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La question de la décroissance chez les verts français

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par Damien ZAVRSNIK
Université Aix- Marseille  - Diplôme d'études politiques 2012
  

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3. L'antiproductivisme à la genèse du parti écologiste

Les Verts - Confédération écologiste - Parti écologiste naissent officiellement au congrès de Clichy les 28 et 29 janvier 1984. Point d'aboutissement autant que point de départ, c'est le résultat d'efforts menés depuis des années par des militants écologistes afin de bâtir un parti écologiste. Point d'aboutissement car le parti écologiste est la concrétisation d'un mouvement de fond au coeur duquel se trouve l'antiproductivisme. Point de départ car cette ligne politique sera l'objet de vives discussions à travers la jeune histoire de l'écologie politique française.

Des luttes symboliques et fondatrices

A partir de la seconde moitié du XXème siècle, la question de la finitude des ressources de la planète prend une acuité croissante. Les années soixante et soixante-dix sont le temps du « déclic » de l'engagement politique pour beaucoup d'écologistes. La période marque en effet le déclin du règne de la croissance et du progrès. La question de la finitude des ressources de la planète devient prégnante. C'est alors à la confluence des mouvements environnementalistes et libertaires que nait l'écologie politique.

Concomitamment à la contestation sociale de mai 1968 se développe à la fin des années soixante une nébuleuse d'associations environnementalistes. Déjà présentes dans les années cinquante, elles connaissent un fort développement et gagnent en influence. Une grande partie d'entre elles se regroupent ainsi dans la « Fédération française des sociétés de protection de la nature », devenue aujourd'hui France Nature Environnement (FNE). Dans ce qui deviendra une terre écologiste, de nombreux comités de défense de l'environnement s'unissent au sein de la Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature (FRAPNA). D'autres associations aux formes diverses voient également le jour dans ces années-là, déclinant en outre la version française de structures internationales (Greenpeace en 1971 et les Amis de la Terre en 1976). Remarquons ici que certaines figures du mouvement écologiste naissant sont déjà présentes dans ces associations : Antoine Waechter au sein de l'Association Fédérative Régionale pour la Protection de la Nature (AFRPN) ; Philippe Lebreton à la FRAPNA ; Yves Cochet à la Société pour l'étude et la protection de la nature en Bretagne, etc. Cette première phase du mouvement écologique est scientifique. Les travaux de Jean Dorst ou Barry Commoner inspirent ces collectifs sur les dangers de la société industrielle. Il ne s'agit pas encore d'ancrer des propositions politiques dans la réalité sociale mais d'alerter sur les dégâts environnementaux du productivisme. La thématique écologique prend pied dans l'opinion publique relayée par l'intérêt croissant des médias. Des magazines grand public (Actuel, Politique Hebdo,...) publient ainsi des reportages sur l'écologie mais plus intéressant est l'émergence de nouvelles revues militantes. Des publications comme Combat Nature (1971), La Gueule ouverte (1972) ou Le Sauvage (1973) sont en effet autant de revues qui contribuent à affermir le mouvement écologiste.

La nébuleuse écologiste constituée au départ majoritairement d'environnementalistes prend progressivement la forme d'un mouvement social. Pour le sociologue Erik Neveu, les mouvements sociaux se définissent comme des « formes d'action collective concertée en faveur d'une cause »154(*). Ils agissent et revendiquent toujours contre quelqu'un ou quelque chose. En l'occurrence le mouvement écologiste va prendre corps dans des luttes aussi symboliques que le combat antinucléaire. La lutte contre le nucléaire constitue ce que nous pourrions appeler un « lieu d'unification » du mouvement écologiste encore composite. Le nucléaire représente en effet l'exact inverse des valeurs et thèses écologistes. Il est le symbole d'un Etat centralisé et policier (André Gorz le qualifia « d'éléctrofascisme ») et véhicule l'idée d'une domination totale de la nature par la sacralisation de la technique. Aussi les écologistes considèrent le nucléaire comme un des symboles de la société de consommation. Une production massive d'énergie, à partir de ressources fossiles, ancre dans l'imaginaire collectif la représentation de l'illimité qui engendre le gaspillage. Cette critique dense de l'énergie atomique rassemble les environnementalistes et les libertaires au sein d'un même mouvement antinucléaire. Ce dernier connait un succès certain dans les années soixante-dix. En 1971, mille cinq cents personnes manifestent contre le projet de centrale à Fessenheim (Alsace). Peu après, c'est dans l'Ain que quinze mille personnes se réunissent pour dire non à la centrale du Bugey. Le mouvement antinucléaire tient même un succès éclatant avec l'abandon par le Président Mitterrand d'un projet de centrale à Pogloff (Bretagne) après des années de lutte. La protestation tourne mal cependant à Creys-Malville en 1977 où une manifestation non autorisée dégénère en affrontements avec les forces de l'ordre et fait un mort.

Le mouvement antinucléaire est en filigrane une remise en cause du modèle productiviste mais aussi de la science et de la technique. Ce lieu d'unification de la mouvance écologiste est le plus symbolique parmi d'autres (la lutte contre le camp militaire au Larzac, le soutien aux ouvriers de l'usine de montre Lips,...). L'antiproductivisme est donc au centre de l'engagement des écologistes en tant que mouvement social. Il le sera tout autant au moment de franchir le pas de l'engagement politique.

* 154 NEVEU, Erick, Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La Découverte, 3ème éd., 2002, p. 10.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius