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La vie académique des femmes mariées inscrites dans les écoles de formation: cas des étudiantes du département des sciences de l'éducation de l'école normale supérieure de Yaoundé ( Cameroun)

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par Rodrigue TCHIMTCHOUA
Université de Yaoundé 1 - Diplôme de conseiller d'orientation scolaire universitaire et professionnelle 2010
  

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II-2-2.Quelques problèmes liés au mariage des filles.

Nous devons de prime abord signaler que dans le cadre de leur mariage les problèmes que connaissent les femmes se situent au niveau de leur rôle dans le ménage, des rapports d'influence et d'intérêt entre partenaires.

II-2-2-1. Le rôle de la femme dans le mariage.

1) La conception traditionnelle du rôle de la femme et dévalorisation du travail hors foyer.

Toute société est composée de strates dont les membres se sont vus historiquement assignés des statuts différents, nécessaires à une certaine conception de la survie de l'espèce et séparant nettement les rôles attribués à chacun des sexes. Ainsi autrefois la femme se consacrait uniquement aux tâches de la famille. Ainsi selon Aguilar cité par Ollé Ollé (1998, p. 21), pour être bien élevée la jeune fille devait :

« Savoir coudre, raccommoder, s'initier aux travaux du ménage et de la cuisine. »

Certaines privilégiées exerçaient un art tel que le dessin et le piano mais l'abandonnaient aussitôt qu'elles se mariaient car on se mariait donc, on devenait une bonne maîtresse de la maison, on n'avait plus qu'à inculquer à ses enfants, le principe d'ordre d'obéissance et de bienséance hérité des générations précédentes. 

On se préoccupait d'un métier pour les garçons et des qualités domestiques pour les filles.

Le rôle des femmes dans tout groupe social correspondait aux attentes des membres du groupe envers elle. Oppong (1998) en a identifié plusieurs parmi lesquelles on retiendra les rôles d'épouse et de mère associés à celui de maîtresse de maison. Pour corroborer cette idée, Matchinda (ibid), affirme qu'en Afrique, la femme a toujours été considérée comme une richesse. Elle était une machine à produire et à reproduire : produire des biens, avec son travail comme bête de somme et reproductrice d'enfants qui étaient non seulement le lien mystique pour la continuation de la famille, mais aussi une potentielle main d'oeuvre.

Ces rôles limitent l'activité de la femme au sein de la sphère domestique dans un système patriarcal comme c'est souvent le cas en Afrique. La femme exerce dans la sphère domestique les activités non lucratives destinées à l'auto consommation des membres du ménage.

Cette exclusion de la femme de la scène publique trouve également un fondement religieux non seulement dans la culture musulmane mais également dans la culture chrétienne. Telle que le montre l'analyse faite par Sembene en 1990.

En effet, Dans cette analyse et s'inspirant du coran et de la bible Sembene (1990) nous fait part de la situation de la femme dans les cultures musulmane et chrétienne. En, islam la femme est socialement et juridiquement considérée comme inférieure à l'homme, voire incapable. C'est ce qui ressort de la Sourates 4 /34 « les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des valeurs qu'Allah accorde à ceux là sur celles-ci(...) »La femme est ainsi sous tutelle permanente, laquelle tutelle est exercée d'abord par le père dès la naissance jusqu'au mariage puis le mari. Ainsi la femme se trouve dans la religion musulmane réduite à la sphère privée et ne peut en aucun cas prétendre mener une activité publique.

Ce qui se pratique dans l'islam se vérifie dans le parti pris de quelques interprètes de la bible qui la lisent comme un texte normatif et, juridique qui impose aux femmes l'obéissance. C'est ainsi que devant un texte limpide comme genèse1, 26-27 « ...et Dieu créa l'homme, Adam à son image, male et femelle il les créa », de respectables théologiens à l'instar de Sembene (idem) se sont posés la question de savoir si la femme était vraiment image et ressemblance de Dieu. Selon saint Thomas cité par Sembene (ibid), « l'image de Dieu se trouve dans l'homme d'une façon qui ne se vérifie pas dans la femme » ou encore l'interprétation de Genèse 2,20-24 qui dit que la femme a été créée en second lieu après Adam pour l'aider et le seconder.

En revanche l'homme exerce en dehors du ménage des activités lucratives qui lui permettent de disposer d'une certaine capacité de financement des besoins du ménage. Ces rôles masculins et féminins construits socialement confèrent à l'homme un statut d'autorité vis à vis de la femme.

Le rôle alloué à la femme dans la plupart des sociétés étant celui de mère et d'épouse l'amène à supporter les travaux domestiques pendant que l'homme pourvoit à la recherche des moyens de survie. C'est ainsi que l'on parle généralement de rôle masculin et féminin. Le rôle masculin primordial étant celui d'être « le gagne-pain de la famille. »

Il en résulte que la participation du mari aux tâches domestiques est minime et que le ménage et les enfants sont les principales activités de la femme mariée. Selon une étude menée par Anxo,Lenart et Kocoglu (2002) la contribution des femmes dans le domaine des travaux domestiques dépasse nettement celle des hommes et cet écart reste sensible avec un différentiel de dix heures par semaine en moyenne. Ainsi, bien que travaillant à l'extérieur, la femme doit continuer à gérer les contradictions du système social.

Comme nous le constatons, la persistance des comportements patriarcaux et des stéréotypes liés au rôle et responsabilité des femmes amplifie leur vulnérabilité et entraine une dévalorisation du travail hors du foyer. Ainsi dans une enquête menée dans quelques pays de l'Afrique de l'ouest par Wartenberg en 2008 l'une des femmes interviewées affirme :

« Alors depuis que j'ai eu des gosses j'ai arrêté de travailler.non avec lui ça ne me disait rien de travailler. Comme je vis avec lui je ne voudrais pas travailler. Quand on se marie c'est à l'homme de se charger de vous, c'est pour ça qu'on se marie. Vous travaillez à la maison, vous-vous occupez de tout, des enfants et de tout le reste. »

Leur projet de vie est ainsi centré avant tout sur la vie familiale. Dès son enfance la femme commence à réaliser des rôles domestiques, interrompt les processus de formation et acquiert une expérience professionnelle limitée, qui réduira par conséquence ses chances de trouver un bon emploi sur un marché de travail très compétitif.

De même Wartenberg (idem) pense que le monde du travail est jugé par ces femmes comme un élément de leur propre malheur personnel car « elles accordent une faible valorisation au travail féminin hors du foyer et s'en orgueillissent de ne pas avoir dû travailler puisque leurs maris se chargent des besoins du ménage »

2) La conception moderne du rôle de la femme dans le mariage

Dans la société africaine actuelle la femme ne peut s'empêcher de compter sur son partenaire masculin dont elle partage la vie, les aspirations et les espoirs. Il a toutefois intérêt à ce que la femme s'émancipe car de cette manière le patrimoine familial et national s'en trouvent enrichi .Il est donc nécessaire qu'elle soit secondée dans sa tâche par tous les hommes et plus particulièrement par les traditionnalistes qui se servent de nos coutumes pour maintenir leur partenaire femme dans un état d'infériorité et d'irresponsabilité. L'émancipation de la femme africaine doit donc passer par une meilleure complémentarité entre elle et l'homme afin qu'elle puisse participer pleinement à la course, au progrès et la lutte que mènent les peuples africains contre l'exploitation et le sous développement. Elle resterait ainsi dans sa dignité en même temps que l'homme. Elle est appelée à déployer autant que l'homme les mêmes efforts, à passer par les mêmes initiatives rocailleuses, à travers les mêmes déserts.

Des études menées au Cameroun et ailleurs en Afrique montrent que de profondes mutations socio économiques et culturelles vont dans ce sens. Lacoh (1996) parle d'une révolution silencieuse pour qualifier les changements des rôles masculins et féminins. Ces changements interviennent dans un contexte d'ajustement structurel qui a entrainé la réduction des revenus des hommes. C'est en réaction à la crise que certaines femmes étendent leurs activités domestiques à la sphère marchande et que d'autres ayant une qualification professionnelle s'insèrent dans le marché de l'emploi.

On assisterait donc à un changement des rôles et statuts de la femme orienté vers une amélioration de l'accès à l'éducation et à l'emploi.

C'est ainsi que certaines femmes parviennent à vaincre tous les préjugés en s'affirmant. En effet, il n'ya pas de doute que quelque soit le contexte le rôle de la femme soit entrain de changer. Elle fait cependant face à de nombreuses difficultés lorsqu'elle doit en dehors des activités inhérentes à sa qualité de mère et d'épouse aller à l'école qui se présente comme un canal pour assurer l'éducation et la formation afin d'atteindre la capacité d'insertion socio professionnelle.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault