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Justice politique et prévention des conflits dans les sociétés pluriethniques: cas de la politique de l'équilibre régional au Cameroun.

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par Alain Patrick YODOU SIBEUDEU
Université catholique d'Afrique centrale - Master II en sciences sociales, option: gouvernance et actions publiques 2011
  

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II. 2- Le but politique de la PER et la prévention des conflits interethniques

Le traitement différencié des communautés ethniques constitue l'un des principaux arguments de la PER dans sa lutte pour la prévention des tensions interethniques. Ainsi comprise, cette forme de justice politique fonctionne dans son système des quotas par exemple, selon le principe de la discrimination positive. Autrement dit, elle intègre, des mesures destinées à permettre le rattrapage de certaines inégalités en favorisant certains groupes ethniques par rapport aux autres. Ce qui est cependant susceptible d'engendrer des frustrations du type de l'inadmissibilité des membres d'un groupe ethnique à une institution ou à des postes administratifs même s'ils possèdes des qualifications académiques meilleures pour des raisons de la prévention des revendications qui peuvent aboutir à un affrontement entre les groupes ethniques. D'où le conflit entre le droit qui veut que toutes les communautés ethniques puissent avoir accès à toutes les institutions ou postes administratifs de leur choix, et la PER qui veut, elle, réaliser son but qui est celui de la représentation de tous ces groupes ethniques au sein des institutions administratives, et par ricochet, de la prévention des conflits entre les différents groupes ethniques de l'État du Cameroun.

La préoccupation dès lors est de savoir s'il est légitime de sacrifier les dispositions légales sur l'autel des buts politiques. À ce sujet, la réponse est celle de pouvoir distinguer les situations où la justice doit être appliquée arithmétiquement (but juridique) et celles où elle doit être simplement géométrique (but politique). Ce qui stipule que l'on peut, dans certaines situations, pour aller dans le même sens que Mbonda qui reprend le philosophe juriste américain Ronald Dworkin, admettre qu'une politique défavorise certains groupes pour en soutenir d'autres, à condition qu'elle ait pour objectif de réaliser l'idéal d'égale attention due à tous les groupes. Donc l'égalité, c'est-à-dire « le droit à un traitement égal », (qui est le droit à une répartition égale de chances), peut être limité au nom de l'égalité : le droit « d'être traité comme un égal89(*) » (qui est le droit d'être traité avec le même respect et la même attention que qui que ce soit d'autre). Une politique qui fixe pour chaque région les pourcentages de candidats pouvant être admis aux concours de la fonction publique, et qui s'efforce d'assurer une certaine représentativité des régions ou même des ethnies dans le gouvernement et les plus hautes fonctions de l'État comme à la PER au Cameroun, est, dans le principe, une politique juste du point de vue du droit et efficace du point de vue de la politique de la sauvegarde de la paix. Reste à indiquer les éléments factuels de cette efficacité dans la prévention des conflits entre communautés ethniques au Cameroun.

* 89 (Cf.) Monda, Op.Cit., p. 80.

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