Partie 2
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La gestion du risque inondation dans le Delta du Rhône
2. La gestion du risque inondation dans le Delta du
Rhône
2.1. Les mesures structurelles
2.1.1. Des digues en réaction à des crues
majeures.
Aujourd'hui, le Rhône est endigué sur sa
totalité entre Vallabrègues (30) et la mer, soit 220
kilomètres d'ouvrage. La nature marécageuse du Delta a longtemps
été un obstacle pour les hommes, mais la fertilité des
terres, suite au dépôt du limon par les crues du Rhône, ont
poussé la civilisation romaine à s'implanter dans les basses
plaines (Méjean, 2007). L'anthropisation de plus en plus importante de
la plaine et les besoins de rendements croissants vont pousser les
civilisations du Rhône à assainir les marais - au moyen de canaux
de drainage - et un réseau d'irrigation sera mis en place. La culture du
risque s'est donc faite au fil des siècles, longtemps les hommes ont du
s'adapter au fleuve : habitations sur des bourrelets alluviaux, terres
cultivées sur les anciens bras du Rhône surélevés...
Mais il a aussi cherché à maîtriser le fleuve, dès
l'époque romaine, en construisant des chaussées
(l'équivalent des digues). Au Moyen Age, un réseau discontinu de
digues a fait son apparition. Les remblais étaient construits par des
privés, notamment pour protéger leurs terres des crues, sans se
soucier de l'impact sur l'amont ou l'aval. L'endiguement tel qu'on le
connaît aujourd'hui s'est mis en place principalement au XIXe
siècle, suite aux nombreuses grandes crues en 1800 et 1856. Les
évènements marquants de 1840 et 1856, où les ruptures de
digues étaient nombreuses et parfois catastrophiques ont poussé
les acteurs de l'époque à travailler ensemble en intégrant
la notion de bassin versant dans les aménagements. Ce sont donc ces
évènements désastreux qui ont poussé l'Etat
à vouloir perfectionner les systèmes de défenses. A
présent le constat reste le même : c'est en réaction
aux crues de 2002 et 2003 que l'Etat a mis en place le Plan Rhône. En
effet le développement économique au fil des aménagements
du fleuve s'est produit pendant une période dépourvue de crues
majeures, conduisant à oublier que les terrains les mieux
protégés aujourd'hui contre les crues
« fréquentes » (jusqu'à la cinquantennale)
restaient inondables en cas d'évènements importants (Plan
Rhône, 2005). Ce projet à l'échelle du bassin versant
s'articule sur six thématiques, dont la prévention des
inondations. Dans ce volet, il est question de maintenir la conscience du
risque, voire la renforcer, de ne pas aggraver le risque
(particulièrement dans les zones de ruissellement), d'améliorer
la gestion de crise et de sécuriser les digues, notamment dans les zones
où les enjeux sont forts. On peut se demander si un tel projet est
compatible avec les pressions démographiques et les besoins
(imposés ?) de croissance des municipalités, dont certaines
ont un territoire presque intégralement inondable. La diminution des
enjeux dans les zones dites à risque pourrait permettre de limiter
l'impact des crues, mais cette solution semble difficilement envisageable au vu
des problèmes cités précédemment.
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