3.4. Résultats
3.4.1. Calage sur les évènements de 2003
Afin de vérifier la justesse de l'outil, nous avons
effectué dans un premier temps un calage sur les
évènements de 2003. Pendant cet évènement majeur,
les dégâts ont été très importants dans cette
zone, notamment au lieu-dit « Mas d'Argence » sur le
territoire communal de Fourques. La brèche de plus 200 mètres de
long qui s'est ouverte en ce lieu, à cause de la surverse et de facteurs
aggravants (CETMEF, 2004), a provoqué la coupure de l'autoroute A54
pendant deux semaines et la destruction d'une ancienne maison de garde-digue au
pied aval de la digue (photo 2). Cette illustration témoigne de la
puissance que peuvent atteindre les flots suite à une rupture dans les
ouvrages de protection. On peut imaginer quelles conséquences cela peut
avoir sur les enjeux humains d'une maison occupée.
Photo 2 : Maison
détruite au lieu-dit Mas d'Argence suite à une rupture de digue
en 2003. Source CETMEF, 2004.
Pour appliquer le FRP sur ce territoire, il a fallu dans un
premier temps interpréter les données hydrauliques mises à
disposition par le SYMADREM sous forme d'un semis de points. Pour garder de la
précision dans l'application de l'outil, nous avons décidé
de ne pas appliquer la moyenne des valeurs hydrauliques (hauteurs et vitesses)
par aire de recensement, mais de modéliser la cinétique de crue
par le calcul de régions selon le plus proche voisin (Natural
Neighbour Interpolation) afin de pouvoir appliquer ces données
directement sur chaque point représentant le bâti (figure 36).
Figure 36 : Les hauteurs d'eau de la crue de 2003
calculées par le SYMADREM (en mètres)
Les hauteurs ainsi estimées (et calées sur les
évènements de 2003 pour vérifier leur justesse par le
SYMADREM) peuvent s'avérer très dangereuses, puisque la plaine
est recouverte par plus de deux mètres d'eau. Les habitations sans
étage seront complètement inondées. Cependant, on retrouve
ces fortes profondeurs dans des zones peu habitées, ce qui permet de
relativiser le risque : l'aléa est fort mais les enjeux (humains et
matériels) sont limités.
La même méthode d'interpolation a
été appliquée pour calculer les vitesses du courant
(figure 37).
Figure 37 : Les vitesses du courant en 2003
calculées par le SYMADREM
La vitesse de l'eau est élevée au niveau de la
brèche (vague de submersion) puis décroît rapidement. Ce ne
sera pas le facteur qui mettra le plus en péril les personnes selon les
possibilités de déplacements de celles-ci en fonction de la
vitesse et des hauteurs de l'eau (annexe 8)
Concernant le temps d'arrivée de l'onde de crue (on
rappelle qu'elle est assimilée au temps de montée de l'eau) nous
avons utilisé les données brutes du SYMADREM, sous forme de
données cartographiques (figure 38).
Figure 38 : Le temps d'arrivée de l'onde
de crue en 2003 calculé par le SYMADREM
A part au droit de la brèche (zone peu peuplée),
le temps d'arrivée de l'onde de crue est relativement
élevé (plusieurs heures à plus d'un jour par endroit). Sur
la base de ces données et celles dont nous avons parlé dans le
chapitre 3.2, nous avons appliqué la méthodologie FRP
(figure 39 et 40 en page suivante). Afficher les résultats par
bâtiment ne représente pas d'intérêt dans le cas
présent. En effet la cinétique de crue associée à
la nature des bâtis donne des résultats très bas.
Cependant, à l'échelle du carroyage INSEE ou même à
l'échelle communale, les résultats sont plutôt
satisfaisants (tableau 9).
Tableau 9 :
Résultats du FRP par commune du secteur étudié
Commune
|
Population
|
NinjF
|
NFat
|
Beaucaire
|
15 274
|
1,32
|
0,04
|
Bellegarde
|
6202
|
12,61
|
0,48
|
Fourques
|
2880
|
0,95
|
0,03
|
Saint-Gilles
|
13 211
|
16,05
|
0,68
|
On voit bien que les communes de Bellegarde et de
Saint-Gilles, qui couplent de forts enjeux humains avec un aléa fort en
zone urbaine, sont les plus impactées. Les résultats à
l'échelle de la plaine sont plus que satisfaisants, puisque la
modélisation prévoit 1,23 mort. En 2003, un homme de 38 ans a
trouvé la mort à Bellegarde, par noyade suite à un malaise
dans son garage inondé (d'après Boissier, 2011). Il s'agit du
seul décès sur le secteur concerné. Cependant, il est
difficile de vérifier le nombre de blessés. L'outil correspond
plus à un moyen de mettre en avant des secteurs fragiles qu'à une
éventuelle réalité sur la zone d'application de l'outil
(dans le cas de la zone choisie).
Figure 39 : Nombre de blessés
estimé par le FRP sur la crue de 2003
Figure 40 : Nombre de morts estimé par le
FRP sur la crue de 2003
Ces résultats pour le calage sur l'évènement
de 2003 sont considérés comme corrects. La difficulté pour
vérifier le nombre de blessés ne permet pas d'affirmer ou
d'infirmer ce nombre, mais concernant le nombre de morts les résultats
sont convaincants. Ils peuvent servir de base pour appliquer le FRP sur un
évènement exceptionnel, afin d'anticiper d'éventuelles
zones de faiblesses.
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