1.3.4.4. Des stratégies officielles de lutte
circonstancielles
Il s'agit en fait du rôle de l'Etat et de l'implication
des ONG et Missions oeuvrant dans le domaine de la santé à
l'Extrême Nord.
a. L'OMS et les recommandations en cas
d'alerte
Dans les pays à risques épidémique, il
est recommandé de recourir à la vaccination de circonstance.
Celle-ci est déclenchée sous la menace épidémique
détectée en utilisant deux seuils épidémiologiques
(OMS, 2000) :
- le seuil d'alerte: il permet de donner l'alarme et de lancer
une enquête en début d'épidémie; de vérifier
l'état de préparation pour faire face à une
épidémie; de déclencher une campagne de vaccination en cas
d'épidémie dans une zone proche et de déterminer les zones
prioritaires au cours d'une campagne de vaccination lors d'une
épidémie ;
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- le seuil épidémique : il permet de confirmer
l'émergence d'une épidémie afin de renforcer les mesures
de contrôle par la vaccination de masse et une prise en charge
thérapeutique adaptée.
La vaccination de circonstance est déclenchée
sous la menace épidémique. Ce n'est dont pas une arme
prophylactique, mais un recours en cas d'épidémie
avérée. Lorsque le seuil épidémique est atteint, la
vaccination de masse doit être mise en oeuvre. Celle-ci concerne une
population cible de 6 mois à 30 ans et doit débuter à
l'épicentre de l'épidémie débutante, puis le long
des principales voies de déplacement. Si la vaccination débute en
un minimum de temps, les résultats sont rapidement favorables avec en
prime une chute brutale du taux d'incidence dès le cinquième
jour. Il est conseillé aux personnes se rendant dans les zones risque,
c'est-à-dire là où sévit l'épidémie,
de se faire vacciner au préalable.
b. Les conduites dictées par l'Administration
en cas de menace
Les actions entreprises par le ministère de la
santé, s'inscrivent en général en droite ligne des grandes
orientations de l'OMS, en matière de santé publique. Sur le
terrain ces orientations sont complétées par une série de
mesures pratiques. C'est ainsi qu'il est recommandé à la
population menacée de :
- se lubrifier les narines par temps poussiéreux, en
vue d'éviter l'irritation des muqueuses nasales. Cette recommandation
vise à limiter l'infection par voie rynopharyngée ;
- conduire immédiatement toute personne et surtout tout
enfant présentant les signes prémonitoires de la
méningite, à savoir : une forte fièvre, une raideur de la
nuque, des violents maux de tête, des vomissements. Et
particulièrement chez l'enfant, on note un bombement de la fontanelle,
l'irritation et le plafonnement du regard, auxquels s'ajoute la perte
d'appétit avec souvent diarrhée ;
- veiller à faire vacciner les enfants et, dans une
certaine mesure, les adultes, contre la méningite ;
- et enfin, éviter la promiscuité. Toutes ces
séries de mesures qui visent essentiellement la population
menacée, peuvent être complétées.
Aujourd'hui, les mesures draconiennes d'isolement de la
population imposées par l'administration coloniale -l'interdiction
totale pour les «indigènes» de se déplacer ou
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s'attrouper lors de l'épidémie - sont
annulées par l'Etat moderne. Par contre, certaines pratiques subsistent.
C'est le cas des campagnes massives de vaccination organisées par le
MINSANTE à travers la Délégation Provinciale de la
Santé Publique, comme celles des années 1992 et 1993. Par
ailleurs, il dispose d'un réseau de surveillance des maladies dites
à potentiel épidémique, chargé de l'alerte en cas
de prise d'ampleur de la méningite.
c. Les ONG et les Missions
La tâche du gouvernement, après son
désengagement de la gestion des pro pharmacies, est facilitée par
l'entrée en jeu des diverses Organisations non gouvernementales oeuvrant
dans des secteurs distincts (figure 1, p. 4). Les principales sont :
la Croix Rouge, Care International, Save The Childe et Médecins Sans
Frontière. Mais surtout, ce sont la Coopération Belge dans le
Diamaré, le FED dans le Logone et Chari, la Banque Mondiale dans les
Monts Mandara qui sont fortement impliqués dans le domaine de la
santé. A cela il faut ajouter le rôle important que jouent
certains dispensaires et centre de santé privés parrainés
par les Missions, à l'instar du Centre de Santé de
Djarengol-Kodek à Maroua, le dispensaire de Pété, de
l'hôpital Adventiste de Koza, pour ne citer que ceux-là.
d. Les médias et la
méningite
Lorsqu'un phénomène quelconque devient cause de
perturbation collective, les médias dont l'un des rôles
primordiaux est de sensibiliser l'opinion divulguent l'information
nécessaire. Lors d'attaques vigoureuses, les quotidiens nationaux, le
poste national et la CRTV télé informent sur l'Etat des lieux de
l'épidémie. Cependant les preuves matérielles justifiant
cette affirmation sont difficiles à obtenir contrairement au
quotidien Cameroon Tribune dont les archives sont disponibles.
En parcourant les archives de 1990 à 1999, Cameroon
Tribune parle de la méningite, on peut le noter, mais pas chaque
année. Il ne fait allusion à elle qu'en 1992, au mois de
février et mars. Les moments forts de la maladie sont alors
relatés. Ce comportement, celui de ne rechercher que l'extraordinaire,
confirme une fois de plus ces mots de Mc Luhan cité par Kemche (1993 :
19) selon lesquels « la presse semble plus à l'aise quand elle
dévoile les vilains côtés de la vie » et que les
bonnes nouvelles seraient les mauvaises !
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