2.4- Le vieillissement des
performances cognitives
Les fonctions les plus sensibles aux effets du vieillissement
sont les capacités mnésiques à court terme, le temps de
réaction, l'attention sélective, les capacités
Visio-spatiales et l'intelligence fluide, qui reflète les
capacités de mémorisation d'un vocabulaire ou d'informations
nouvellement appris (Stern 2002). Malgré les discordances de
résultats des différentes études, il semble que
l'activité physique ait une influence bénéfique sur la
cognition et, en particulier, sur les processus d'attention, et que cet effet
bénéfique soit non seulement assez spécifique du sujet
âgé mais aussi proportionnel au degré de vieillissement
cognitif (Blain et coll. 2000). Les déficits cognitifs observés
chez les sujets âgés pourraient résulter des effets
cumulatifs de l'altération de l'état de santé, du bas
niveau d'éducation et du vieillissement, qui sont des variables
affectant le niveau d'activité physique. L'activité physique
pourrait ainsi servir de variable intermédiaire entre ces variables et
l'état cognitif. L'activité physique pourrait exercer cet effet
bénéfique en améliorant l'utilisation de l'oxygène
et/ou le débit sanguin cérébral en exerçant une
action trophique directe synaptique et/ou neuronale en raison de
l'enrichissement de l'environnement en stimulations sensorielles et motrices,
en réduisant l'insulinorésistance et/ou en améliorant
l'estime de soi (Scarmeas et Stern 2003). De plus, l'exercice physique favorise
un meilleur capital verbal, une rétention visuelle plus importante, une
bonne structuration spatiale, un tonus mental plus élevé et
contribue également au développement de la mémoire et des
habiletés intellectuelles. Plusieurs études ont montré une
amélioration des performances cognitives après un
entraînement (Newson et Kemps 2005).
2.5- La réduction de
l'aptitude physique
L'avancée en âge s'accompagne d'une
détérioration de l'aptitude à l'exercice de longue
durée (la filière aérobie) et de l'aptitude à
l'exercice bref et intense (la filière anaérobie). C'est ainsi
qu'à partir de 20- 30 ans, on note une réduction de 1 % par an de
la consommation maximale d'oxygène relative au kilogramme de poids
corporel, qui est un estimateur global de l'aptitude cardiorespiratoire. Les
seuils dits « anaérobie » lactique ou ventilatoire, qui
indiquent à quel moment de l'exercice la voie métabolique vient
compléter la voie aérobie et reflètent la fonction
aérobie musculaire, diminuent également avec l'avancée en
âge, mais moins rapidement que la consommation maximale d'oxygène.
Ceci suggère que si les capacités d'exercice maximal diminuent
rapidement avec l'âge, les possibilités d'exercice sous-maximal
proche des activités de la vie quotidienne sont plus longtemps
conservées (Blain et coll. 2000).
Toutefois, des études ont montré que ce
déclin progressif et régulier peut être minimisé par
l'entraînement. En effet, Health et coll. (1981) ont comparé la
consommation maximale d'oxygène d'athlètes de compétition
âgés de 60 ans en moyenne à celle d'un groupe
d'athlètes de compétition plus jeunes d'âge moyen 22 ans.
Les deux groupes étaient appariés sur la quantité
d'entraînement (96 km de course à pied par semaine),
l'intensité de l'entraînement et les meilleures performances
réalisées à des compétitions similaires au
même âge. La consommation maximale d'oxygène des
athlètes âgés n'était que de 15 % inférieure
à celle des athlètes plus jeunes alors que 40 ans les
séparaient, suggérant qu'une baisse de 4% par décennie
pourrait représenter l'effet propre du vieillissement.
Une étude similaire sur le plan méthodologique
portant sur des athlètes jeunes (âge moyen 25 ans) et
âgés (âge moyen 56 ans) spécialistes du 10 km, a
également démontré une baisse de la de 9 % à 30 ans d'écart, soit 3 % par décennie
(Allen et coll. 1985).
Plusieurs études ont confirmé ces
résultats en montrant qu'un entraînement, à raison de 3
séances hebdomadaires d'une durée minimale de 20 minutes et d'une
intensité minimale de 40 % de, induit un gain de allant de 8 à 40 %. Les résultats sont d'autant plus
marqués que les sujets sont âgés et présentent une
basse avant l'entraînement (Chatard et Denis 1994; Hepple et coll.
1995).
De nombreuses études ont aussi montré que la
vitesse d'adaptation de l'organisme à un effort, même
d'intensité élevée, est semblable entre les sujets de plus
de 65 ans et les jeunes. L'essentiel du gain en consommation maximale
d'oxygène étant obtenu en 3 mois chez le sujet âgé
(Sheldahl et coll. 1993). La durée des bénéfices obtenus
chez les sujets âgés semble décroître rapidement
durant une année qui suit l'entrainement, et s'annule en 4 ans environ.
Donc, il est nécessaire de poursuivre l'activité physique pour
conserver les bénéfices obtenus.
Les capacités fonctionnelles décroissent avec
l'âge et influencent significativement l'autonomie de la personne (Wilson
et Tanaka 2000). En se limitant aux déterminants physiques, nous
considérons que les capacités aérobies, musculaires et
sensitive-sensorielles représentent le tripode de l'autonomie
fonctionnelle dont il faut prévenir le déconditionnement. Pour
autant, on ne sait toujours pas si cette dégradation doit être
attribuée au vieillissement qui entraîne une baisse du niveau
d'activité ou si c'est la baisse d'activité qui favorise les
dégénérescences fonctionnelles. Quoi qu'il en soit, il est
nécessaire de rester actif afin de minimiser les effets de l'âge
(Bernard 2004).
|