1.5.2. Les enjeux humains.
Le Grand Delta du Rhône est occupé par environ
110 000 personnes (SYMADREM, 2011), mais elles ne sont pas toutes
concernées de la même manière. Les enjeux humains dans le
Grand Delta du Rhône sont limités pour plusieurs raisons. En
premier lieu, les travaux d'endiguements et les aménagements
hydrauliques réalisés depuis plusieurs siècles et sans
cesse améliorés permettent de fortement limiter les personnes
exposées. Des zones peu habitées ont été
désignées comme ZEC pour permettre de protéger des centres
urbains plus importants (figure 16).
Figure 16 : Schématisation des
aménagements et des enjeux dans le lit majeur du Rhône
Ensuite, la cinétique des crues du Rhône (une
montée des eaux lente) associée aux outils de prévisions
météorologiques actuels (SPC ou serveur Rhône SIHTB pour la
commune de Tarascon) permettent de bien anticiper les évènements
et préparer la gestion de crise (évacuation, mise en
sécurité). Enfin la culture du risque des populations qui
résident dans les plaines s'est développée au fil des
siècles. Il est intéressant de remarquer que les bâtiments
situés en zones inondables sont le plus souvent construits sur des
« points hauts », pas forcément visibles sur une
carte classique. L'utilisation de cette micro-topographie et le fait de ne pas
habiter au rez-de-chaussée (ce sont souvent des hangars, garages,
ateliers,...) permettent aux habitants d'être moins exposés aux
inondations, voire de rester hors d'eau pour des évènements
mineurs.
Cependant, faire reposer toute la sécurité des
populations sur le système d'endiguement comporte des risques, car
« le destin d'une digue est de rompre » (Vinet, 2009). Le
plus souvent une brèche provoque une crue rapide, où la vitesse
des eaux est plus importante qu'une inondation provoquée par le fleuve.
De plus, les populations à l'arrière des digues ne sont pas
forcément préparées à subir un tel
évènement, car il existe un sentiment de sécurité
qui peut être trompeur (Vinet, 2009).
1.5.3. Les enjeux économiques
Contrairement aux enjeux humains qui sont relativement
limités, les enjeux économiques sont bien plus importants sur les
deux rives. En effet, les dégâts des crues sur les terres
agricoles, les pertes de récoltes, l'arrêt des activités
pendant le ressuyage des plaines et parfois même la mort des animaux
d'élevage peuvent conduire à de grosses pertes de revenus. Outre
les déficits économiques dans le domaine agricole, de nombreuses
zones d'activités, usines, centres industriels ou commerciaux sont
situés en zone submersible (à l'arrière des digues
résistantes à la surverse, l'aléa est faible mais
présent) ou dans des secteurs inondables par le débordement des
canaux. La décrue pouvant parfois être longue, surtout à
l'arrière des digues où la plaine peut être plus basse que
les ségonnaux. Cette différence d'altitude est due au
rehaussement des bords du fleuve entre la digue et le lit mineur à cause
des dépôts d'alluvions (Vinet, 2009). L'optimisation du ressuyage
des plaines fait actuellement partie du projet Plan Rhône.
La présentation du contexte géographique et des
spécificités de la zone d'étude permet de mieux comprendre
la nature du risque inondation dans le Grand Delta du Rhône. Avant tout
travail sur la gestion du risque, ce type d'analyse permet de se rapprocher du
contexte local et ainsi être réaliste dans l'optimisation du PCS
et des outils cartographiques : le fonctionnement du Bas-Rhône est
bien différent du Rhône supérieur ou même d'un autre
fleuve méditerranéen (comme le Vidourle).
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