L'insécurité des travailleurs humanitaires dans les zones de conflits armés( Télécharger le fichier original )par Nabi Youla DOUMBIA Institut des relation internationales et stratégiques - Master les métiers de l'humanitaire 2009 |
2. La faiblesse des mesures sécuritairesBannie du vocabulaire humanitaire parce qu'à connotation militaire, la prise en compte des impératifs sécuritaires a longtemps été exclue des programmes. Dans le récit d'Anne Valley sur l'histoire des french doctors, nombre d'humanitaires doivent leurs survies à la baraka34(*). Que ce soit au Biafra ou sur les hauteurs des montagnes afghanes, les programmes sont menés aux risques et aux périls des travailleurs qui, au demeurant, sont conscients des dangers courus. Le leitmotiv n'était-il pas d'aller là ou les autres ne vont pas ? Il faudra entendre les années 90 pour que la conscience sécuritaire devienne une préoccupation des humanitaires. Les études menées à cette période concluent toutes à la faiblesse voire à l'inexistence de politiques sécuritaires. Dans la foulée, plusieurs instruments sont créés pour combler le vide avec des résultats mitigés. Les Nations Unies donneront le ton par la création d'une direction spécialisée en charge de la sécurité, puis ce sera le tour du C.I.C.R. et des O.N.G. de se doter de référents et de guides sécurités. Des réponses coordonnées sont initiées c'est le cas de UNSECOORD (1988) et du S.A.G.(1993)35(*). Deux principaux instruments en matière de sécurité méritent une brève description : ce sont la création en 1996 de Reliefweb et la publication de Good practice review, operational security management in violent environments36(*). Crée par l'O.C.H.A., reliefweb vise au partage des informations dont celles relatives à la sécurité entre organismes onusiens, États et O.N.G. C'est aussi une base de donnée qui recense tous les incidents majeurs dont sont victimes les humanitaires (l'étude de Stoddard repose en partie sur cette base de donnée). Le passage de la place de première à la deuxième place des victimes humanitaires, rend les agences onusiennes dépositaires d'un savoir qu'elles veulent partager avec le reste de la corporation. La parution en 2000 du livre de Van Bradant communément appelé dans le monde humanitaire «la bible» par les référents sécurité des O.N.G. marque un tournant important. Livre complet sur la question, il fournit aux humanitaires en des termes relativement simples, des outils adaptés. Cependant, l'analyse de ces différents instruments et biens d'autres passés sous silence, quoiqu'encourageants, conduit au constat qu'ils n'ont pas encore produit les résultats escomptés. Il semble que dans la pratique, leurs mises en oeuvre posent des problèmes aux O.N.G., qui ont du mal à intégrer dans leur schème de fonctionnement l'aspect sécuritaire. * 34 Anne Valley dans un récit saisissant retrace l'histoire des french doctors en minimisant au passage le rôle joué par Bernard kouchner. * 35 UNSECOORD structure de coordination de la sécurité des Nations Unies à l'origine du minimum operating security standard (DMOSS) communes à toutes les agences onusiennes ; le SAG ( Security Advisory Group) est créé par CARE , Save the Children , IRC et World Vision. * 36 Koenraad Van Brabant, good practice review, operational security management in violent environments,Overseas,Londre,2000 |
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