Section 2.-Les tendances
autour du principe de participation publique
2.9.-Les arguments
favorables
La littérature sur la participation citoyenne dans
l'EIE met en lumière quatre (4) principaux arguments favorables :
(2.1) soutenir le développement d'une société
démocratique; (2.2) renforcer le pouvoir d'agir des
communautés; (2.3) intégrer les valeurs et
connaissances des citoyens dans l'EIE; et (2.4) formuler des
recommandations durables. Nous discutons plus en détail de ces
quatre avantages dans les sections qui suivent.
2.9.1-Soutenir le
développement d'une société démocratique
L'une des raisons invoquées pour soutenir la
participation citoyenne en EIE est que cela rejoint les valeurs de base d'une
société démocratique. En effet, les citoyens ont le droit
de se prononcer sur les impacts éventuels des politiques, des programmes
et des projets sur leur santé. Ce sont eux qui devront vivre, sur une
base quotidienne, les conséquences de ces décisions (Bauer
et Thomas, 2006, p. 501). Par le fait même, la participation
citoyenne permettrait de redresser un certain déficit
démocratique (Northridge et Sclar, 2003, p. 120; Wright et al.,
2005, p. 58), c'est-à-dire le manque de transparence et de
légitimité dont souffrent les gouvernements actuels que l'on peut
imputer à la complexité de fonctionnement des institutions et aux
processus décisionnels souvent inaccessibles aux citoyens.
L'EIE devient ainsi un mécanisme de
démocratisation des processus décisionnels (Cole, Shimkhada
et al., 2005; Elliott et Williams, 2004), voire un catalyseur de renouveau
démocratique (Mahoney et al., 2007, p. 230). Une EIE
favorisant la participation citoyenne permettrait ainsi de revitaliser les
liens entre le gouvernement, ses institutions et les citoyens; d'établir
une meilleure redistribution du pouvoir; et de renforcer la
légitimité du processus décisionnel (Parry et Wright,
2003; Elliott et Williams, 2008). Cette démarche permettrait
également d'intégrer des préoccupations
d'équité et de justice sociale dans l'EIE en mettant à
contribution des individus et des groupes qui sont souvent exclus ou
marginalisés (Northridge et Sclar, 2003, p. 120).
2.9.2.-Renforcer le pouvoir
d'agir des communautés
Dans le même ordre d'idées, la participation
citoyenne en EIE contribuerait au renforcement du pouvoir d'agir des
communautés (Dannenberg et al. 2006 ; den Broeder, Penris et
al., 2003 ; Gillis, 1999 ; Parry et Kemm, 2005). Cette
idée constitue d'ailleurs l'une des idées centrales des
déclarations contemporaines sur la promotion de la santé, que
l'on pense à la Déclaration d'Alma Ata (1978), à la Charte
d'Ottawa (1986), à la Déclaration de Jakarta (1997) ou encore
à la Charte de Bangkok (2005). Toutes ces déclarations mettent en
lumière le besoin d'une plus grande dévolution des pouvoirs
décisionnels vers les communautés. Celles-ci seraient capables de
prendre en main leurs destinées et d'assumer la responsabilité de
leurs actions en matière de santé.
En participant à une EIE, la communauté se
trouve à jouer un rôle actif dans la prise de décisions qui
affecteront la vie de ses membres. Wright et ses collègues (2005,
p. 58) soutiennent que la participation en EIE nourrit le sentiment que
les préoccupations des citoyens font partie intégrante de la
formulation de politiques publiques. De plus, les communautés
deviendraient les auteurs ou coauteurs des transformations politiques, sociales
et économiques susceptibles d'affecter leur vie (Elliott et
Williams, 2008, p. 1112).
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