3.3.7 Les engrais chimiques
La question des engrais chimiques a été
étudiée pendant plus de dix ans dans les années 1980 par
le Programme National Engrais (PNE) soutenu par la FAO (sur financement belge)
et le SENAFIC. Pour la plupart des cultures, une bonne réponse aux
applications d'engrais a été trouvée. Mais le coût
des engrais chimiques pose des problèmes. Leur importation au Congo
ainsi que leur acheminement auprès des utilisateurs sont très
onéreux. D'autre part, le secteur privé est peu ou pas
intéressé par ce commerce, le marché étant trop
restreint et trop instable. Dans le passé, l'instabilité
politique et monétaire constituait une contrainte principale.
Aujourd'hui, la stabilité macro-économique est de nouveau propice
à l'importation des engrais chimiques. Pour certaines cultures
à haute valeur, comme les cultures industrielles (en plantation), les
cultures maraîchères et peut-être le coton, l'application
d'engrais pourrait s'avérer rentable.
Mais on peut déjà avancer beaucoup en pratiquant
une jachère améliorée à légumineuses ou
à arbustes comme Sesbania, Tephrosia, Glyricidia, Cajanus, Crotolaria,
en utilisant le mulch venant d'ailleurs (bords des champs, brousse) (p.ex.
Tithoniadiversifolia) et en utilisant le phosphate naturel finement moulu
(Sanchez, 2002). En bref, une gestion intégrée de la
fertilité des sols s'impose.
Dans l'avenir, l'utilisation des engrais chimiques va de plus
en plus s'imposer, étant donné la nécessité
d'intensifier la production agricole et de préserver la forêt
équatoriale et les ressources naturelles.
Il faut noter que d'importantes réserves de phosphate
naturel se trouvent dans le sous-sol du Bas Fleuve, près de Moanda, que
d'importantes réserves d'engrais organiques (guano) se trouvent dans les
grottes du Mont Hoyo dans la province du Nord Kivu, et que d'énormes
réserves de gaz méthane sous le lac Kivu pourraient donner lieu
à la production d'urée synthétique. A long terme, le
Congo pourrait devenir un important producteur d'engrais chimiques. Seuls les
engrais potassiques devraient être importés.
3.3.8 Le crédit agricole
L'expérience avec le crédit agricole en RDC n'a
pas été positive, surtout à cause de l'instabilité
politique et économique. Aussi bien la SOFIDE que sa branche agricole,
la SOFIDAG n'existent plus. La Banque de Crédit Agricole a fait
faillite. Les coopératives d'épargne et de crédit
(COOPEC, COOCEC) se sont développées rapidement pendant les
années 1980 (Hirsch, 1971; Müller, 1987), notamment au Bandundu et
au Bas Congo. Dans les années 1970, l'USAID a financé avec un
succès mitigé un système de crédit agricole au Bas
Congo (Projet Crédit Agricole Contrôlé). Tout le monde
s'accorde aujourd'hui pour dire que les institutions de micro finance sont
importantes en RDC; c'est ainsi que le micro crédit de type informel est
aujourd'hui promu par pratiquement toutes les ONG, les banques de
développement et les projets agricoles. Avec la stabilité
macro-économique, la "micro finance" a de nouveau sa place en RDC et
devrait faire partie intégrante de tout projet ou action de
développement. C'est un levier très important pour mobiliser des
investissements agricoles productifs.
Le défi est vraiment de drainer l'épargne -
même les plus pauvres épargnent de temps à autre - vers des
investissements agricoles productifs. L'expérience nous enseigne qu'en
Afrique, la plupart du temps, l'épargne rurale peut être
très importante et est drainée vers les villes pour des besoins
de consommation directe. Mais il y a un manque important de
spécialisation et de professionnalisation des personnes travaillant dans
le secteur (TRIAS, 2003). La rentabilité et la pérennité
sont importantes mais souvent négligées. Le groupe cible attend
souvent des ONGs des dons et n'est pas prêt à rembourser les
crédits octroyés. A noter que la Banque Centrale a entamé
un processus d'assainissement (e.a. le cadre légal) dans ce domaine, ce
qui parait nécessaire.
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