II. 2- L'impact social de la PER
au Cameroun
Analyser l'efficacité de la PER revient à se
poser la question de savoir si elle réalise sont but ultime qui est la
prévention des conflits entre les groupes ethniques qui constituent la
société camerounaise. Et ce, grâce à la
redistribution des biens et charges dont regorge la société
camerounaise. Pour ce faire, il importe de s'intéresser aux indicateurs
de performance de cette politique pour juger si les objectifs du programme de
la PER ont été atteints. Ainsi peut-on constater de par ces
indicateurs de performance la répartition des postes
politico-administratifs entre les communautés ethniques du Cameroun
comme le démontre le tableau ci-après :
Tableau indiquant la Répartition des postes
ministériels entre les communautés ethniques au
Cameroun
No
|
Ethnie et/ou région d'origine
|
Nombre de postes
|
Pourcentage
|
1
|
Anglophone (nord-Ouest)
|
4
|
6,78
|
2
|
Anglophone (Sud-Ouest)
|
4
|
6,78
|
3
|
Bamiléké + Bamoun (Ouest)
|
4
|
6,78
|
4
|
Bassa (ancienne Sanaga Maritime
|
2
|
3,39
|
5
|
Béti (Centre [sauf Bassa], Sud, Est)
|
26
|
44,07
|
6
|
Grand Nord
|
15
|
25,42
|
7
|
Sawa (Douala, Mbo, et assimilés)
|
4
|
6,78
|
|
|
TOTAUX
|
59 100
|
Bien que ce tableau présente un
déséquilibre de répartition entre les différents
groupes ethniques qui y sont répertoriés, il faut noter qu'il
répond précisément aux préoccupations des
appartenances identitaires qui, ici, se posent en terme de la présence
d'au moins un de leur ressortissant dans les hautes sphères de
l'État. D'où la considération de celui-ci comme un
indicateur de performance en ce qui concerne les résultats palpables de
la PER dans la société camerounaise.
Evaluer en outre, l'impact de la politique publique de la PER
consiste à en mesurer les conséquences pour la
société et à s'interroger sur leurs caractères
bénéfiques. Dans ce sillage, s'inscrit la garantie du lien social
et de la stabilité politique de l'état du Cameroun. Alors que le
lien social repose sur la justice, la stabilité quant à elle fait
référence à l'équilibre social. En somme, l'impact
de la politique publique de la PER dans la société camerounaise
peut être résumé en termes d'harmonie dans les relations
interethniques, et de stabilité politique de la société
camerounaise. En effet, bien que ce pays d'Afrique centrale peut-être
considéré à juste titre, de par ses multiples clivages
ethniques, comme un véritable laboratoire des tensions interethniques
qui minent l'Afrique, ces tensions n'ont jusqu'ici pas encore
débouché sur une escalade de la violence à l'échelle
nationale comme cela est observé partout ailleurs dans les pays qui ont
la même trajectoire sociopolitique que le Cameroun.
Notre analyse visait au cours de cette seconde partie
à comprendre si la PER réunit tous les arguments
nécessaires à même de prévenir une implosion de la
société Camerounaise. C'est ce qui nous a amené tour
à tour à évoquer les réponses sociales de la PER
suite aux revendications ethniques et la capacité de cette justice
politique a atteindre sa finalité qui est celle de prévenir les
conflits interethniques au Cameroun. Il en ressort que la pluriethnicité
de la société camerounaise impose, pour une gestion harmonieuse
de celle-ci, que l'on reconnaisse les communautés ethniques qui y
existent publiquement, et que l'on procède à une juste
répartition des biens et des charges sociaux entre celles-ci. Les
tensions interethniques étant en grande partie dues à la sous
représentation ou à la non représentation de certains
groupes ethniques dans les sphères politico-administratifs de
l'État. Si la distribution égalitaire des biens et des charges
entre les différents groupes ethniques du Cameroun est a priori
impossible vu leur grand nombre, l'arbitrage des revendications concurrentes
entre ces groupe doit en revanche permettre l'accès de tous ceux-ci au
même titre aux avantages sollicités pour prévenir les
confrontations entre eux : condition sine qua non de la pacification des
relations interethniques au sein des sociétés pluriethniques.
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