II-2-3 .L'impact du statut de la femme sur son
adaptation en milieu socio professionnel.
Dans le souci de favoriser leur épanouissement et
valoriser leur personnalité, certaines femmes malgré le fait
qu'elles soient mariées estiment qu'exercer une profession serait la
meilleure voie pour atteindre cette fin. Malheureusement pour elles car
certains maris considèrent le travail ou la formation de leur
épouse comme une menace et un danger pour la stabilité de la
famille. Le fait d'oeuvrer en dehors de chez soi en quête d'un revenu
supplémentaire est passé dans les meurs de toutes les classes
sociales. En effet la femme qui travaille a conscience d'apporter sa pierre
à l'édifice social. Elle ne veut plus besogner dans l'ombre, elle
a besoin d'être reconnue comme membre à part entière du
monde qui l'environne. Ainsi selon Aguilar citée par Ollé
Ollé (1998,p.16) :
«Elle exige une certaine indépendance
financière et ne peut l'obtenir qu'en recevant un gain personnel.
Souvent elle va affirmer devant le sexe opposé en prouvant qu'elle n'est
pas seulement bonne à tout faire. »
Malheureusement cette indépendance financière
fait peur à l'homme. Elle est ressentie par ce dernier comme une menace
contre son autorité car l'argent est perçu comme un pouvoir que
l'époux exerce sur sa conjointe alors que le monopole financier du mari
est perçu par la femme comme un moyen de pression tyrannique. Tout ceci
plonge le couple dans une tension qui s'accompagne généralement
des violences tant physiques que morales à l'encontre de la femme. Elle
ne pourra pas ainsi accomplir ses tâches académiques.
Le plus difficile chez la femme mariée
étudiante c'est de gérer le quotidien, un quotidien qui comprend
à la fois les études et les charges conjugales. En effet
après une longue journée passée à l'école,
elle retourne chez elle étant physiquement et intellectuellement
fatiguée. Elle doit malgré cette fatigue vaquer à ses
occupations conjugales et académiques avec le risque de ne pas avoir
assez de temps ou d'énergie pour cette dernière catégorie
d'activité. Matchinda (2008, p. 91) relate :
« Les élèves filles expliquent
comment elles sont obligées d'attendre la pleine nuit pendant que tout
le monde dort pour étudier, ce qui rend irrégulier leur rythme de
sommeil et justifie les somnolences dont elles sont régulièrement
victimes en classe »
De même la répercussion de cette absorption de la
femme par ses activités familiales se fera ressentir à
l'école dans la mesure où elle va généralement
arriver en retard soit parce qu'elle faisait ses devoirs qu'elle n'a pas pu
faire la veille, soit parce qu'elle prenait soin des enfants.
Celle qui tombe enceinte pendant sa formation doit de temps en
temps s'absenter ou interrompre momentanément sa formation et c'est
à juste titre que Ahidjo (1992, p. 45) pense que :
« Les grossesses constituent la deuxième
cause d'interruption de la scolarisation des filles ».
L'élève étant un adapté scolaire
lorsqu'il a de bonnes performances, ne dispose pas des heures d'absence non
justifiées et n'arrive pas en retard à l'école et ne
présente pas de mauvaises conduites envers ses paires et enseignants, la
femme mariée ne peut s'adapter que difficilement.
Abondant dans le même sens Fonkoua (2006, p. 12)
mentionne comme cause de déperdition scolaire « ...
l'image peu valorisante du rôle de la femme dans la
société, les travaux ménagers attribués aux jeunes
filles ».
Nga Essono dans son étude mariage et déperdition
scolaire féminine cité par Olle Olle (idem, p. 20) pense
que :
« La poursuite des études d'une femme
dépend de plusieurs paramètres : les multiples grossesses,
la volonté de son époux et enfin la catégorie socio
professionnelle de son époux ».
Nous devons cependant signaler que compte tenus des revenus
généralement bas des ménages, il est rare de trouver de
nos jours des hommes qui s'opposent à la formation de leurs
épouses même si quelques fois de longues périodes
d'absence passées à l'école risquent de disloquer leur
ménage. Il ya donc un risque de tension dû aux disputes
occasionnées par ces absences, tout ceci entrainant la perturbation de
l'harmonie conjugale.
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