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L'optimisation des PCS (plan communal de sauvegarde) et de la gestion du risque « inondation » au moyen d'outils SIG (système d'information géographique) dans le grand delta du Rhône.

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par Yann VISSEROT
Université Montpellier 3 Paul Valéry - Master gestion des catastrophes et des risques naturels 2011
  

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2.2.2. La commune de Tarascon : une démarche active dans la gestion des risques.

La commune de Tarascon est située au début du Grand Delta du Rhône, cette commune de 13 340 habitants (INSEE, 2008) est fortement concernée par les crues du Rhône et les inondations de plaines. C'est ici (et à Beaucaire, sa ville « jumelle ») que le débit du Rhône est le plus puissant : on se situe entre l'apport du dernier affluent (le Gardon) et avant la séparation du Rhône en deux bras. La problématique des plaines est loin d'être négligeable car la plaine agricole est traversée par le canal du Vigueirat. De plus, la commune est bordée par le massif de la Montagnette et le massif des Alpilles. Les problématiques de ruissellement sur versant sont donc présentes. Malgré quelques habitats dans les plaines, la majeure partie de la population est concentrée dans le centre ville. Il existe également deux zones d'enjeux économiques importants : une usine de cellulose (SEVESO seuil bas) et la zone d'activités du Roubian, qui est une zone commerciale et industrielle en expansion vulnérable aux inondations de plaine. Les enjeux en temps de crue sont principalement les bâtiments qui sont situés entre le Rhône et les digues, dont un camping et l'usine citée précédemment. Le centre ville est protégé par la digue de la Montagnette au Nord, qui n'a plus jamais connu de brèches depuis le XIXe siècle. Le remblai RFF fait office de digue pour la plaine du Trébon.

Les enjeux sont principalement économiques pour cette commune. Les crues du Rhône sont « lentes », et la population a développé une bonne culture du risque. Cependant, les puissantes crues répétitives entre 1993 et 2003 ont soulevé beaucoup de questions, notamment en termes d'anticipation des évènements et de communications entre les acteurs locaux et nationaux. De plus, les travaux du SYMADREM (remplacement du remblai RFF par une digue résistante à la surverse) vont faire de la partie Sud une ZEC.

C'est dans ce contexte, où l'expérience importante des acteurs et élus vis-à-vis de la gestion du risque inondation sont au centre que le PCS s'est mis en place. La démarche de la commune est intéressante. Elle n'a pas voulu faire une simple compilation de documents existants, mais s'est impliquée davantage dans la mise en place du PCS. En effet, afin de pouvoir optimiser la gestion du risque, plus précisément la gestion des crises, la commune se sert de ce cadre législatif comme d'un « tremplin » pour se procurer des financements relatifs à la gestion du risque. La collectivité souhaite pallier à l'ensemble des problèmes rencontrés lors des crises précédentes, ce qui demande un investissement conséquent. Actuellement, différentes solutions ont été mises en place. Concernant le manque d'anticipation (SPC estimé insuffisant par les gestionnaires de la commune), la commune s'est équipée du serveur Rhône SIHTB qui prédit les débits et hauteurs du Rhône - mais aussi des affluents qui influent sur le débit du Rhône à Tarascon (la Durance, le Gardon,...) - entre quatre et huit heures à l'avance. Le temps pour organiser la crise est donc considérable, sous réserve que chaque acteur du PCS connaisse son rôle. Ce serveur permet également de faire un historique de la crue (figure 23).

Figure 23: Historique de la crue de 2003 sur l'interface du serveur SIHTB - en rouge : le Rhône à Beaucaire ; en bleu : le Rhône à Viviers ; en blanc : le Rhône à Valence ; en vert : la Durance à Bompas ; en jaune : le Gardon à Remoulins ; en gris : le Petit Rhône à Fourques

Les seuils d'alerte donnés par la vigilance Météo France a été adapté aux problématiques de la commune, qui peut mieux gérer les alertes en fonction des débits du Rhône estimé par le serveur (annexe 5)

La commune a également sécurisé les réseaux électriques et de communications de la cellule de crise, afin de pouvoir se servir des outils (principalement informatiques) en cas de coupures, comme cela s'est produit par le passé. Les autres moyens sont : un SIG communal, un serveur d'appel automatisé, un système de Radio Numérique de Géolocalisation et une plateforme d'hypervision en temps réel (nous y reviendrons plus tard).

