1.3.3. CONTEXTE PHYSIQUE DE L'EXTREME-NORD
Les gouttelettes d'eau de pluie qui tombent de
l'atmosphère en un lieu donné peuvent être stoppées
par végétation ou bien atteindre la surface du sol et amorcer le
ruissèlement. Une partie de cette eau de surface s'infiltre et une autre
partie des précipitations retourne à l'atmosphère, soit
par évapotranspiration de la végétation, soit par
évaporation des cours d'eau et autres étendues d'eau dans
lesquelles se déversent les ruissèlements de surface, les eaux
d'infiltration et les flux de. La dynamique relative du cycle climatique dans
l'Extrême-Nord est déterminée en grande partie par les
schémas spatiaux et temporels de précipitation, les
régimes de température et d'humidité atmosphérique,
les vents, les caractéristiques pédologiques et topographiques et
les caractéristiques végétatives de la zone.
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1.3.3.1. Une platitude générale favorable
aux flux aériens
L'Extrême-Nord Cameroun forme un ensemble morphologique
hétérogène qui s'échelonne d'ouest en est, de la
chaîne montagneuse des Mandara à la plaine du Logone en passant
par la plaine du Diamaré. Il s'incline du sud au nord en une pente
douce. L'altitude varie entre 800 et 1000 m. Les plus hauts sommets sont les
pointes de Kapsiki et Rumsiki culminant à 1.224 m. Une grande partie de
la plaine camerounaise (8 000 km2), à l'est des inselbergs
qui rompent ça et là cette monotonie, est périodiquement
inondée par des eaux issues essentiellement des débordements du
fleuve Logone. Elle reçoit également des eaux issues des cours
d'eau torrentiels des Monts Mandara. Les eaux d'inondation sont conduites vers
le Logone et le Chari.
1.3.3.2. Une formation végétale incapable
de freiner le vent
Dans l'Extrême-Nord, le couvert végétal
est rare. Celle-ci évolue du Sud vers le Nord dans un sens
d'aridité croissante. On peut néanmoins distinguer trois formes
de plantes. Après les premières pluies, apparait un tapis de
graminées éphémères qui accomplissent leur cycle de
vie au cours d'une brève saison de quelques semaines. Leur croissance
est limitée à la courte période humide de l'année.
Ces plantes éphémères survivent pendant la saison
sèche, qui peut durer plusieurs mois. Elles peuvent parfois former des
peuplements denses et fournir du fourrage.
Toutefois, l'ensemble de la région abrite par endroit
une flore et une faune très riches. C'est un ensemble écologique
particulier qui se compose en effet de formations végétales d'une
rare variété, mais clairsemé. Il s'agit d'une formation
végétale mixte qui va, du sud au nord, de la savane arbustive
à la prairie herbeuse en passant par la steppe à épineux.
Parmi les espèces végétales les plus
caractéristiques, on peut citer entre autres le Calotropis
procera, le palmier rônier (Borassus aethiopium), et le
palmier doum (Hyphaene thebaica). Les bourrelets, les terres
exondées et les cordons dunaires sont le domaine de la savane à
Acacia, Balanites aegyptiaca, Ziziphus mauritania et
Tamarindus indica. Dans la partie centrale, le Yaéré qui
est une prairie herbacée inondable occupe les zones les plus basses,
tandis que partout ailleurs abonde la savane boisée ou herbacée
à Acacia albida.
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La végétation de l'Extrême-Nord Cameroun
apparaît en fin de compte comme un continuum dans lequel on peut
identifier, d'une part, un mélange de graminées, d'herbes et de
buissons et arbres de petite taille, ne dépassant pas 2 mètres de
haut, entrecoupé de zones dénudées ; d'autre part, une
savane boisée composée d'une association de graminées
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Figure 3: Carte orohydrographique de l'Extrême-Nord
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et d'arbres ou d'arbustes (ou les deux) dans lequel la
proportion de graminées par rapport aux arbustes ou aux arbres est
déterminée par la fréquence et l'intensité des
feux.
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