1.3.3.3. Un aréisme qui accentue le
caractère sec du milieu
Le Chari et le Logone sont les seuls cours d'eau permanents de
la région. Le reste du réseau hydrographique est constitué
de cours d'eau saisonniers et temporaires appelés mayo. Ils sont issus
des monts Mandara, dont les deux principaux sont le Mayo Tsanaga et le Mayo
Boula. Ces mayo sont caractérisés par des crues violentes qui
durent juste le temps d'un orage, avec un débit qui décroît
rapidement de l'amont vers l'aval en raison des infiltrations dans des
alluvions.
1.3.3.4. L'Extrême-Nord dans le schéma
météorologique africain
D'une manière générale,
l'occurrence de la brume sèche est tributaire de la circulation
atmosphérique tropicale. Celle-ci est dirigée par la cellule de
Hadley, selon le schéma conceptuel de la circulation méridienne
de Rossby. Les cellules Hadley nord et sud sont séparées par le
Front Intertropical (FIT) associé à la zone de convergence
intertropicale (ZIT) qui sépare deux masses d'air d'origine et de
caractères différents. Il s'agit de l'air continental chaud et
très sec où les vents sont de direction nord-est (Harmattan) et
de l'air océanique moins chaud et humide en provenance du golfe de
Guinée (Alizé).
Sous l'influence de la force de Coriolis (Modi, Druilhet,
Fontan et Domergue 1997: 170), les branches basse et haute de la cellule
subissent une déviation, respectivement vers l'ouest et vers l'est,
assurant un transport zonal important dans les sens des parallèles. En
Afrique de l'Ouest, c'est la position des anticyclones de
Sainte-Hélène, des Açores et de Libye qui détermine
les déplacements en latitude, au cours de l'année, du FIT et des
phénomènes qui lui sont tributaires. Ces déplacements
commandent le rythme des saisons.
Ainsi durant l'année, l'Extrême-Nord est
balayé par le FIT (figure 13). Sa position au sud du FIT est
remarqué lors de la saison des pluies (mai- septembre). Par contre sa
situation au nord de celui-ci correspond à la saison sèche
dominée par ce vent chaud et sec qu'est l'Harmattan,
générateur de brume sèche.
Figure 4: Masses d'air et saisons
43
44
1.3.3.5. Une rudesse climatique agressive pour les
organismes
Les précipitations varient d'une année à
l'autre dans les différentes stations de l'Extrême-Nord; cela est
visible lorsqu'on considère les statistiques des précipitations
dans le temps pour ces stations. L'écart entre les plus faibles et les
plus fortes précipitations enregistrées au cours de
différentes années peut être important, bien qu'il se situe
généralement dans une fourchette de plus ou moins 50 pour cent de
la précipitation annuelle moyenne. La variation de précipitations
mensuelles est encore plus grande. Les tableaux qui figurent en annexe de ce
travail (Annexe 2), présentent les données climatiques des
stations météorologiques de l'Extrême- Nord. De ces
données, nous avons tiré la figure 5 qui présente
l'évolution interannuelle de la pluviométrie dans
l'Extrême-Nord de 1986 à 2006. Sur l'ensemble des observations, on
constate que le total des précipitations se situe entre 650 mm et 1281
mm, la station de Mokolo enregistrant les plus hautes moyennes. Par ailleurs,
les années 1992 et 1996 sont celles qui présentent les plus
basses moyennes pluviométriques.
1400
1200
1000
400
200
800
600
0
1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Maroua Yagoua Kousser
iMokolo
Figure 5: Évolution interannuelle de la
pluviométrie dans l'Extrême Nord: 1987-2006
45
Figure 6: Climat et végétation de
l'Extrême-Nord
46
Dans la plupart des cas, la précipitation attendue en
un lieu donné n'est pas la même que la précipitation
annuelle moyenne enregistrée sur un certain nombre d'années.
Le climat y est globalement chaud. Les moyennes
calculées sur une période de 20 années
consécutives, indiquent 29,14°C à Kaélé,
28,21°C à Maroua, 26,40°C à Mokolo, 27,72°C
à Yagoua, et 28,08°C à Kousséri. Les maximal sont
observés pendant le mois d'avril. On relève ainsi 41,2°C
à Mokolo, 42,4°C à Kaélé, 43°C à
Yagoua. Les températures minimales quant à elles sont observables
en janvier, avec 11,2°C à Mokolo, 12,4 à Yagoua et
14,5°C à Kaélé. Le schéma climatique de
l'Extrême-Nord se caractérise souvent par une saison sèche
relativement fraîche, suivie d'une saison sèche relativement
chaude et finalement d'une saison des pluies. En général, on
observe à l'intérieur de ces saisons des fluctuations importantes
des températures diurnes. Très souvent, pendant la saison
sèche fraîche, les températures diurnes atteignent entre 35
et 45 degrés centigrades, pendant que les températures nocturnes
tombent à 10 à 15 degrés centigrades. Les
températures diurnes peuvent approcher de 45 degrés centigrades
au cours de la saison sèche chaude et tomber à 15 degrés
centigrades au cours de la nuit. Pendant la saison des pluies, les
températures peuvent aller de 35 degrés centigrades le jour
à 20 degrés centigrades la nuit. Dans bien des cas, ces
fluctuations des températures au cours d'une même journée
influence directement les végétaux et les organismes
supérieurs et l'homme.
Les diagrammes ombrothermiques des stations de Maroua, Yagoua,
Kousséri, Mokolo et Kaélé (figure6) permet de contacter
que les pluies sont concentrées entre le mois d'Avril et octobre mais la
saison pluvieuse elle-même s'installe à partir du mois de Juin et
dure de 3 à 5 mois. On constate également que les
température moyennes de 1987 à 2006 restent élevées
et oscillent entre 25°et 30°. Les températures mensuelles sont
élevées les maximal atteignent facilement 44°C aux mois de
mars et avril, par exemple pour le cas de Yagoua respectivement en 1996 et en
2000. Les minimal quant à eux descendent jusqu'à 13°C voire
12°C entre décembre et Janvier. C'est dire que les écarts
thermiques sont de plus de plus importants il n'est donc pas rare de voir des
amplitudes thermiques de l'ordre de 10°C. Enfin, l'amplitude thermique
annuelle y est forte, avec 7,37°C à Kaélé,
7,35°C à Maroua 7,18°C à Mokolo, 6.1°C
à Yagoua et 9°C à Kousséri.
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