Sa participation au projet FIMFRAME10(*) (à paraître, 2011) a montré l'implication de la commune et l'envie de continuer à améliorer la gestion de crise. Ce projet de recherche s'inscrit dans le programme européen ERA-NET "Flood resilient communities - managing the consequences of flooding"11(*). Trois pays participent à ce projet : France, Pays-Bas et Angleterre, l'objectif principal est d'établir un guide d'évaluation et d'amélioration des plans de secours inondations à destination des gestionnaires du risque. L'évaluation du PCS s'est faite au travers des documents que la mairie met à disposition sur le site de la commune, à savoir le PCS, le plan d'hébergement et l'annuaire de crise. Suite aux ateliers organisés avec la commune, deux metrics (indicateurs) ont été définis comme des points faibles : la cartographie de l'aléa inondation, et le système d'alerte (principalement le recensement des personnes vulnérables en zones inondables) (annexe 6). L'aspect cartographique destiné à la population et les moyens cartographiques d'organisation qui ont été définis comme insuffisant par l'évaluation selon la méthodologie FIMFRAME sont en fait présents dans la plateforme d'hypervision en temps réel. Actuellement, seuls les membres de la cellule de crises ont un accès, mais il est envisageable qu'une version « grand public » soit disponible un jour.

Cette plateforme, qui est encore un projet expérimental, s'inscrit dans le programme européen de l'ENoLL12(*) et s'intitule « Live With Risk ». Ce programme permet à la commune de mutualiser ses connaissances, de continuer à développer cet outil et d'obtenir des financements. Le caractère expérimental de cet outil ne nous permet pas de développer l'ensemble de la mise en oeuvre. Nous nous attarderons principalement sur la démarche, qui se veut innovante, et qui est un moyen d'optimiser la gestion de crise. Cet outil a pour missions principales de rassembler l'ensemble des données qui concerne les risques naturels disponibles (SIG, images satellites, cadastre, centres d'hébergements,...) et d'intégrer des données en temps réel (main courante, photos, actions engagées, secteurs bloqués par les eaux,...). L'objectif est de pouvoir visionner l'ensemble des informations le plus simplement possible, sans dénaturer les renseignements. Cet outil d'aide à la décision se base principalement sur les Nouvelles Technologies Informations et de Communications (NTIC), mais il cherche aussi à faciliter l'interaction homme/outil. Le besoin d'énergie électrique et de réseaux de communications est donc indispensable (l'interface de la plateforme est une page Web). La commune a donc dû investir dans du matériel permettant de sécuriser la cellule de crise : groupe électrogène, communications téléphoniques et ADSL par satellite,... Outre l'aspect technologique qui rend l'outil attractif, son but est avant tout d'améliorer la communication en temps de crise : entre les acteurs locaux, mais aussi lors de la passation de responsabilité entre le DOS Maire et le DOS Préfet (figure 24).

Figure 24: Optimiser la transversalité en temps de crise. (D'après Montagnier, 2011)

Pour augmenter cette transversalité, dans un premier temps entre les acteurs locaux, l'outil s'est construit autour des services communaux et des services pompiers du SDIS, qui sont responsables des opérations de secours. Pour renforcer ces liens, qui sont nécessaires, la cellule de crise a été installée dans le centre de secours. Cet effort de transversalité s'étend également aux personnes concernées par le risque : gestionnaires d'ouvrages hydrauliques, industries en bordure du Rhône, ERP,... L'outil a également été conçu pour que les acteurs, locaux ou de l'échelon supérieur en cas de déclenchement du plan ORSEC, puissent suivre et partager les évènements en temps réel, et dans le cas des DOS, prendre des décisions à distance. Le souhait de la commune est de pouvoir étendre l'influence de ce projet à une échelle plus conséquente, comme la communauté de communes, mais aussi de renforcer les liens avec la préfecture en temps de crise pour optimiser la prise de décision. Cette démarche bottom-up fait preuve d'une implication forte des acteurs actuels. Cependant, il faut réussir à pérenniser ces efforts, notamment en cas de changements d'élus et de gestionnaires du risque. C'est pour cela que la démarche s'inscrit dans le programme des Living Lab. De plus, la transversalité et la gestion des risques à une échelle intercommunale doit passer outre les clivages politiques et nécessite de mettre la sauvegarde des populations au premier plan.

* 10. www.fimframe.net

* 11. www.crue-eranet.net

* 12. http://www.openlivinglabs.eu/sites/enoll.org/files/LiveWithRisk.pdf

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci