II-2-2.Quelques problèmes liés au mariage des
filles.
Nous devons de prime abord signaler que dans le cadre de leur
mariage les problèmes que connaissent les femmes se situent au niveau de
leur rôle dans le ménage, des rapports d'influence et
d'intérêt entre partenaires.
II-2-2-1. Le rôle de la femme dans le
mariage.
1) La conception traditionnelle du rôle de la
femme et dévalorisation du travail hors foyer.
Toute société est composée de
strates dont les membres se sont vus historiquement assignés des statuts
différents, nécessaires à une certaine conception de la
survie de l'espèce et séparant nettement les rôles
attribués à chacun des sexes. Ainsi autrefois la femme se
consacrait uniquement aux tâches de la famille. Ainsi selon Aguilar
cité par Ollé Ollé (1998, p. 21), pour être bien
élevée la jeune fille devait :
« Savoir coudre, raccommoder, s'initier aux
travaux du ménage et de la cuisine. »
Certaines privilégiées
exerçaient un art tel que le dessin et le piano mais l'abandonnaient
aussitôt qu'elles se mariaient car on se mariait donc, on devenait une
bonne maîtresse de la maison, on n'avait plus qu'à inculquer
à ses enfants, le principe d'ordre d'obéissance et de
bienséance hérité des générations
précédentes.
On se préoccupait d'un métier pour les
garçons et des qualités domestiques pour les filles.
Le rôle des femmes dans tout groupe social
correspondait aux attentes des membres du groupe envers elle. Oppong (1998) en
a identifié plusieurs parmi lesquelles on retiendra les rôles
d'épouse et de mère associés à celui de
maîtresse de maison. Pour corroborer cette idée, Matchinda (ibid),
affirme qu'en Afrique, la femme a toujours été
considérée comme une richesse. Elle était une machine
à produire et à reproduire : produire des biens, avec son
travail comme bête de somme et reproductrice d'enfants qui étaient
non seulement le lien mystique pour la continuation de la famille, mais aussi
une potentielle main d'oeuvre.
Ces rôles limitent l'activité de la
femme au sein de la sphère domestique dans un système patriarcal
comme c'est souvent le cas en Afrique. La femme exerce dans la sphère
domestique les activités non lucratives destinées à l'auto
consommation des membres du ménage.
Cette exclusion de la femme de la scène
publique trouve également un fondement religieux non seulement dans la
culture musulmane mais également dans la culture chrétienne.
Telle que le montre l'analyse faite par Sembene en 1990.
En effet, Dans cette analyse et s'inspirant du
coran et de la bible Sembene (1990) nous fait part de la situation de la femme
dans les cultures musulmane et chrétienne. En, islam la femme est
socialement et juridiquement considérée comme inférieure
à l'homme, voire incapable. C'est ce qui ressort de la Sourates
4 /34 « les hommes ont autorité sur les femmes,
en raison des valeurs qu'Allah accorde à ceux là sur
celles-ci(...) »La femme est ainsi sous tutelle permanente,
laquelle tutelle est exercée d'abord par le père dès la
naissance jusqu'au mariage puis le mari. Ainsi la femme se trouve dans la
religion musulmane réduite à la sphère privée et ne
peut en aucun cas prétendre mener une activité publique.
Ce qui se pratique dans l'islam se vérifie
dans le parti pris de quelques interprètes de la bible qui la lisent
comme un texte normatif et, juridique qui impose aux femmes
l'obéissance. C'est ainsi que devant un texte limpide comme
genèse1, 26-27 « ...et Dieu créa l'homme, Adam
à son image, male et femelle il les créa », de
respectables théologiens à l'instar de Sembene (idem) se sont
posés la question de savoir si la femme était vraiment image et
ressemblance de Dieu. Selon saint Thomas cité par Sembene (ibid),
« l'image de Dieu se trouve dans l'homme d'une façon qui ne se
vérifie pas dans la femme » ou encore l'interprétation
de Genèse 2,20-24 qui dit que la femme a été
créée en second lieu après Adam pour l'aider et le
seconder.
En revanche l'homme exerce en dehors du ménage des
activités lucratives qui lui permettent de disposer d'une certaine
capacité de financement des besoins du ménage. Ces rôles
masculins et féminins construits socialement confèrent à
l'homme un statut d'autorité vis à vis de la femme.
Le rôle alloué à la femme dans
la plupart des sociétés étant celui de mère et
d'épouse l'amène à supporter les travaux domestiques
pendant que l'homme pourvoit à la recherche des moyens de survie. C'est
ainsi que l'on parle généralement de rôle masculin et
féminin. Le rôle masculin primordial étant celui
d'être « le gagne-pain de la famille. »
Il en résulte que la participation du mari
aux tâches domestiques est minime et que le ménage et les enfants
sont les principales activités de la femme mariée. Selon une
étude menée par Anxo,Lenart et Kocoglu (2002) la contribution
des femmes dans le domaine des travaux domestiques dépasse nettement
celle des hommes et cet écart reste sensible avec un
différentiel de dix heures par semaine en moyenne. Ainsi, bien que
travaillant à l'extérieur, la femme doit continuer à
gérer les contradictions du système social.
Comme nous le constatons, la persistance des
comportements patriarcaux et des stéréotypes liés au
rôle et responsabilité des femmes amplifie leur
vulnérabilité et entraine une dévalorisation du travail
hors du foyer. Ainsi dans une enquête menée dans quelques pays de
l'Afrique de l'ouest par Wartenberg en 2008 l'une des femmes
interviewées affirme :
« Alors depuis que j'ai eu des gosses j'ai
arrêté de travailler.non avec lui ça ne me disait rien de
travailler. Comme je vis avec lui je ne voudrais pas travailler. Quand on se
marie c'est à l'homme de se charger de vous, c'est pour ça qu'on
se marie. Vous travaillez à la maison, vous-vous occupez de tout, des
enfants et de tout le reste. »
Leur projet de vie est ainsi centré avant tout sur la
vie familiale. Dès son enfance la femme commence à
réaliser des rôles domestiques, interrompt les processus de
formation et acquiert une expérience professionnelle limitée,
qui réduira par conséquence ses chances de trouver un bon emploi
sur un marché de travail très compétitif.
De même Wartenberg (idem) pense que le monde du
travail est jugé par ces femmes comme un élément de leur
propre malheur personnel car « elles accordent une faible
valorisation au travail féminin hors du foyer et s'en orgueillissent de
ne pas avoir dû travailler puisque leurs maris se chargent des besoins du
ménage »
2) La conception moderne du rôle de la femme dans
le mariage
Dans la société africaine actuelle la femme ne
peut s'empêcher de compter sur son partenaire masculin dont elle partage
la vie, les aspirations et les espoirs. Il a toutefois intérêt
à ce que la femme s'émancipe car de cette manière le
patrimoine familial et national s'en trouvent enrichi .Il est donc
nécessaire qu'elle soit secondée dans sa tâche par tous les
hommes et plus particulièrement par les traditionnalistes qui se
servent de nos coutumes pour maintenir leur partenaire femme dans un
état d'infériorité et d'irresponsabilité.
L'émancipation de la femme africaine doit donc passer par une meilleure
complémentarité entre elle et l'homme afin qu'elle puisse
participer pleinement à la course, au progrès et la lutte que
mènent les peuples africains contre l'exploitation et le sous
développement. Elle resterait ainsi dans sa dignité en même
temps que l'homme. Elle est appelée à déployer autant que
l'homme les mêmes efforts, à passer par les mêmes
initiatives rocailleuses, à travers les mêmes déserts.
Des études menées au Cameroun et ailleurs en
Afrique montrent que de profondes mutations socio économiques et
culturelles vont dans ce sens. Lacoh (1996) parle d'une révolution
silencieuse pour qualifier les changements des rôles masculins et
féminins. Ces changements interviennent dans un contexte d'ajustement
structurel qui a entrainé la réduction des revenus des hommes.
C'est en réaction à la crise que certaines femmes étendent
leurs activités domestiques à la sphère marchande et que
d'autres ayant une qualification professionnelle s'insèrent dans le
marché de l'emploi.
On assisterait donc à un changement des rôles
et statuts de la femme orienté vers une amélioration de
l'accès à l'éducation et à l'emploi.
C'est ainsi que certaines femmes parviennent à vaincre
tous les préjugés en s'affirmant. En effet, il n'ya pas de doute
que quelque soit le contexte le rôle de la femme soit entrain de changer.
Elle fait cependant face à de nombreuses difficultés lorsqu'elle
doit en dehors des activités inhérentes à sa
qualité de mère et d'épouse aller à l'école
qui se présente comme un canal pour assurer l'éducation et la
formation afin d'atteindre la capacité d'insertion socio
professionnelle.
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