La question de la décroissance chez les verts français( Télécharger le fichier original )par Damien ZAVRSNIK Université Aix- Marseille - Diplôme d'études politiques 2012 |
Logique de compétition électoraleDans son étude des formations écologistes belges et ouest-allemandes, Herbert Kitschelt formalise un continuum théorique pour caractériser les options stratégiques d'un parti229(*). Il distingue une logique de « représentation du noyau militant » d'une logique de « compétition électorale ». Ce schéma reprend un certain nombre d'analyses duales qui s'intéressent au rapport du parti à l'idéologie (dichotomie entre « parti de patronage » et « parti de principes »230(*) ; « parti pragmatique » et « parti idéologique »231(*) ; « parti d'électeurs » et « parti de militants »232(*)). La logique électorale s'inscrit dans la dimension d'entrepreneur politique. Elle consiste à mettre le parti en ordre de bataille (organisation, programme, ...) pour concourir au mieux sur le marché politique. L'objectif est de capitaliser un nombre maximum d'élus quitte à prendre quelques largesses avec la doctrine du parti. La logique de compétition électorale va de pair avec une stratégie d'adaptation au système politique, ce qui vaut adoption des règles institutionnelles. Or dans les démocraties représentatives et particulièrement en France, le principe majoritaire tend à ostraciser les petits partis. Le phénomène majoritaire est en effet institué par un ensemble de normes qui limite le pluralisme. Le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours (élections présidentielles et législatives), la loi de financement des partis politiques ou la réglementation de l'accès aux médias sont autant d'éléments discriminants envers les partis minoritaires. Ces règles maintiennent une sorte de plafond de verre qui prive les petits partis de concurrencer le pouvoir avec les mêmes chances que les grandes formations. Murray Eldelman233(*) va même plus loin. Il explique que l'idéologie dominante telle que produite et véhiculée par les grands partis se fond si bien dans la réalité qu'elle n'apparait même plus comme idéologique. Proposer un projet alternatif allant à l'encontre de ce système d'idées et de valeurs ancré dans l'univers mental serait immédiatement perçu comme utopiste. Face à cet ensemble de règles et d'entraves, les petits partis n'auraient alors d'autre choix que d'intégrer la contrainte majoritaire dans leur identité en assouplissant leurs positions idéologiques et en acceptant les alliances avec les partis majoritaires234(*). A cette première logique purement entrepreneuriale s'y confronte une autre qui refuse cette évolution et prône l'orthodoxie doctrinale. * 229 KITSCHELT, Herbert, The Logics of Party Formation. Ecological Politics in Belgium and West Germany, Ithaca (N Y.), Cornell University Press, 1989 * 230 WEBER, Max, Économie et société, Paris, Pocket, 1995 [2e éd.], p. 372 * 231 MILNOR, Andrew J., « Ideology », dans Andrew J. Milnor (ed.), Comparative Political Parties : Selected Readings, New York (N. Y.), Thomas Y. Crowell Company, 1969, p. 101-110 * 232 CHARLOT, Jean, Le Phénomène gaulliste, Paris, Fayard, 1970, p. 63-66 * 233 ELDELMAN, Murray, Pièces et règles du jeu politique, Paris, Le Seuil, 1991 * 234 VILLALBA, Bruno, « Les petits partis et l'idéologie : le paradoxe de la différenciation », dans Annie Laurent et Bruno Villalba (dir.), Les Petits partis. De la petitesse en politique, Paris, L'Harmattan, 1997, p. 76 |
|