1.3.2. LES PROCESSUS A L'ORIGINE DE LA GENESE DES
LITHOMETEORES
La genèse des lithométéores en milieux
sahéliens est difficile à maîtriser. Malgré
l'imbrication des multiples éléments précurseurs qui
traduisent la réelle difficulté de la formation de ces types de
temps, deux facteurs majeurs conditionnent l'apparition des
lithométéores. Le premier facteur de la formation des
lithométéores est sans conteste le vent. Agent redoutable
d'érosion, il agit selon un cadre multidirectionnel et intervient ainsi
dans mobilisation des sédiments depuis leur structure de base
constituée par le sol. Il effectue ensuite le transfert méridien
de ces particules en les transportant sur plusieurs centaines et parfois
même sur des milliers de kilomètres. Dans ce contexte, la
dynamique éolienne, à travers la force du vent, revêt une
part primordiale et son action est différentielle sur le substrat
lithologique et pédologique.
Le sol pour sa part, constitue un substratum régi par
différentes forces qui règlent la cohésion
interparticulaire et s'opposent aux agressions externes. L'enclenchement du
système éolien est étroitement lié à sa
capacité d'ablation, à la disponibilité d'un
matériel mobilisable et à sa possible prise en charge jusqu'aux
aires de dépôts.
Il existe trois modes différents d'entraînement
des particules: la saltation, la reptation en surface et la suspension (figure
2).
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Figure 2: Mode d'entraînement des
particules
a. La saltation
Le mouvement initial des particules du sol est une
série de sauts. Le diamètre des particules en saltation est
compris entre 0,5 et 1,1 mm. Après avoir sauté, les particules
retombent sous l'action de la pesanteur. La partie descendante de la
trajectoire est très inclinée vers le sol et pratiquement
rectiligne. Peu de particules atteignent une altitude supérieure
à 1 m et environ 90 % d'entre elles font des sauts inférieurs
à 30 cm. L'amplitude horizontale d'un saut est
généralement comprise entre 0,5 et 1 m.
Le phénomène de saltation est indispensable
pour amorcer l'érosion éolienne. Il est la cause de deux autres
modes de transport des éléments du sol par le vent: la reptation
en surface et la suspension dans l'air.
b. La reptation
Les particules de plus grande dimension roulent ou glissent
à la surface du sol. Trop lourdes pour être soulevées, leur
mouvement est déclenché par l'impact des particules en saltation
plutôt que par l'action du vent. Les particules qui se meuvent ainsi ont
des diamètres compris entre 0,5 et 2 mm suivant leur densité et
la vitesse du vent.
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c. La suspension
D'une façon générale les fines
poussières ne peuvent être emportées que si elles ont
été projetées dans l'air par l'impact des grains plus
gros. Une fois parvenues dans la couche turbulente elles peuvent être
soulevées à de grandes hauteurs par les courants d'air ascendants
et former des nuages de poussière atteignant fréquemment des
altitudes de 3 à 4.000 mètres. Même si leur aspect peut
être impressionnant, le mécanisme essentiel de l'érosion
éolienne demeure la saltation car sans elle de tels nuages ne pourraient
se produire.
1.3.2.1. Les mouvements de masse
Les particules en mouvement sont le siège
d'interactions dont il faut citer principalement:
a. L'effet d'avalanche
Ce phénomène est la conséquence de la
saltation. Les particules qui ont sauté provoquent, en retombant, le
départ d'une quantité plus importante de particules. Aussi,
lorsque le vent progresse sur un sol dénudé, sa charge en
particules augmente sans cesse jusqu'à atteindre un maximum tel que la
quantité perdue est égale à la quantité
gagnée à chaque instant.
La charge maximale du vent en particules est sensiblement la
même pour tous les types de sols et elle est égale à celle
que l'on rencontre sur les dunes de sable. La distance nécessaire pour
que cette saturation soit atteinte varie en raison inverse de la
sensibilité d'un sol à l'érosion. Ainsi sur un sol
très fragile elle peut se produire en une cinquantaine de mètres,
et demander plus de 1000 mètres sur un sol de bonne cohésion.
b. Le triage
Le vent déplace les particules très fines et
très légères beaucoup plus rapidement que les grosses.
Plus les particules sont fines, plus leur vitesse est grande et plus la
distance qu'elles parcourent et les hauteurs qu'elles atteignent sont
importantes. Le vent sépare ainsi les différents
éléments du sol en catégories suivant leurs dimensions:
mottes non érodables,
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gravier, sable, argile et loess. Il emporte ainsi les
éléments fins et ne laisse sur place que les
éléments grossiers. Une autre conséquence de ce triage est
la stérilisation progressive du sol car la matière organique
elle-même formée d'éléments fins et peu denses, est
l'un des premiers éléments à être emporté.
c. La corrasion
La corrasion est l'attaque mécanique de la surface sur
laquelle souffle un vent chargé de particules. C'est dans les
régions arides, une cause aggravante de l'érosion des sols. Dans
un matériau cohérent et homogène la corrasion se traduit
par des stries parallèles ou par un remarquable poli. Le polissage
affecte les affleurements comme les cailloux des regs, plus ou moins
alvéolés ou façonnés en facettes. Les vents de
sable associés aux effets des amplitudes thermiques donnent aux buttes
résiduelles découpées dans des couvertures
gréseuses, des formes de champignons. Dans les roches meubles et en
particulier dans les terres agricoles (argile et limons), les vents creusent
des sillons parallèles mettant à nu les racines des jeunes
plantes. Le résultat est l'injection de ces particules dans
l'atmosphère et leur migration ou leur transfert méridien qui
donnent à l'ensemble des régions sahélienne, une
identité climatologique qui leur est propre.
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