CHAPITRE 3.-ETUDE DE CAS :
LE PARC DE CARACOL DANS LE NORD-EST D'HAITI
La Banque Interaméricaine de Développement (BID)
a finement analysé la possibilité de fournir une aide
financière au Gouvernement d'Haïti (GOH) pour aménager ce
parc qui sera localisé dans la commune de Caracol, département du
Nord-est. Les activités économiques dans cette commune,
peuplée en 2008 de 7,850 habitants (IHSI, 2009), sont la
production de sel marin, la pêche et l'agriculture. On y retrouve
environ 300 parcelles de bonnes terres agricoles dont la plupart de superficie
comprises entre 0.5 et 1.0 hectares entièrement ou partiellement dans
les limites du parc, qui seront endommagées par la construction. Il
existe encore une quarantaine de parcelles voisines du parc qui seront
également susceptibles d'endommagement en fonction de la
nécessité de construire ou d'élargir des routes
d'accès. Les propriétaires et les travailleurs de ces terrains
(qui relèvent du domaine privé de l'Etat) ont été
dédommagés. L'Unité Technique d'Exécution (UTE) du
Ministère de l'Économie et des Finances d'Haïti a retenu une
firme américaine pour procéder à une Etude des Impacts
Environnementaux et Sociaux (EIES) de l'aménagement du parc, et pour
préparer un rapport d'envergure d'un Plan d'Action de
Réinstallation (PAR) des personnes déplacées.
Disons dès maintenant que le plus grand risque
environnemental identifié est celui de la fragilité de la Baie de
Caracol. Toutes les eaux de drainage du parc industriel et des zones de
développement prévues autour du parc finiront par se
déverser dans la baie. Au cours de notre étude, nous avons
déterminé qu'il s'agit d'un écosystème côtier
unique, productif et précieux. Même si les eaux usées du
parc sont traitées, diverses autres menaces, liées au
développement du parc industriel sur ce site, pourraient mettre cet
écosystème en péril. Bien que l'importance de
l'écosystème de la baie de Caracol ait été reconnue
par des organisations nationales et internationales, à ce jour, peu
d'études scientifiques ont été menées à son
sujet
3.1.-Présentation du
projet
La décision de situer le parc dans la région du
nord, prise bien avant le séisme du 12 janvier 2010, fait partie de la
politique de décentralisation et de relance de l'économie
haïtienne, qui cherche à réduire la congestion dans la
région métropolitaine de Port-au-Prince et de répandre des
opportunités économiques et des investissements dans d'autres
régions. La région du Nord, et surtout le long du corridor entre
Cap-Haïtien et Ouanaminthe, a été choisie en fonction de la
qualité de la route nationale # 6 ou route internationale, la
présence du port de Cap-Haïtien et sa proximité à la
frontière dominicaine, qui offre non seulement accès à
Puerto Plata et autres ports de la région mais aussi la
possibilité de tirer de nouveaux bénéfices de la
collaboration transfrontalière, surtout dans la confection de
vêtements (Koios, 2011).
Fig 2.- Contexte de localisation du
site
Le site du Parc industriel occupera une superficie 243
hectares dans la commune de Caracol, juste à l'est de la route de
Caracol, entre les villages de Chambert au sud, Fleury et Boue à
l'ouest, et Volant à l'est. Le projet a avant tout été
conçu pour faciliter les investissements d'entreprises de fabrication de
vêtements, nationales et internationales, ainsi que ceux d'autres
entreprises d'industrie légère, attirées non seulement par
les préférences tarifaires généreuses et
l'accès aux marchés accordés par les États-Unis,
mais aussi par la main-d'oeuvre bon marché disponible en Haïti.
Pour les raisons détaillées ci-dessous, le Gouvernement
d'Haïti, de concert avec les bailleurs de fonds partenaires, a
établi les conditions pour le développement du parc. Celui-ci
doit donc :
· Être situé dans la zone comprise entre
Cap-Haïtien et Ouanaminthe;
· Être développé sur un terrain
appartenant déjà au gouvernement d'Haïti;
· Appartenir à l'État et être
géré par une entité publique devant être
désignée ultérieurement.
Sur la base d'estimations des besoins en locaux industriels
dans la région et du financement probablement disponible, les
consultants ont donc recommandé un parc de 150 hectares, à
développer en 2 phases sur deux(2) zones d'environ 75 hectares chacune,
accompagné d'une zone tampon d'environ 100 ha. Compte tenu de l'espace
requis pour l'infrastructure (routes, clôtures, centrale
électrique, installations de traitement des eaux usées, et
réseaux d'électricité, d'eau et d'assainissement),
chaque phase du développement devrait ainsi fournir environ 60 hectares
de surface constructible sur lesquels quelque 420,000 mètres
carrés de bâtiments pourraient être construits.
L'évaluation de préfaisabilité a conclu que le projet
serait très avantageux, non seulement pour la région nord
d'Haïti, mais aussi pour l'ensemble du pays. Les avantages attendus
comprennent :
· La création d'environ 2.800 emplois dans le
secteur du bâtiment (pouvant durer de 3 à 7 ans) ;
· La création, au long terme, d'environ 40.000
emplois à temps plein;
· La création, au minimum, d'un nombre
équivalent d'emplois indirects (les emplois dans les entreprises
fournissant des biens et services au parc et à ses locataires) et
induits (les emplois dans les entreprises fournissant des biens et des services
aux personnes employées directement ou indirectement par le parc), soit
un total de 80.000 emplois additionnels, directement attribuables au parc ;
· La fourniture de moyens de subsistance à environ
500.000 personnes, soit 5 % de la population;
· Environ 360 millions de dollars de revenus annuels
additionnels, directement attribuables au parc, pour les citoyens haïtiens
(représentant environ 5 % du PIB en 2007) ;
· Des recettes fiscales supplémentaires
estimées à plus de 60 millions de dollars par an, provenant des
impôts sur les revenus de la direction et du personnel technique du parc
et de la TVA sur les achats des employés directs et indirects ;
· La possibilité de créer un pôle
industriel vraiment compétitif et durable, fondé sur des
processus nationaux d'augmentation de la valeur ajoutée, et capable non
seulement de prospérer sur des marchés internationaux aux
conditions changeantes, mais aussi de survivre à l'érosion ou
à l'élimination de l'accès préférentiel au
marché américain.
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