3.4.3. Critique des résultats et perspectives
Malgré le manque de précision de certaines
données, notamment le recensement des personnes fragiles, les
résultats sont corrects et peuvent servir de base pour une cartographie
d'aide à la décision. Concernant le nombre de blessés
estimé, il est possible que ce nombre soit supérieur à la
réalité, même si cela n'a pas été
vérifié. Mais les résultats qui restent faible, même
dans le cas de la Q1000 s'expliquent de plusieurs façons :
- Les crues du Rhône, bien qu'impressionnantes par leurs
hauteurs d'eau, sont des crues lentes, voire très lentes. Même en
cas de ruptures de digues (elles sont souvent anticipées en
période de crise grâce à la surveillance accrue des
ouvrages), la population a généralement le temps de se mettre
à l'abri.
- De nombreux bâtiments, y compris en zone urbaine et
péri-urbaine, sont des bâtiments anciens, très haut (plus
de neuf mètres dans les centres-villes et souvent à plusieurs
étages en plaine) et construits en grosses pierres. Ils sont donc
très solides et permettent aux résidents d'être à
l'abri. Cependant, de nombreux lotissements se construisent actuellement et il
n'est pas certain qu'ils présentent la même qualité de
résistance aux crues.
- Le manque de précision concernant le nombre
d'habitants par bâtiment influe très certainement sur le
résultat.
Malgré ces critiques, le modèle donne une bonne
estimation sur chaque scénario. Les zones les plus impactées sont
les centres urbains, ce qui est logique puisque l'outil s'appuie sur le nombre
d'habitants par secteur. Les modèles confirment donc la
vulnérabilité des zones peuplées vis-à-vis des
risques naturels. Cependant, il est possible de raisonner en pourcentage de
personnes touchées par secteur, ce qui peut mettre en évidence la
fragilité de certaines zones peu habitées (figure 47).
Figure 47 : Pourcentage de blessés
estimé pour une brèche au PK 266,80 (scénario
Q1000)
Pour conclure, le FRP est un bon outil d'aide dans à la
décision, car même s'il peut s'avérer imprécis en
fonction des données des départs, ou proposer des cartes plus
difficilement exploitables dans le cas des crues lentes, il spatialise et
hiérarchise les enjeux humains. De plus, cet outil pourrait servir, y
compris dans le cas du Rhône, à réaliser une analyse de
risque par anticipation. Par exemple, lors d'un projet d'urbanisme à
l'arrière d'une digue - en zone submersible du Rhône -
l'application de cet outil sur le projet immobilier (où les
données peuvent être extrêmement précises à
l'échelle du quartier) permettrait d'anticiper et donc de réduire
une éventuelle vulnérabilité du bâti (notamment en
termes d'étages refuges).
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