La place de l'Afrique centrale dans l'architecture de paix et de sécurité africaine (APSA)( Télécharger le fichier original )par Rahim Jhan NGUIMBI Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2, contentieux international 2012 |
B. Les principaux écueils et limites institutionnelsParmi les écueils et limites institutionnels, nous pouvons relever tout d'abord, l'insuffisante opérationnalité des organes délibérants, des instances du COPAX, qui ne suit pas celle des instances de l'APSA. A titre d'exemple, et sur le plan de la périodicité des réunions des chefs d'Etat, trois conférences se sont tenues depuis 2007 (respectivement, Brazzaville, Kinshasa en 2010 et N'djamena en 2012) tandis que, comparativement, les chefs d'Etat de la CEDEAO se réunissent tous les 6 mois, sans compter les sommets extraordinaires qui se tiennent à chaque fois qu'il y a une crise majeure. Dans le même temps, le CPS s'est réuni 14 fois, pour la seule année 2010, dont la 215e réunion consacrée, le 08 janvier, à la situation en RCA133(*). Visiblement l'absence de synergie entre les instances du COPAX et celles du CPS ne saurait ici être contestée. Dans un autre ordre d'idées, les relations cohérentes envisagées entre l'Afrique centrale et l'APSA sont limitées par la pluralité d'organisations ayant des buts identiques en matière de paix et sécurité et dont parfois, les instruments se confondent (la CEEAC, la CEMAC, la CGG, la CPGL et même, l'UNSAC). Plus récemment, précisément le 16 juin 2011, à Mongomo, le Gabon et la Guinée Equatoriales ont adopté un accord portant création de la Commission Mixte Permanente de sécurité en vue de résorber l'insécurité frontalière perceptible entre les deux pays. Autant d'organisations, de cadres qui brouillent et dispersent les attentes placées dans la région Afrique centrale en matière de paix et de Sécurité. En outre, les limites institutionnelles de l'action cohérente de la CEEAC en matière de paix et de sécurité concernent tout autant l'apparente carence d'une véritable stratégie de communication de sa part sur ce qu'elle fait dans l'ensemble, et dans cette matière en particulier. Celle-ci n'occupe, en effet, pas l'espace médiatique comme le font la CEDEAO et la SADC, par exemple. Aussi, il se trouve affirmée l'absence d'une capacité institutionnelle et de coordination efficace entre la Commission de l'UA et les CER/MR qui constitue l'une des principales entraves à la standardisation des procédures de planification et de gestion pour les futures missions de la FAA. En l'espèce, les structures de gestion de la FAA aux niveaux stratégique et opérationnel demeurent rudimentaires alors que la gestion des OSP ne peut se faire sans un personnel formé. Cependant, le recrutement et la formation requièrent du temps. Pourtant, les opportunités de formation qu'offre l'Exercice AMANI AFRICA ne sont pas exploitées134(*), notamment par l'Afrique centrale. Cela étant, il nous semble utile de relever que, comme le déclarait le Président de la commission de l'UA, que « les ressources provenant des Etats ne servent qu'au fonctionnement »135(*). Il sort de là que les ressources qu'il conviendrait d'affecter à l'opérationnalisation de la FAA et aux Brigades régionales, voire à leur déploiement, proviennent, pour une part quasi-absolue, des partenaires extérieurs comme l'UE. Or, les OMP nécessitant d'importants efforts financiers, la place de l'Afrique centrale dans l'APSA devrait pouvoir être affirmée à l'aune de sa contribution financière effective, au même titre que sa mise à disposition effective d'Unités en attente et de PLANELM par exemple. Tout compte fait, d'un point de vue strictement opérationnel, la participation des soldats africains aux OMP reste limitée par leur faiblesse en matériel, en hommes et en ressources financières. Pour finir sur cet aspect, les limites que connait l'APSA dans ses rapports avec les CER/MR ne préfigurent-elles pas simplement la jeunesse du schéma de l'APSA à ce jour ? A défaut, examinons les principaux écueils et limites juridiques. * 133Voir, « Peace and security council meeting held in 2010 », www.africa-union.org/root/au/AUC/Departments/PSC 2010, consulté le 1er mai 2012 à 22h39. * 134 Cf. « Force Africaine en Attente, Feuille de route III (2011-2015) », Addis Abeba, Ethiopie, 26 octobre 2011, 34 p. * 135Cf. Jean PING, président de la Commission de l'Union Africaine, interview accordée à Africa 24, rediffusée le 18 août 2010 à 10h30 ; |
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