2.3. Un outil d'aide à la décision : la
topographie à une échelle fine
2.3.1. Pallier le manque d'étude hydraulique
Ce travail a été effectué sur le
territoire de Tarascon. Cette commune dispose d'un faible nombre de
modélisations hydrauliques, notamment au format SIG, pour
différents scénarios de crues. Ce manque d'informations,
souligné par les acteurs lors du programme FIMFRAME, s'avère
d'autant plus important que les seules études qui ont été
menées concernent uniquement le Rhône. Pour les inondations de
plaines, les données sont encore plus rares. Les scénarios des
crues exceptionnelles du Rhône sont connues (10 500 m3/sec, 11
500 m3/sec, 12 500 m3/sec, 14 160 m3/sec),
mais ces ils ne prennent pas en compte d'éventuelles ruptures de digues
ou les inondations de plaine par débordement de canaux (ici le canal du
Vigueirat et le canal des Alpines). La différence entre la
réalité et ces modélisations peut s'avérer
stupéfiante (figure 25).
Figure 25: Comparaison entre une modélisation
et la réalité d'un même évènement -
à gauche la modélisation et à droite la
réalité (les hauteurs d'eau ne sont pas disponibles).
De plus, les modélisations hydrauliques disponibles sur
cette commune existent pour un scénario minimum de 10 500
m3/sec, alors que les premiers secteurs inondés (les
« Ségonnaux » et le camping Tartarin en bordure du
Rhône) sont vulnérables dès que le débit du
Rhône dépasse les 8300 m3/sec (annexe 5). Comment
anticiper et gérer une crue, même « modeste »,
dans ces secteurs vulnérables ?
L'utilisation de la topographie peut s'avérer utile
pour compenser ces manques, d'autant plus que nous savons que les anciennes
habitations des secteurs inondables, comme les Ségonnaux ou la plaine de
Boulbon, se trouve sur des « points hauts ». Les hauteurs
d'eau à l'endroit de ces habitations sont plus faibles que sur le reste
de la zone, mais les cartes IGN classiques (SCAN 25) ne rendent pas
forcément compte de ces micro-variations du sol (figure 26).
Figure 26: Les habitations agricoles dans les
« Ségonnaux » de Tarascon - hauteurs d'eau
pour un débit de 10 500 m3/sec.
Partant de cette observation, l'intérêt de
cartographier certaines zones, voire le territoire entier, à une
échelle fine peut ainsi révéler des variations du sol qui
peuvent s'avérer utile en temps de crise. Ce travail s'est tout d'abord
appuyé sur un entretien avec le capitaine J-F Biscay, du SDIS 13, pour
valider l'intérêt d'une telle cartographie. Si des données
hydrauliques précises en fonction de plusieurs scénarios (tout
les 500 m3/sec par exemple) apparaissent comme idéales pour
gérer le risque inondation, la cartographie du sol, sous réserve
de connaître la cinétique de crue, peut s'avérer comme un
bon outil d'aide à la décision. L'apport de ce travail se fera
sur trois points :
- Repérer les points hauts qui permettraient de stocker
du matériel ou faire stationner une équipe de secours.
Eventuellement les habitations qui resteraient au sec en cas
d'évènements mineurs. En cas d'évènements majeurs,
ces points pourraient poser un problème aux équipes de secours
qui circulent en bateaux.
- Mettre en valeur les points bas et les cuvettes, pour
éviter d'être surpris pendant les interventions sur le terrain.
- Dans le cas des inondations de plaine où les
données hydrauliques n'existent pas sous forme cartographique, ce type
de carte permet de compenser dans une moindre mesure le manque d'information
(même si on sait que les hauteurs d'eau dépassent rarement le
mètre, il existe des points bas qui peuvent surprendre, notamment les
équipes à pied).
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