Izquierdo, 2009).
c. Colonisation :
La colonisation est définie comme la possibilité
du probiotique de persister dans une niche d'écosystème pour une
période plus longue que celle qu'un marqueur inerte ingéré
au même moment (Marteau et Seksik, 2005).
La possibilité d'une colonisation durable de
l'écosystème digestif par un probiotique était
jusqu'à peu considérée comme impossible en raison d'un
grand déséquilibre de force en faveur de
l'écosystème endogène. La majorité des travaux a
confirmé ce concept. Néanmoins, deux études ont
montré que des souches adhérentes de Lb. plantarum et
Lb. rhamnosus pouvaient coloniser de manière prolongée
la muqueuse jéjunale et/ou rectale chez quelques sujets (Marteau
et Rambaud, 1998). Les probiotiques pourraient agir en limitant
l'implantation des germes pathogènes par compétition au niveau
des sites de fixations pour la colonisation (Robin et Rouchy,
2001).
d. Pouvoir d'inhibition :
Les lactobacilles et les bifidobactéries ne sont pas
connus pour produire des antibiotiques. La plupart, sinon toutes les
bactéries, sont capables de produire des molécules qui peuvent
être inhibitrices pour elles-mêmes et/ou pour d'autres
bactéries. Les substances à effet bactéricide produites
par les bactéries sont variées et comprennent le peroxyde
d'hydrogène,
l'acide lactique, les acides organiques et les
bactériocines. Il serait le plus souhaitable, pour le futur, de mettre
sur pied une fiche technique exhaustive énumérant les souches
cibles de chaque bactériocine connue (Roy, 2006).
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