I.2.3. REACTIONS DU SECTEUR PRIVE
A de faibles niveaux de revenu, l'investissement
des ménages agricoles est en premier lieu déterminé par
des besoins de survie. Tant qu'un minimum de sécurité alimentaire
n'est pas atteint, les décisions d'investissement sont
caractérisées par une forte aversion contre le risque et par une
préférence pour les résultats rapides qui peuvent aller
à l'encontre de la durabilité et de l'efficacité. A des
niveaux de revenus plus élevés, les ménages d'agriculteurs
peuvent être hautement réceptifs aux incitations
extérieures. Malgré la quantité de données requises
et les problèmes d'interprétation, quelques études sur les
création du secteur privé à un environnement favorable
crée par les interventions des pouvoirs publics ont été
publiées de temps à autres (BINSWANGER,1989 ; craig, pardey
et Roseboom, 1994). Des études transnationales montrent que la
production agricole et la demande de facteurs de production réagissent
à des améliorations apportées dans divers domaines
(santé humaine et éducation, recherche et vulgarisation,
densité des réseaux routiers, nombres des filiales de banques
rurales etc.) et que ces réactions sont significatives sur le plan
statistique. Les analyses de l'investissement du secteur privé dans des
services et installations avant et après récoltes sont plus rares
et cette question mériterait une étude plus approfondie. Les
données dont dispose laissent penser que les services de soutien
privés répondent de façon plus modérée
à une infrastructure et à un cadre général
favorables et que la production agricole est fortement stimulée par la
disponibilité de ces services.
Bref, la littérature ci-dessus, montre les
contributions qui devront être apportées par les secteurs
privés et publics, ainsi que le rôle de l'aide
extérieure.
L'étude WAT 2010 base ses projections de la production
agricole sur la demande effective projetée, sur la structure de
production et le patrimoine naturel des différentes régions du
monde. On obtient ainsi un modèle mondial qui peut être
utilisé, comme l'avons fait ci-après, comme première
approche permettant de prévoir les investissements agricoles requis.
Etant donné que les ressources, naturelles mondiales sont soumises
à une pression croissante et que les bonnes terres inexploitées
se font rares, la croissance agricole devra reposer de plus en plus sur
l'intensification des cultures, qui est synonyme d'investissements. Les
personnes vulnérables sur le plan alimentaire, encore nombreuses, n'ont
pas les moyens d'acheter des aliments ; leur demande s'ajoute à
celle prise en compte dans le modèle WAT 20103 et rend encore plus
complexes les estimations sur les investissements requis et sur leur
orientation.
En outre, l'investissement n'aura pas pour seul objet de
soutenir la croissance de la production agricole, il devra aussi garantir
l'exploitation durable des ressources.
Par ailleurs, la croissance démographique se ralentit
dans le monde entier et si les revenus augmentent, la demande alimentaire
effectivement ne s'accroit pas dans les mêmes proportions. La technologie
continue à progresser et tend à réduire les besoins
d'investissement par unité de production. On ne sait pas très
bien quelles seront les implications pour les besoins nets d'investissements
agricoles, d'autant que les ressources ne sont pas systématiquement
comptabilisées, mais il est certain que la qualité et la
composition de l'investissement doivent changer radialement pour
refléter le nouvel environnement économique qui s'est
dessiné au cours des 20 dernières années et qui a
été caractérisé par l'ajustement structurel, par
l'ouverture de l'économie mondiale et par une évolution
alimentaire mondial.
|