3. CROISSANCE ENDOGENE
Le modèle de Solow n'explique pas la croissance, il
signalait simplement que grâce au progrès technique, la croissance
peut perdurer. Pour le tenant de la théorie de la croissance
endogène, le progrès technique ne tombe pas du ciel. La
croissance est ainsi assimilée à un phénomène auto
entretenu par accumulation de quatre facteurs principaux : la technologie,
le capital physique, le capital humain et le capital public. Le rythme
d'accumulation de ces variables dépend de choix économiques,
c'est pourquoi on parle de la théorie de la croissance endogène.
Cette théorie à été publiée pour la
première fois par PaulROMER(1986) qui a cependant
renouvelé l'analyse en proposant un modèle qui repose sur les
phénomènes des externalités entre les firmes : en
investissant dans nouvel équipement, une firme se donne les moyens
d'accroitre sa propre production mais également celles des autres firmes
concurrentes ou non. Pour Romer, le changement technique sera d'autant plus
intense que les innovateurs espéreront en tirer un profit important. Le
progrès technique n'est pas exogène, il est produit.
Pour cet auteur, l'économie est composée d'un
secteur qui produit le bien final, qui est utilisé pour consommer et
investir. Ce secteur va utiliser différents machines. La création
d'une idée nouvelle sera la création d'une nouvelle machine. Le
bien final est produit avec la fonction :
Y=Lp1-á iá di avec 0 1
Où LP est le travail utilisé pour la
production. xi est la quantité de bien i utilisée dans
la production et A est la diversité des biens intermédiaires(ou
encore des machines). Il faut bien comprendre que dans ce modèle la
croissance repose sur cette fonction. L'augmentation de A, par hypothèse
augmente la productivité globale des facteurs. En suite
LUCAS (Prix Nobel en 1995), qui a montré l'importance
du capital humain désigné comme l'ensemble des capacités
apprises par les individus et qui accroissent leur efficacité
productive. L'éducation est un investissement dont l'individu attend un
retour. En fin BARRO, qui a démonté que le
capital public n'est qu'une forme de capital physique. Le capital public
comprend également les investissements dans les secteurs de
l'éducation et de recherche. En dehors de ce trois auteurs nous avons
aussi MANKIW-ROMER-WEIL(MRW)quipostulent que,l'accumulation
des facteurs classiques, à deux seuls ne suffitpas à expliquer
toute la problématique de la croissance. D'où, l'adoption d'une
vision plus large du capital en considérant le capital humain, de
manière distincte. En introduisant ce nouveau facteur, la PTF diminue,
intuitivement, sa part dans l'explication de la croissance c'est le
fameux « résidu de Solow corrigé ».
Cette extension du modèle de Solow implique donc que la part du revenu
du capital physique ne peut pas être, toute seule, une mesure
précise de l'importance globale du capital. Une mesure plus large du
capital augmente la possibilité que des différences de
l'intensité du capital puissent expliquer, après des
différences de revenu par tête entre pays. Pour eux :
a. la croissance provoque l'accumulation du facteur
résiduel qui, lui-même, suscité la croissance. En d'autres
mots, la recherche du profit maximum explique la course au progrès
technique, et cette course explique elle-même la croissance
économique.
b. alors que les classiques et les néoclassique partent
de l'hypothèse des rendements constants et, dès lors, la
croissance peut être un phénomène auto entretenu.
c. d'après les économistes modernes, quatre
idées-forces sont à retenir :
· le moteur de la croissance, ou « le
facteur résiduel » provient essentiellement de l'accumulation
de connaissance ;
· l'accumulation du capital humain est aussi, un domaine
qui influence au plus haut degré la croissance économique. Pour
ROBERT LUCAS, le stock de connaissances ou en d'autres mots, le capital humain,
est un facteur endogène de croissance ;
· les dépenses d'infrastructures publiques
constituent elles aussi et d'après les modernes un élément
déterminant de la croissance économique ;
La formulation mathématique de leur modèle se
présente comme suit
Y=
KáHâ
(AL)1-á-â , á, â á +â (11)
Où K est le stock du capital physique, H le stock de
capital humain et L le nombre de travailleurs. Les rendements de K, L et H sont
considérés constants. Il faut noter que dans ce modèle, le
progrès technique est neutre au sens d'Harrod.
Puisque les dépenses publiques induisent la croissance
économique, il est indiqué qu'on a maintenu à un niveau
significatif, cela, même en période de crise et de conjoncture
difficile ; Keynes l'avait déjà dit : l'investissement
public est nécessaire à la croissance. Dès lors, il faut
que les gouvernements résistent à la tentation de détruire
les dépenses d'investissement en période de la crise, sous le
prétexte de pouvoir in contenir les dépenses courantes.
Rappelons que, pour les classique et les néoclassiques,
le progrès technique et la population étaient des
déterminants exogènes ? Ainsi donc, la croissance ne s'auto
entretenait pas et ne constituait pas un processus cumulatif.
Les modernes, eux affirment que les déterminants de la
croissance sont endogènes. L'économiste qui a le plus soutenu les
idées nouvelles de la théorie des effets externes,
aux « externalités » et puisent copieusement
dans la pensée de SCHUMPETER (innovation, esprit d'entrepreneuriat,
etc.).
Tout en s'intéressant épisodiquement les
économistes RAMSEY (1918), YOUNG(1928), SCHUMPETER(1934), KORIGNT(1944),
la problématique de la croissance disparait du devant de la scène
pendant une longue période où l'allocation des ressources (et non
leur création) deviennent le principal objet de curiosité des
économistes (Walras, Keynes, Debreu...). Malgré tous, les travaux
ont donné lieu à un corps de théorie modernes de la
croissance, assez élémentaires, partageant un certain nombre de
caractéristiques communes :
· Des comportements concurrentiels ;
· Une dynamique d'équilibre ;
· L'analyse du rôle de rendements
décroissants et de leur relation avec l'accumulation du capital physique
et du capital humain ;
· L'analyse de la relation entre le revenu par
tète (per capita) et le taux de croissance de la population ;
· Et plus récemment, l'analyse du rôle du
progrès technique et d'influence des monopoles sur ce progrès.
Le travail précurseur de Ramsey(1928) est en fait
resté ignoré jusqu'aux années 1960. La
problématique de la croissance n'a été vraiment
ravivée que plus tard par les travaux de Keynes Harrod(1939) et
Domar(1946).
Etant réalisés après la grande
dépression, ces travaux ont surtout mis l'accent sur
l'instabilité du système capitaliste.
Le nouveau récent des théories de la croissance
hérite surtout des modèles néo classique de Solow et de
consommation de type plutôt Keynésien. Les implications `une
vision Keynésienne de l'économie pour l'analyse de la croissance
apparaissent plus clairement dans le post Keynésien de KALDOR
(1955-1956).
La réintégration du modèle de Ramsey a
permis de considérer un comportement de consommation plus riche.
En résumé, l'approche moderne de l'analyse de la
croissance économique affirme que, le facteur résiduel est
endogène, que l'équilibre de la croissance économique peut
se réaliser en plein emploi, que le processus de la croissance est
endogène ment cumulatif.
|